BOURGOGNE – FRANCHE-COMTÉ
Syvain Coulon
Depuis son plus jeune âge, Sylvain Coulon souffre du syndrome de Marfan, une maladie génétique rare, qui le touche au niveau de la vision et du système cardiovasculaire. Il lui faudra vivre avec mais aussi avec toutes les circonstances que cela engendre. La première intervention oculaire, il la subira vers l’âge de 6 ans et huit s’en suivront. Ce véritable calvaire ne s’arrêtera cependant pas là, puisque à l’âge de 18 ans, au moment où l’on se doit de vivre l’insouciance, le sort en décide autrement pour Sylvain, condamné à rester toute une année allongé sur un lit. Alors comme pour mettre entre parenthèses ce dur combat et l’aider à vivre d’une manière plus sereine, étant attiré par le cyclisme, l’idée lui vient de collectionner les maillots de cette discipline sportive. « Très jeune, je portais déjà un engouement particulier aux champions de l’époque, je regardais les retransmissions des Grands Tours et des épreuves de Coupe du monde, comme Paris-roubaix, le Tour des Flandres, Paris-tours. Cela me permettrait d’oublier un peu ce que mon corps subissait! À un moment, il existait un fan-club des cyclistes français qui s’appelait le Peloton, sensibilisé par la présentation d’un certain Emmanuel Hubert alors professionnel au sein de l’équipe GAN. Je lui ai écrit et en réponse, contre toute attente, j’ai reçu l’un de ses maillots. » Ce fut pour Sylvain un superbe cadeau, mais également le point de départ d’une collection qui depuis n’a cessé de s’accroître. « En moyenne, j’en rentre
5/6 par mois, seulement 10 % proviennent directement des coureurs, le reste est acheté sur Internet, sans toutefois commettre de folies financières. »
Au travers de cette richesse, règnent bien entendu les tuniques distinctives des leaders des Grands Tours, mais on peut également admirer celles de Jacques Anquetil de 1952, de Tom Simpson, Laurent Fignon, Pedro Delgado, la dernière en date étant celle du champion de Suisse 2019 Sébastien Reichenbach. Certes, une place est réservée à des bidons, figurines, musettes ou photos dédicacées, mais pour Sylvain Coulon, le maillot demeure l’élément l’essentiel: « Je n’en garde qu’un seul par coureur, ils sont tous répertoriés. La plupart des maillots ont été portés par les coureurs, ils symbolisent pour moi le contrat lié avec le sponsor mais également la sueur dépensée sur la route par l’athlète par amour de son sport. » Lorsqu’on pose la question à Sylvain de savoir jusqu’où ira la compilation, la réponse est immédiate : « Arrêter est totalement inconcevable pour moi, je continuerai jusqu’à la fin de ma vie, cette collection s’est transformée au fil des années en une véritable valeur sentimentale. » Cela semblerait difficile de dénoter un coup de coeur parmi cette emblématique panoplie, mais là encore sans détour, le Bourguignon rétorque « Même si j’ai toujours été un inconditionnel de Miguel Indurain, je reviendrai sur celui de Manu Hubert aujourd’hui responsable de l’équipe Arkéa avec lequel je garde des liens très forts. Il est venu plusieurs fois ici, celui-là restera à jamais un symbole ». Le constat prouve que l’homme aux 1850 maillots répertoriés à ce jour attache avant tout beaucoup d’importance au côté sentimental. Cette collection, Sylvain Coulon l’a installée dans sa maison.
« Je n’ouvrirai jamais un musée et je ne cherche pas systématiquement que l’on parle de moi pour me valoriser », ajoute-til d’une voix calme, posée et remplie de modestie. C’est avant tout une histoire reflétant plus de 50 ans de cyclisme qui se dégage de tout cela, il peut tout de même en être fier!