Un plateau royal
L’année 2021 s’annonce exceptionnelle en termes de rivalité, aussi bien sur le terrain des Classiques que pour les Grands Tours. On en salive d’avance !
Dans l’histoire du cyclisme, l’année 2020 sera à jamais différente par son format, le contexte sanitaire oppressant et le déroulé de la saison qui s’est compacté en à peine 3 mois avec un enchaînement quasi frénétique des courses. Pour nous, Français, l’apothéose a eu lieu fin septembre sur les routes italiennes du circuit d’imola où Julian Alaphilippe (Deceuninckquick Step) a décroché le mythique titre de champion du monde sur route. Cela a aussi permis de voir l’éclosion et la confirmation d’immenses talents qui vont nous offrir une belle explication en 2021. En premier lieu, on pense à Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), qui a remporté avec fougue son premier Tour de France, le plus jeune vainqueur de l’histoire de la Grande Boucle, en courant avec panache et en détrônant dans un contre-la-montre son compatriote Primož Roglič (Team Jumbo-visma) sur les terribles pentes de La Planche-des-belles-filles. Le parcours de l’édition 2021, plus roulant et a priori plus accessible aux rouleurs-grimpeurs, devrait donner la chance à plusieurs prétendants, et on suivra d’ailleurs avec attention le retour d’egan Bernal (Ineos Grenadier) qui voudra prend sa revanche après une saison 2020 gâchée par les blessures. Mais il est un autre terrain où la bataille va aussi faire rage et que l’on attend avec impatience, celui des Classiques. Le duel entre Mathieu Van der Poel (Alpecinfenix) et Wout Van Aert (Team Jumbo-visma) risque d’être encore le fil rouge de la saison, dans la droite lignée de leur année 2020 très complète. Victoire à Milan-san Remo et Strade
Bianche pour le sociétaire de la Jumbo-visma, le Tour des Flandres pour Mathieu Van der Poel après un sprint très serré contre son compatriote, la rivalité devrait encore prendre de l’épaisseur en 2021! Mais il ne faudra pas oublier le panache de Julian Alaphilippe, étonnant pour son premier Ronde jusqu’à sa chute et qui a levé les bras avec son beau maillot arc-en-ciel sur la Flèche brabançonne, ou encore le jeune Marc Hirschi qui, à 22 ans, a remporté de belle manière la Flèche wallonne et a pris la 2e place de Liège-bastogne-liège. Et dans cet aéropage prestigieux, on ajoutera le nom de Benoît Cosnefroy (Ag2r-citroën Team) qui s’est montré à son avantage face ses « monstres » d’efficacité (2e de la Flèche wallonne et Paris-tours, 3e de la Flèche brabançonne). Cette année, on a beaucoup moins vu les sprinteurs, la faute à des parcours exigeants sur des Grands Tours qui n’a pas donné lieu à de nombreuses explications. Néanmoins, dans ce domaine, Arnaud Démare (Groupama-fdj) a fait montre de tout son
talent sur le Tour d’italie avec 4 succès d’étapes et qui a réussi à décrocher le maillot de meilleur sprinteur devant Peter Sagan (Bora-hansgrohe). Le champion slovaque, en demi-teinte en
2020 avec seulement un succès sur le Tour d’italie, aura à coeur de prouver qu’à 31 ans, il est toujours capable de se mêler à la victoire, aussi bien dans les sprints massifs que dans les Classiques.
L’OGRE EVENEPOEL DE RETOUR
L’autre « monstre » dont on scrute le retour, c’est le tout jeune Remco Evenepoel (Deceuninckquick Step), fauché en pleine descente du
Tour de Lombardie, le 15 août et qui avait réussi jusque-là à remporter toutes les courses auxquelles il avait participé, que ce soit avant ou après le confinement. Une statistique incroyable avec ses succès aux Tours de San
Juan, d’algarve, de Burgos et de Pologne, à seulement 20 ans. Promis à un très grand avenir, on attend de le voir sur les grandes
Classiques et son premier Grand Tour.
En parlant des blessés, on espère vraiment revoir Fabio Jakobsen (Deceuninck-quick Step) sur une course en 2021. La terrible chute qu’il a faite, au sprint, début août, lors du Tour de Pologne, est encore dans toutes les mémoires. Ce « jeunisme » va-t-il mettre à la porte tous les trentenaires encore désireux de bien figurer? À voir! Déjà Primož Roglič, 31 ans, certes battu sur le fil du Tour de France, a pris sa revanche sur la Vuelta, montrant qu’il faudra compter sur lui en 2021. Et on ne peut pas non plus oublier Geraint Thomas (Team Ineos Grenadier) revenu en forme alors qu’il débutait le Giro mais qui a dû abandonner sur chute. Et quid de Chris Froome qui s’est transformé en superéquipier pour Richard Carapaz sur le Tour d’espagne, à la recherche de son niveau d’antan et qui espère se relancer dans sa nouvelle équipe Israel Startup Nation. Côté Français, hormis la nouvelle superbe année de Julian Alaphilippe et les nombreux succès d’arnaud Démare, on va suivre de près l’évolution de David Gaudu (Groupamafdj), double vainqueur d’étapes sur la Vuelta et 8e au classement général, sur les Grands Tours avec toujours à ses côtés Thibaut Pinot qui va peut-être changer son fusil d’épaule après son nouvel échec dans la Grande Boucle. Autre trentenaire en mutation, Romain Bardet, qui a décidé de changer d’équipe après neuf années passées au sein de la structure dirigée par Vincent Lavenu et a rejoint DSM (ex-sunweb) pour retrouver de la motivation et de nouveaux challenges au sein d’un Team très jeune (24,5 ans de moyenne) et de coureurs très prometteurs comme Jai Hindley. On n’oublie pas non plus Guillaume Martin (Cofidis) très actif et régulier sur les deux Grands Tours auxquels il a participé (Tours de France et d’espagne) avec un maillot de meilleur grimpeur décroché sur la Vuelta.
EN ATTENTE DES SÉSAMES POUR LE TOUR
Comme chaque année, les équipes françaises de 2e division vont trembler dans l’attente de la délivrance des invitations pour le Tour de France. 22 équipes sont attendues au départ, dont les 19 formations du Worldtour qualifiées d’office, ainsi que l’invitation obtenue par Alpecin-fenix en récompense de sa 1re place au classement UCI de l’europetour fin 2020. Reste donc deux places à répartir entre Arkéa-samsic, Total Direct Energie, B&B Hotels et Delko One Provence. Cette dernière n’a jamais vraiment postulé pour participer au Tour de France, le choix devrait se faire entre les trois autres équipes. Sur les forces en présence, Arkéa-samsic, avec la doublette Barguil/quintana a une longueur d’avance, mais Total Direct Energie, très décevante en 2020, s’est bien renforcée en recrutant une triplette française expérimentée de chez AG2R La Mondiale, Alexandre Geniez, Pierre Latour et Alexis Vuillermoz, ainsi qu’edvald Boasson Hagen. B&B Hotels semble donc la moins armée malgré une bonne prestation sur le Tour de France 2020. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour le verdict.