Du triple au supercompact
Sale temps pour le triple plateau… L’avènement du compact et des cassettes surdimensionnées a sonné le glas de ce type de transmission, sans compter que sur le marché, arrivent aussi le monoplateau et le super-compact.
Avec trois plateaux et une cassette surdimensionnée, le cycliste se sent paré pour passer toutes les montées et cols ! Pourtant les fabricants n’ont pas ou plus de groupe 11 vitesses en triple plateau au sein de leur gamme. Seul Shimano propose une transmission triple sur ses groupes Tiagra (10 vit.) et Sora (9 vit.). Comment expliquer alors ce désamour des marques ? La première raison est que le nombre de pignons sur la cassette ne simplifie pas forcément la gestion de trois plateaux. La deuxième est que les cadres actuels n’ont parfois pas la place pour le montage du dérailleur et du troisième plateau au niveau du tube de selle et de la base droite. Ajoutons qu’avec le triple, il faut gérer de gros écarts de longueur de chaîne et composer ensuite avec la taille maximale de pignons, limitée à 32 ( hors bricolage). Enfin, le triple a été abandonné à cause de l’avènement du pédalier compact plus facile à emmener dans les relances et les côtes par le cycliste, même s’il ne semble pas couvrir tous les besoins. Pourtant avec trois plateaux et une cassette 10 vitesses, on se dit que la gamme des développements disponibles est supérieure à celle du compact. Et ce d’autant qu’on dispose d’un petit plateau de 30 dents éventuellement associé à une cassette de 32 dents, soit moins d’un tour de roue…
JONGLER AVEC LES VITESSES
Il faut comprendre qu’on ne dispose pas vraiment de 30 rapports, et croiser la chaîne est impossible. Avec le grand plateau, on pourra utiliser facilement les 6 premiers rapports de la cassette. Avec le plateau médian, on utilisera tranquillement les 6 pignons situés au milieu de la cassette. En revanche, avec le petit plateau, en raison de la longueur de chaîne et du croisement, il ne sera pas envisageable d’utiliser plus de 4 pignons, c’est-à-dire les dernières couronnes de la cassette. Parmi cette gamme de braquets mécaniquement disponibles, il faut jongler avec les développements si on veut limiter les grands écarts entre deux rapports. Car même s’il y a 10 vitesses, on saute parfois de 3 en 3 ou de 4 en 4 dents… Au paroxysme de l’effort, pas facile de naviguer dans la gamme de développements pour conserver une linéarité. Par exemple, commencer une montée sur le grand plateau puis passer sur le médian, et revenir sur le grand pour limiter les à- coups. Toute cette gymnastique réclame une belle clarté d’esprit, y compris dans l’effort… Avec un double ou un compact, quand on roule à bloc, on prend vite l’habitude de pousser le levier droit pour faire monter la chaîne sur les plus grands pignons. Si on a la condition physique, avec un plateau de 50 et un pignon de 32 dents, au mépris des règles de croisement, on se retrouve avec l’équivalent d’un 39/25 pour gravir les côtes. Souvenez-vous qu’avec de bonnes jambes, il y a quelques années, les cyclistes grimpaient l’Alpe- d’Huez avec ce braquet !
LE MONOPLATEAU, LA SOLUTION ?
En compétition ou en cyclosport « sportif », avec le mid- compact 52- 36, on se prend à pédaler sur le grand plateau dès qu’on monte vite et qu’on en est physiquement capable, bien entendu. Quand l’énergie vient à manquer, on continue de pousser sur le levier, avant de passer sur le petit plateau, faute de couronne supplémentaire à l’arrière. On remarque d’ailleurs qu’avec un pédalier compact en plaine, on mouline sur le 50 avec la chaîne croisée… Alors le monoplateau ne seraitil pas la solution ? Sram avec ses groupes Force 1X, Rival 1X et Apex 1X exploite ce filon. Et cette année, même les pros s’y mettent, puisque l’équipe continentale Aqua Blue Sport roule
en monoplateau. On trouve des plateaux de 54 dents associés à des cassettes 11-36. À noter que 3T propose une cassette 9-32 afin de couvrir tous les besoins d’un coureur pro avec un 48 dents. Pour un cyclosportif, un plateau de 46 dents ou un 44 seront adaptés, même si de petits engrenages ne sont pas aussi efficaces énergétiquement parlant en ce qui concerne le rendement. Avec le monoplateau, on reste sur des plateaux en denture paire, car le système dispose d’une dent usinée sur deux afin d’éviter les sauts de chaîne. On remarque que l’offre de plateau va du 42 au 54 et, surtout, on a une cassette de 11- 42. Enfin, pour ceux qui veulent deux plateaux, signalons l’arrivée du super-compact qui propose avec des 48-32 ou 46-30 des développements intéressants et très proches de ce qu’on a avec un triple… Ces produits sont disponibles hors groupe, puisque c’est FSA qui vend ce matériel à divers niveaux de gamme. Une alternative intéressante si vous avez besoin d’une gamme étendue, courte et bien étagée.