CÉLINE CHAMPONNET,
créatrice de la marque Wilma, une gamme de textiles dédiée aux femmes.
Le Cycle : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la création d’une marque de vêtements dédiée aux femmes ?
Céline Champonnet : À partir d’un simple constat. Les femmes, pour s’habiller, n’ont que très peu de choix. Certes, les grandes marques proposent des collections pour les femmes, mais il n’est jamais possible de les essayer en magasin. Et qui plus est, que ce soit au niveau du taillant que des couleurs, cela est rarement en phase avec la demande. Et pour terminer, la communication des fabricants est toujours axée sur la performance pure. Or, j’ai noté que parmi les pratiquantes que je connais, la recherche est ailleurs. Plus dans le partage, l’entraide, l’échange que la compétition.
LC : Comment avez-vous procédé pour lancer votre première collection ?
CC : Je me suis d’abord attachée à réunir un maximum d’informations sur le souhait des pratiquantes à travers les communautés cyclistes féminines, qui d’ailleurs se développent beaucoup. Quels sont leurs souhaits, leurs attentes, aussi bien sur le côté esthétique que technique ? Et de mon côté, l’idée est aussi de démarrer petitement, de ne pas surproduire. On a donc lancé une campagne de précommande à partir d’articles (cuissard, maillot, chaussettes…) avec peu de coloris mais qui répondent parfaitement à l’attente. Par exemple, sur les cuissards, les bretelles sont très extensibles pour s’adapter à toutes les formes de poitrines. Et au niveau des tailles, on va jusqu’au triple XL pour que toutes les morphologies puissent se sentir à l’aise dans nos vêtements.
LC : Hormis les chaussettes, vous précisez que la fabrication ne se fait pas en France mais en Espagne. Il n’y avait pas la possibilité de produire dans l’hexagone ?
CC : Malheureusement, non. Les fabricants avec qui on a pu échanger avaient des exigences qu’on ne pouvait pas accepter, comme mettre le logo de leur marque ou avoir un choix réduit dans les coloris. J’étais assimilée à un particulier qui veut créer une série de vêtements pour son club en quelque sorte. Et puis, il fallait aussi avoir des gages de qualité. Ce qui n’a pas forcément été le cas non plus avec les premiers fabricants. Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois de recherche qu’on a trouvé le bon.
LC : Vous avez lancé une campagne de précommande qui a dépassé vos attentes. Quelles sont les prochaines étapes ?
CC : Effectivement, notre crowdfunding sur Kisskissbankbank a dépassé l’objectif de base de plus de 50 %. C’est un lancement idéal. Ensuite, l’idée est d’être aussi présent dans des magasins. Et je dois dire que les premiers retours sont très positifs. Certaines enseignes sont désireuses de proposer à leurs consommatrices ressemble. Ensuite, une courant collection printemps, qui leur nous allons mettre en marche une nouvelle collection de vêtements, plus étoffée, en se basant toujours sur le retour de nos ambassadrices. Ce sont des cyclistes expérimentées qui roulent régulièrement et qui savent faire un bon retour sur la technicité des pièces essayées et aussi sur les attentes des cyclistes. Je souhaite aussi continuer de pratiquer une politique de prix très contenus (70 € le maillot, 100 € le cuissard sur la collection en vente) avec peu de marge, certes, mais en proposant une gamme accessible à toutes.
LC : D’où vient le nom de la marque Wilma ?
CC : C’est en hommage à l’athlète américaine Wilma Rudolph, qui a fait beaucoup pour le développement du sport féminin dans les années 1960. Du fait de son parcours de vie difficile, c’est un exemple et elle a remporté trois médailles d’or aux JO de Rome. C’est une source d’inspiration pour nous toutes !