PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR
> Fabrice Ferrane
Sur la piste du vélodrome de Costebelle, il se prépare à son défi.
Depuis le début de l’année, Fabrice Ferrane, 46 ans, pacsé, père de 3 enfants, s’entraîne dur. Il s’est promis de réaliser la meilleure performance française en 1 heure dans la catégorie des 45-49 ans avec homologation par les commissaires de la FFC. « Je pars un peu dans l’inconnu,
dit-il, parce que je suis le premier à vouloir le faire, il n’y a pas eu de tentatives précédentes ». Pour Fabrice, ce pari est très important, c’est une façon de se défier et d’effacer un mauvais souvenir, celui de son opération du coeur. « Je suis né avec une malformation cardiaque, une communication interventriculaire,
explique-t-il, je ne possédais pas la membrane qui sépare le coeur en deux parties, résultat, mon ‘‘sang propre’’ et mon ‘‘sang sale’’ se mélangeaient. J’étais un cas désespéré qu’on ne pouvait pas opérer ».
Condamné à ne pas vivre, Fabrice, qui perdait trop de poids, 100 g par jour, est opéré en urgence à la suite de deux arrêts cardiaques par le professeur Aubert de la Timone à Marseille.
« Il m’a opéré pendant neuf heures, il avait prévenu mes parents à se préparer au pire. Je servais de cobaye pour une nouvelle méthode opératoire et mes chances de survies étaient pratiquement nulles. »
Au bout de son lit, en signe d’espoir, on a attaché le dessin d’un petit coeur. Lorsqu’il effectuait ses visites de contrôle mensuelles, le professeur l’accueillait par ces mots: « Voilà mon petit miraculé. » Aujourd’hui, Fabricele-miraculé est un homme nouveau. Il travaille à Decathlon, à Ollioules, et roule régulièrement avec les membres de son club, les Fadas du Caume. Lisez du mont Caume, la montagne qui surplombe Ollioules. « Depuis qu’on grimpe là-haut, on s’est aperçu qu’il y avait moins de détritus jetés sur le site, on nous a baptisés les Sentinelles du mont
Caume. » En plus de ses entraînements réguliers, il se rend tous les lundis sur le vélodrome de Costebelle à Hyères pour s’habituer à l’effort solitaire durant une heure, conseillé par Kévin Sireau, double médaillé d’argent olympique à Pékin 2008 et à Londres 2012, et triple champion du monde de vitesse par équipes. « Il m’encourage dans le cadre de son travail au vélodrome, revoit ma position, m’incite à en garder sous la pédale, c’est très positif. » Fabrice se lance ce défi pour se prouver qu’il en a les capacités. Ce n’est pas le premier. En 2015, il court Toulon-marseille-toulon, 124 km en une journée, pour fêter la date anniversaire de son opération. En 2019, il effectue le Tour de Corse à vélo en 10 étapes (700 km, 8500 m de dénivelé). Mais cette nouvelle tentative, il veut l’offrir au staff médical qui l’a entouré : « Je veux les remercier pour leur dévouement. Pendant des semaines, ils m’ont tenu en vie jusqu’à mon opération de la dernière chance. » Et puis, il lance un message: « Faire comprendre aux personnes qui ont été opérées comme moi que, oui, c’est possible de vivre normalement et de faire du sport. » Fabrice n’a pas choisi un défi facile, mais un exercice solitaire contre le temps.
« C’est un effort violent qui oblige à aller puiser au plus profond de ses ressources. Il sollicite les capacités cardiaques de façon extrême et c’est pour cela que je l’ai choisi. » Il espère atteindre ou dépasser la barre symbolique des 40 km/h, la tentative est prévue pour le mois de septembre à Hyères. Mais Fabrice a besoin d’une aide financière et recherche des mécènes…