Abondance de biens!
Les équipes françaises sont les mieux représentées dans le peloton international. Une situation qui n’est pas sans poser de problème en vue de la sélection pour le Tour de France… Gros plan sur les stratégies et recrutements 2021 des Teams tricolores.
Le cyclisme français peut non seulement s’enorgueillir de compter le champion du monde en son sein, mais aussi et surtout d’avoir le plus grand nombre d’équipes pros dans les 2 premières divisions du cyclisme mondial! Avec 3 équipes dans le Worldtour et 4 autres évoluant à l’échelon inférieur (Pro Team), notre pays compte 7 structures au sein de l’élite, juste devant la Belgique (6) et l’espagne (5). Et au 3e échelon (Continentales UCI), on dispose encore de 3 autres équipes pros (avec l’équipe réserve de Groupama-fdj, celle de Saint-michel-auber93 et de Xelliss-roubaix-lille Métropole). Bref, tout va pour le mieux pour notre cyclisme, si ce n’est que la sélection pour le prochain Tour de France –la raison de l’investissement de la plupart des sponsors– risque de léser certaines équipes, et à terme, leur survie. En effet, 20 équipes sur 22 sont déjà assurées d’y participer: les 19 du Worldtour qualifiées d’office, plus la formation leader du classement des Continentales Pro, l’équipe Alpecin-fenix de Mathieu Van der
Poel. De fait, il ne reste que 2 places pour les 4 formations tricolores de cette 2e division. La sélection sera rude et amènera à une recomposition des équipes en 2022, mais nous n’en sommes pas encore là. Voyons déjà le nouveau visage des équipes tricolores pour cette nouvelle année !
STABILITÉ POUR GROUPAMA-FDJ, RENOUVELLEMENT POUR COFIDIS
Au niveau du Worldtour, l’équipe Groupamafdj conserve ses leaders emblématiques (Pinot, Démare, Gaudu) et n’a pas été très active sur le marché des transferts avec seulement 5 arrivées pour combler ses 4 départs. Aucun nom spectaculaire pour ses recrues 2021, même si le jeune grimpeur hongrois Valter a un prénom prédestiné pour partir à la guerre : Attila !
Si la stabilité est de mise dans la formation de Marc Madiot, il n’en est pas de même chez Cofidis. Son manager, Cédric Vasseur, a en effet profondément renouvelé son effectif. Après une année mitigée sportivement avec l’avènement de Guillaume Martin d’un côté et la déception du sprinter italien Viviani, de l’autre, la formation nordiste a recruté 10 nouveaux coureurs.
Parmi ceux-ci, le plus chevronné est sûrement Simon Geschke. Le vétéran allemand (35 ans), ancien vainqueur d’étape sur le Tour 2015, sera à n’en pas douter un superbe capitaine de route. Le reste du recrutement fait aussi la part belle aux coureurs expérimentés du Worldtour comme le Luxembourgeois Drucker, l’espagnol Fernandez ou encore le Belge Wallays (double lauréat de Paris-tours) pour renforcer son équipe dans les Classiques et les courses par étapes. Il ne reste plus que ce renouvellement d’un tiers de l’équipe qui permettra à Cofidis (présente chez les pros depuis 1997) d’aborder une nouvelle dynamique pour conserver son statut d’équipe de 1re division.
AG2R CHANGE DE REGISTRE
ET SE DÉVELOPPE AVEC CITROËN
Mais le changement le plus marquant des équipes françaises pour 2021 vient de l’équipe de Vincent Lavenu. Le manager nous explique pourquoi : « L’arrivée de Citroën comme cosponsor et son implication sur le long terme [on évoque un budget de 7 M€ annuels
et un contrat jusqu’en 2025, ndlr] vont nous permettre de renforcer nos structures d’accueil dans notre région de Chambéry, en améliorant notre service course, nos 2 équipes de réserve de jeunes (- 23 et - 19) et bien sûr en proposant des contrats sur le long terme à des coureurs de premier plan. » Pour combler les départs de ses leaders, Bardet et Latour, la formation
savoyarde a recruté du « lourd » avec le champion olympique belge, Greg Van Avermaet, ou encore le multiple champion
du Luxembourg, Bob Jungels. « Notre formation va clairement s’articuler en 2021 autour de ces 2 puncheurs et nous viserons donc davantage les Classiques que les classements généraux des Grands Tours. D’autant que nous avons conservé Cosnefroy et Naesen qui vont encore s’affirmer davantage avec ces recrues. On a aussi renforcé notre pôle sprint avec la venue de Sarreau et de Touzé, et on espère relancer Calmejane, après sa saison décevante. »
Avec 11 recrues, cette équipe Ag2r-citroën repart sur de nouvelles bases et a déjà fait un appel du pied à Julian Alaphilippe pour 2022, car il sera en fin de contrat avec son équipe à la fin de l’année… Avec une visibilité de son sponsoring jusqu’en 2025, la formation de Vincent Lavenu n’a pas fini de grandir!
