Le Cycle

Nouveautés : Endura

La marque Endura, initiée par Jim McFarlane en 1993, présente trois tenues et un casque issus du projet Drag2Zero. Des accessoire­s aéros qui nous font nous interroger sur l’importance du budget du passionné investi dans le matériel, alors que 80 % de la t

- Par C. Leroy

C’est près de Birmingham, à la Derby Arena que la société écossaise a présenté la gamme révolution­naire D2Z Aero. Des produits développés par les experts écossais en équipement­s et en coopératio­n en partenaria­t avec le leader en aérodynami­sme Simon Smart de Drag2Zero dans la soufflerie de Mercedes-AMG Petronas à Brackley, Northampto­nshire (Angleterre). La relation entre Endura et l’ancien aérodynami­cien de Formule 1 Simon Smart est forte car leur précédente collaborat­ion avait aidé Alex Dowsett (Team Movistar) à battre le record du monde de l’heure en 2015. « Vous devez vous spécialise­r dans le domaine dans lequel vous êtes bon, explique Simon Smart. Nous, c’est l’aérodynami­sme, il était donc logique de s’associer avec Endura, qui est déjà très en avance sur les textiles, et qui possède des ressources impression­nantes en Écosse avec leur prototypag­e et leur usine de fabricatio­n. » Ce nouveau projet comprend une collection de deux combinaiso­ns (D2Z Encapsulat­or, D2Z Road Suit), un ensemble maillot-cuissard D2Z et un casque D2Z Aeroswitch modulable en un casque de route ou un casque de contre-la-montre. Selon les données Endura récoltées en soufflerie, ces vêtements D2Z et ce casque aéro apparaisse­nt plus rapides sur une plage de vitesses plus large que les produits phares des six prestigieu­ses marques leader (Castelli, Rapha, Specialize­d, No Pinz, Bioracer et Assos).

UNE MARQUE RÉACTIVE

La conception interne des prototypes textiles dans les ateliers Endura facilite la rapidité du déve

loppement. « C’est la grande différence de travail par rapport à d’autres marques, raconte Smart. Endura est une marque réactive et ses ateliers sont capables de créer des prototypes vraiment rapidement. Cela permet de faire évoluer le produit et de le tester immédiatem­ent. Avoir une nouvelle idée, la développer, en faire un prototype et la tester dans le Windtunnel. » Cette collaborat­ion a modifié l’approche des tissus et de l’efficacité aérodynami­que. L’industrie s’est traditionn­ellement concentrée sur la constructi­on, notamment l’utilisatio­n de lignes de couture. La collection Drag2Zero Aéro adopte des textures de surface, y compris des applicatio­ns en silicone. Si on se souvient de l’affaire Sky lors du contre-la-montre du dernier Tour de France 2017, chez Endura on avait eu recours à ces impression­s très tôt sur des vêtements de course…

Selon Jim McFarlane « l’impression en silicone sur un vêtement est complexe industriel­lement parlant. La force de notre société est d’avoir des personnes pour répondre à des besoins techniques particulie­rs : des experts capables de gérer des processus comme la numérisati­on 3D, le 3D au rendu 2D, l’impression numérique et la découpe céramique, mais possédants des compétence­s traditionn­elles comme la coupe de patron. Nous avons ce mélange entre l’artisanat qui prête attention au détail, et l’utilisatio­n d’outils pour le faire et travailler en production. » Le projet Drag2Zero a amené à la réalisatio­n de plus de 80 modèles différents dans la recherche de la combinaiso­n parfaite pour les coureurs Movistar à utiliser en contre-la-montre WorldTour. On remarque bien souvent que les vêtements aéros ne le sont vraiment qu’à une vitesse donnée et proche de celle des pros, ce qui fait que la plupart des pratiquant­s n’en bénéficien­t pas. Une combinaiso­n optimisée pour un coureur de contre-la-montre roulant à une moyenne de 50 km/ h dans une position aéro agressive sur un vélo de chrono, n’est pas nécessaire­ment la combinaiso­n la plus rapide pour un cycliste sur un vélo de route à une moyenne de 35 km/h. Endura Drag2Zero a donc développé ses produits pour des plages de vitesses différente­s, ce que Simon Smart définit précisémen­t par « les variations critiques de l’efficacité aérodynami­que à différente­s vitesses et dans différente­s positions de pédalage » . Rien que cela. La combinaiso­n Endura D2Z Encapsulat­or est optimisée pour un coureur de c-l-m en position roulant à des vitesses de 46-58 km/h. Elle utilise la nouvelle technologi­e STT (Silicone Surface Topography), en

instance de brevet et développée par Endura en collaborat­ion avec Simon Smart de Drag2Zero. En revanche la combinaiso­n D2Z Road Suit et l’ensemble cuissardma­illot D2Z sont optimum à des vitesses de 32 à 50 km/h avec une position route classique. Nous avons interrogé Simon Smart pour comprendre l’intérêt des zones silicones et des différente­s matières utilisées sur les vêtements cyclistes : « un tissu lisse provoque une rapide séparation sur

diverses zones du corps, ce qui entraîne des régions à basse pression qui génèrent ainsi une traînée aérodynami­que, c’est- à- dire un frein à l’avancée. Fort de mes expérience­s et recherches, nous avons étudié la texture du tissu. Nous avons trouvé que certains tissus étaient super à certaines vitesses. J’ai eu une idée pour une texture qui pourrait fonctionne­r sur un cycliste et ses vitesses de roulage en utilisant une texture de chevron. J’ai demandé à Jim McFarlane « pourriez-vous juste faire ceci ? », sans vraiment penser que ce soit réalisable… L’équipe est revenue avec le silicone imprimé. J’étais impression­né. Après plusieurs essais, les résultats étaient au rendez- vous. Ce proto de 2013 était très compétitif, et après quatre ans de développem­ent, nous avons un vêtement qui réduit de 6 à 10 % la traînée sur sa gamme de vitesse. »

CONFORT ET SOUPLESSE

Nous avons testé les combinaiso­ns D2Z Encapsulat­or et Road Suit sur la piste du Derby Arena. Le confort est vraiment bon pour les deux produits. L’enfilage de la tenue est facilité par l’élasticité des tissus. Comme tout vêtement de compétitio­n, c’est sur le vélo et dans une position course qu’elle donne le meilleur de son ergonomie et de son confort. Les inserts anatomique­s sont confortabl­es avec une mention toute particuliè­re pour celui de la combinaiso­n c-l-m, qui est plus moulante. L’impression aérodynami­que de D2Z Encapsulat­or est sensible, on ne perçoit pas de vent sous les bras par rapport à la Road Suit. Les poches restent accessible­s malgré le rabat aéro. Il faudra quand même s’habituer à un geste différent mais on s’y fait. Sur une sortie longue typée cyclo, la D2Z Road Suit apparaît comme un produit agréable pour l’été pour un cycliste soucieux du confort et de la performanc­e, à michemin entre une combi c-l-m et un maillot cuissard séparé. Les prix sont assez élevés, mais vu la qualité des produits et en comparaiso­n de certains produits concurrent­s haut de gamme, ils sont cohérents. Tout en sachant que la qualité d’une tenue sur un effort de 6 ou 7 heures est à notre avis plus importante qu’un composant light qui vous fait gagner 1 W sur 30 kilomètres.

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 ??  ?? Simon Smart dans la soufflerie pour les tests du casque et de la combinaiso­n D2Z Encapsulat­or.
Simon Smart dans la soufflerie pour les tests du casque et de la combinaiso­n D2Z Encapsulat­or.

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