Les bonnes pratiques
TRAUMA ET BOXE ANGLAISE : LE POIDS DE LA TRADITION PUGILISTIQUE
Sport de contact par excellence, la boxe s’est de longue date préoccupée du traitement de la commotion cérébrale et des techniques de sa détection. Le docteur Amine Benounnane, membre de la commission médicale de la Fédération française de boxe, expose la politique fédérale en la matière et ses limites: « Notre rôle est de sensibiliser, informer et former. Le problème intéresse les boxeurs professionnels, les éducateurs, les entraîneurs, les arbitres et les médecins spécialisés. Les amateurs et les boxeurs loisir sont également concernés. Il faut lutter contre un phénomène culturel privilégiant le KO ou les coups portés à la tête de l’adversaire. » Un protocole commotion mis en place prévoit de respecter un repos réglementaire d’un mois s’il y a eu une perte de connaissance inférieure à une minute et de
90 jours si cette perte de connaissance est supérieure à la minute. « Le plus important est qu’il soit connu et respecté par les boxeurs. De nombreuses commotions cérébrales ont lieu durant les entraînements et échappent à tout contrôle. Seule la sensibilisation des boxeurs et des entraîneurs en réduira le nombre ou la gravité », commente le docteur Benounnane. Sur le ring, c’est l’arbitre qui peut arrêter le combat à tout moment selon l’évolution de l’état de l’un des combattants. « En matière de prévention, constate le médecin, tant que régnera le culte du classement favorisant des prises de risques inconsidérés, un travail de fond sera à mener », conclut le docteur Benounnane.
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France Boxe, janvier 2018. Article du docteur Amine Benounnane intitulé Commotions cérébrales : vigilance absolue !
À l’initiative du ministère des Sports, un portail interfédéral regroupant 4 fédérations (boxe, kick-boxing, muaythaï et savate boxe française) a été créé. Son objectif: harmoniser les protocoles commotions et éviter aux boxeurs mis au repos à la suite d’une commotion de combattre dans une autre fédération.
RUGBY : GÉNÉRATION ZÉRO COMMOTION ?
Selon une étude de la Fédération française de rugby, ont été détectées 2,41 commotions cérébrales pour 1 000 heures de jeu chez les joueurs amateurs contre 13 commotions pour 1000 heures de jeu chez les professionnels. La survenue de décès de joueurs attribuée à la suite d’une commotion a alarmé les parents et les clubs. Ces données appartiennent au passé car les acteurs de l’ovalie (Fédération, Ligue et World Rugby) ont entrepris depuis plus d’une dizaine d’années un travail de prévention méritant considération.
Le docteur Olivier Capel est l’un des artisans de ces avancées qui placent la santé du joueur au-dessus du jeu lui-même. Entretien…
Quel bilan tirez-vous de ces années de travail consacrées au suivi de la commotion cérébrale?
Il fallait faire de la prévention à partir de formations annuelles d’éducateurs dont nous avons éveillé la sensibilité à partir de signes évocateurs. Le diagnostic d’une commotion n’est pas toujours facile à établir. Le trouble du comportement, l’apparition de vertiges chez le joueur sont des signes de commotion mais pas les seuls. En matière de prévention chez les joueurs amateurs, depuis trois ans, nous utilisons un carton bleu qui permet à l’arbitre de faire sortir du terrain un joueur commotionné. Un protocole suit selon la gravité de l’état du joueur et son âge. S’il a moins de 18 ans, il devra s’astreindre à 10 jours d’arrêt cognitif et sportif, 3 semaines au-delà de cet âge. Une récupération douce accompagnera son entraînement sportif. Au bout de la troisième commotion, sa licence sera bloquée.
Pensez-vous qu’une réglementation unique et omnisports sur cette matière verra le jour?
La question interpelle l’échelon olympique qui ne reste pas inactif en organisant des échanges entre fédérations. Le rugby est en avance sur la question, mais d’autres sports pourraient en bénéficier à terme.
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Enquête concernant les commotions cérébrales suspectées dans le secteur fédéral. Saison 2017-2018.
Les critères cliniques du carton bleu.
Information initiale et consignes de surveillance lors des 48 heures suivant une suspicion de commotion cérébrale.