Si ces 3 équipes du Worldtour sont assurées d’être au départ du Tour à Brest en 2021, il n’en est pas de même pour les 4 autres équipes tricolores.
LUTTE POUR LE TOUR EN FILIGRANE…
Parmi elles, la moins cotée s’avère l’équipe
Delko One Provence, qui a perdu son cosponsor japonais Nippo, qui est parti rejoindre l’équipe Education First. Pourtant, son nouveau manager, Philippe Lannes, fait le pari de la
jeunesse : « On n’a pas encore les moyens de recruter de grands noms, même si on a fait venir Prades de Movistar. Alors, on parie sur la jeunesse avec le recrutement de jeunes entraîneurs, mais surtout de jeunes champions en devenir. Pour cela, on n’hésite pas à proposer des contrats de quatre ans à nos Érythréens (Debesay et Ghirmay) ou les jeunes Berthet ou Zingle. » L’équipe provençale attend donc l’éclosion de sa « pouponnière » pour postuler au Tour. Comme en 2019, les trois formations de l’ouest (Arkéasamsic, B&B Hotels et Total Direct-energie) devraient se disputer les deux derniers tickets pour le Tour 2021. En 2019, c’est l’équipe de Jérôme Pineau qui était restée sur la touche, mais elle s’est bien montrée sur le Tour 2020 avec ses leaders Rolland et Coquard qu’elle a conservés dans son effectif. En revanche, la formation bretonne a nettement réduit la voilure (de 2 millions à 300000 €), ce qui ne lui a permis de recruter d’autres pointures, même si Hivert ou Jauregui arrivent.
GROS RECRUTEMENT POUR TOTAL DIRECT ENERGIE
L’autre équipe bretonne, Arkéa-samsic, a été de loin la meilleure équipe française de cette 2e division en 2020. De plus, elle a conservé ses leaders emblématiques Quintana, Barguil, Bouhanni, même si le Colombien a été opéré des genoux en octobre dernier et qu’il reste dans l’attente sur la levée des soupçons de dopage, suite à l’enquête effectuée par la gendarmerie. Côté recrues, le manager Emmanuel Hubert a engagé seulement 3 coureurs après son impressionnant mercato 2020 et affirme ses objectifs pour l’année: « On veut clairement la 1re place à l’europetour, le sésame pour disputer tous les Monuments et les trois Grands Tours, et intégrer le Worldtour le plus vite possible. » Après une saison 2020 très décevante, Total Direct Energie aurait pu opter pour le rachat de la licence Worldtour de l’exéquipe CCC (finalement vendu à l’équipe belge Intermarché-wanty Gobert), mais Jean-rené Bernaudeau n’a jamais voulu acheter sa place
au plus haut niveau: « Le constat était simple, il fallait nous renforcer pour la montagne et c’est pour cela qu’on a recruté Pierre Latour, un des plus grands espoirs français. Ensuite, on a engagé des grimpeurs pour l’épauler: Doubey, Geniez et Vuillermoz, ainsi que les Espagnols Rodriguez et De La Parte. On s’est aussi renforcé sur les Classiques avec la venue de Boasson Hagen, l’un des plus gros palmarès du Worldtour, ou encore Lawless, en provenance d’ineos. Avec ces 8 recrues, on a vraiment fait l’un des plus beaux mercatos du peloton. » Gageons qu’avec ce recrutement, la formation vendéenne aura tout fait pour s’ouvrir à nouveau les portes du Tour. ¢