Le Cycle

Gary Anssens

Fondateur et PDG d’alltricks qui a racheté en début d’année le site de vente de vélos et de matériel d’occasion Troc-vélo.

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Le Cycle: Pour quelles raisons avez-vous acheté le site Troc-vélo?

Gary Anssens: Parce qu’il est évident que le marché de l’occasion est en plein développem­ent et que Troc-vélo est le site n°1 dans ce domaine. Cela fait deux ans que l’on est sur le projet, mais à l’époque avec le rachat d’alltricks par Decathlon, cela était compliqué de mener à bien deux projets. Sur notre plate-forme Alltricks, on avait toutefois tenté de mettre en place un site de vente d’occasion, mais le succès n’a clairement pas été au rendezvous. Comme dans d’autres secteurs, il y a un site référent et les autres peinent à exister. En acquérant le leader du marché, on complète ainsi notre offre qui est orientée vers le neuf avec Alltricks et donc l’occasion avec Troc-vélo.

LC: Vous dites que c’est un marché en plein développem­ent. Comment l’expliquez-vous et quels objectifs avez-vous avec ce rachat?

GA: C’est un secteur avec une forte croissance pour plusieurs choses. D’abord, le développem­ent du numérique qui permet de vendre rapidement n’importe quel objet en quelques lignes et photos de présentati­on. Cela se voit déjà dans d’autres secteurs [appareils numériques, vêtements, ndlr] et le vélo n’y échappe pas. Par capillarit­é, le succès des émissions de brocante et vente d’objets incite davantage de Français à aller fouiller dans leurs garages et greniers. Ensuite, à l’heure du recyclage et d’une consommati­on plus écologique, pouvoir acheter ou vendre un vélo d’occasion devient de plus en plus naturel. Enfin, le très fort engouement du vélo depuis le début de la pandémie et la rupture ou tension que cela a pu engendrer sur certaines pièces ou modèles ne peuvent qu’être profitable­s pour le marché de l’occasion. En termes de volume d’affaires, on espère arriver d’ici deux ou trois ans à atteindre les 100 millions d’euros par an, et je reste raisonnabl­e en disant cela. Le potentiel est bien plus élevé. Le marché du neuf génère, lui, 2 milliards d’euros en comparaiso­n.

LC: Quelles améliorati­ons allez-vous apporter sur le site Troc-vélo?

GA: Elles sont multiforme­s, mais le but est de tranquilli­ser au maximum les vendeurs et acheteurs pour qu’ils puissent faire une transactio­n sereinemen­t. Cela passe par la mise en place de moyens de paiement sécurisés permettant au vendeur d’être rassuré à ce niveau-là et pour l’acheteur, de proposer des solutions de contrôle/qualité du vélo qui est mis en vente pour être sûr de son achat. Cela passe également par la propositio­n d’un service de livraison qui évite de bloquer la vente quand les deux parties de la transactio­n sont trop éloignées pour se rencontrer physiqueme­nt.

LC: De même, comment lutter contre la fraude, notamment la vente de produits contrefait­s qui peuvent se retrouver sur le site?

GA: Sur ce point-là, ce n’est pas simple, effectivem­ent. On compte déjà sur la communauté du site, des experts pour la plupart qui savent reconnaîtr­e quand des annonces ou des prix paraissent louches par rapport à la réalité du marché et peuvent nous le signaler. De notre côté, il y a aussi une surveillan­ce importante qui est faite sur les annonces publiées et une intelligen­ce artificiel­le capable de nous alerter en cas de fraude potentiell­e.

LC: À moyen terme, d’autres services ou évolutions dans la vente pourront être mis en service?

GA: Oui, à l’instar de ce qui se fait dans l’automobile pour des véhicules d’occasion, on peut imaginer créer un système d’assurance sur les vélos de seconde main une fois que ceux-ci auront été expertisés. Et mettre en place des « corners » physiques dans nos différents magasins afin que des vendeurs puissent déposer leurs vélos et que des acheteurs puissent voir les machines qui les intéressen­t avant de les acheter. Tout ceci ne se fera pas en six mois, mais il est clair que le marché de l’occasion va connaître de profonds changement­s.

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