PROVENCE–ALPES-CÔTE D’AZUR
Jean-pierre Demenois
Au départ, c’était une idée, comme un pari qu’il se lançait: « Lorsque je serai à la retraite, je tenterai de battre le record de l’heure. » L’idée lui était venue lors d’un stage d’entraînement, alors qu’il était invité au Mexique. Jean-pierre Demenois avait le record en tête, ce qui était assez logique puisqu’il avait la charge, justement, d’organiser les différentes tentatives de record pour la FFC, dont il était le conseiller technique régional (CTR) pour la région Île-de-france et Martinique. Ses connaissances dans la préparation de ce genre de tentatives et dans la gestion de l’entraînement lui avaient même permis de conseiller Jeannie Longo. La première fois où il s’est mis au départ, sur la piste de Mexico, ce fut en 2008, il avait alors 62 ans et il parcourut 43,085 km dans l’heure. Hélas, cette jolie performance ne fut pas homologuée à cause de l’absence de commissaire. Mais Jean-pierre pouvait être fier de sa prestation, il avait le record dans les jambes et… en tête. Trois ans plus tard, le 22 janvier 2011, le revoilà au départ sur la piste de Mexico pour tenter de battre le record dans la catégorie des 65 ans. Ce jour-là, il dépasse la performance du Britannique Hodgins (42,045 km/h), qui tenait depuis 1999, en réalisant 42,614 km dans l’heure. Record en poche. Il durera deux ans. Et pourtant ce sportif est venu assez tard au cyclisme, même si son père fut un coureur durant les années de la Seconde Guerre mondiale. « J’avais préféré pratiquer les disciplines du sprint, en athlétisme, j’avais même été présélectionné olympique en 1964. Ma famille m’a inspiré, je suis venu tard mais tout naturellement au vélo, à 33 ans, à l’âge où certains arrêtent d’en faire. » Sa passion pour le vélo avait poussé ce professeur d’éducation physique et de sport à créer le club cycliste de Veneux-les-sablons en Seineet-marne, en 1975. Le virus du record ne l’a toujours pas quitté, et en toute logique, ce fan d’anquetil, dont la légende s’est écrite également sur le Vigorelli, a décidé de battre le record de l’heure dans la catégorie des 75 ans, le mois prochain. La tentative aura lieu le 11 février, en Suisse, sur le vélodrome Tissot à Granges. « J’aurais aimé aller à Mexico, regrette Jean-pierre, pour bénéficier des avantages de l’altitude, mais la pandémie actuelle contrarie mes plans ». Actuellement, ce record est détenu par l’américain Jim Turner qui a parcouru 38,494 km dans l’heure, le 29 juillet 2014, sur le vélodrome mexicain d’aguascalientes. Mais cela ne semble pas effrayer son ami Guy Moron, membre du conseil d’administration du club cycliste de l’ubaye (CCU) qui l’assistera en Suisse: « J’ai vu Jean-pierre s’entraîner sur la piste, il roule à 41 km, le record est établi aux alentours de 38 km/h, je suis assez confiant. » L’histoire est belle à raconter: c’est au cours d’une rencontre pour l’aider dans sa recherche de licence que Guy et Jean-pierre sont devenus amis, et tout naturellement le recordman a pris sa licence au club cycliste de l’ubaye, présidé par Olivier Vaginay, où tous les nombreux bénévoles le soutiennent. « Cette année, précise Guy, nous avons eu 17 licenciés en plus durant l’été et j’espère que nous atteindrons très vite les 25 supplémentaires ». Connu, entre autres, pour l’organisation de la cyclo des Trois Cols (Allos, Champs, Cayolle), le CCU, fort d’une centaine de membres, est en plein essor. Ils seront tous derrière Jean-pierre. Depuis, ce Parisien né le 25 avril 1946 s’est installé dans le Var, à Draguignan, où il vit et s’entraîne régulièrement. De temps en temps (après le confinement), il s’est rendu sur le vélodrome Louison-bobet, à Cannes, pour affiner sa préparation. Il est prêt!