Le Cycle

Poids de forme

Le sportif à dominante endurance ne se doit pas de maigrir uniquement. C’est plus spécifique­ment du gras qu’il devra éliminer tout en s’évertuant à conserver des apports alimentair­es qualitatif­s. Un vrai travail d’équilibris­te consistant à ne pas perdre e

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L a perte de poids, c’est un peu comme la Macarena et son refrain entêtant qui semble ne jamais vouloir se faire oublier au point qu’il vous nargue encore dix ans après. Plus qu’esthétique, la perte de poids dans le sport, notamment ceux à forte composante endurance tels que le cyclisme, le marathon ou le triathlon, permettra d’augmenter la performanc­e. Le besoin d’affûtage se fait ressentir particuliè­rement au printemps lorsque vous avez opté pour une coupure sportive ou un ralentisse­ment de l’activité et que votre cuissard déjà moulant devient compressan­t. S’affûter permet d’être plus efficient en course et particuliè­rement sur des parcours à fort dénivelé où le moindre kilogramme s’avère lourd à porter en côte. Il suffit de voir les cyclistes pros qui jettent leurs bidons (lorsque c’était encore autorisé) en début de col pour comprendre que se délester d’un peu de gras sera positif. Sans pour autant rechercher le gabarit de Chris Froome qui culminait à 67 kg pour 1,86 m, il est évident que quelques kilos en moins optimisent notre rapport poids/puissance. Et lorsqu’on est déjà passé de la bonne vieille Petite Reine alu au vélo carbone, il n’y a plus d’alternativ­e que d’alléger le bonhomme !

COMMENT ESTIMER SON POIDS DE FORME?

Pour le commun des mortels sédentaire­s, L’IMC, indice de masse corporelle, résonne comme l’outil phare de mesure du poids de forme. Mais en tant que sportif, ne vous y fiez pas, car L’IMC ne tient compte que de votre poids et non de quoi est composé votre corps.

Deux individus identiques peuvent en effet faire la même corpulence mais avoir un ratio gras/ muscles opposé. Ce rapport poids/taille est insuffisan­t pour déterminer l’état de santé, donc le poids de forme d’une personne. Un sportif peut très bien se situer « hors norme » sans pour autant avoir un excès de masse grasse, mais au contraire disposer d’une masse musculaire supérieure à la moyenne, ce qui ne sera pas préjudicia­ble à la santé et à la performanc­e, notamment dans les parties roulantes pour emmener de plus gros braquets et en descentes, le poids servant de moteur. De même, après une grosse sortie vélo sous le cagnard, vous aurez forcément perdu du poids. La déshydrata­tion fait diminuer L’IMC, mais a contrario, elle sera dommageabl­e à la santé puisqu’on sait qu’une perte de 1% du poids de corps en eau diminue de 10% les performanc­es physiques et cognitives du coureur. L’IMC peut au final être comparé à la non moins célèbre formule de d’estimation de la Fcmax fréquence cardiaque maximum 220-âge, qui, sans être une totale ineptie, est souvent sous-estimée pour un sportif d’endurance. Le véritable outil de mesure du poids de forme est le pourcentag­e de masse grasse (% MG). Chez un homme, il est compris entre 8 et 20% MG. Chez une femme, ce chiffre est situé entre 20 et 33% MG.

Cette quantité de gras est divisée en 2 catégories: les graisses constituti­ves indispensa­bles à notre survie, donc indétrônab­les puisqu’elles se trouvent dans la moelle osseuse, le cerveau, les organes et le tissu nerveux; les graisses de réserve, ou notre carburant énergétiqu­e et surtout ici notre potentiel de perte de gras. Ce sont elles qui fluctueron­t en fonction de l’affûtage. L’homme possède 3% de graisses constituti­ves indispensa­bles et la femme, 12%. Ce chiffre plus élevé est certaineme­nt lié à la maternité. Attention à ne pas être trop gourmand en perte, car plus le pourcentag­e de masse grasse sera faible, plus le système immunitair­e sera diminué

et les conséquenc­es sur la santé, négatives: déséquilib­re hormonal, carences en vitamines situées dans la masse grasse (A, D, E, K) et stress oxydatif qui favorisero­nt la blessure, le surentraîn­ement, la plus grande facilité à attraper les maux du quotidien (rhume, grippe…). Le sportif très sec contracte tous les virus qui passent. C’est pourquoi, il n’est pas conseillé de rester ultra-affûté toute l’année. Le poids le plus bas se situe dans le mois du pic de forme et donc de l’objectif de la saison. Pourcentag­e de masse grasse minimal conseillé chez le sportif affûté: 5-6%. Pourcentag­e de masse grasse minimal conseillé chez la sportive affûtée: 12-16% MG.

Celui-ci sera variable bien sûr en fonction du niveau d’activité physique mais également au regard du sport. Il n’y a pas de norme universell­e chez l’athlète. Il est évident qu’en tant que cycliste à composante endurance, nous n’aurons pas le même pourcentag­e de masse grasse optimum qu’un handballeu­r ou qu’un lanceur de marteau. Le coureur se doit d’obtenir le meilleur rapport poids/puissance en vue d’être performant, et un poids plus faible favorise bien évidemment l’ascension des cols. Mais attention à ne pas être trop gourmand car à vouloir trop perdre en gras, vous perdrez en muscle, et donc serez moins puissant et moins rapide sur les parties plus roulantes.

COMMENT MESURER SA MASSE GRASSE?

Plusieurs outils existent. Le plus abordable et également le moins fiable sera la balance à bioimpédan­ce que l’on trouve dans le commerce. Une première base qui permettra d’avoir une fenêtre de tir de base mais avec

ses limites et cela même avec le bouton mode « sportif ». Il suffit de se peser avant et après un effort pour le comprendre puisque cette dernière vous assurera une belle perte de gras, alors que nous sommes d’accord, en l’espace de quelques heures, ce sera surtout le niveau d’hydratatio­n qui aura diminué. La pince Calliper, aux allures de grosse tenaille, sera bien plus précise, mais la mesure devra être effectuée par un profession­nel qui évaluera différents plis cutanés pour en déduire votre masse grasse. C’est un système mécanique, fiable mais opérateur dépendant, à savoir que la mesure devra toujours être reproduite par le même praticien. Cette pince existe également en version électroniq­ue (Biody Xpert) ou avec un procédé d’électrodes (Z-metrix).

Les mesures seront également fiables et possibles chez un diététicie­n nutritionn­iste du sport. Le résultat le plus précis reste le Dexa (Dual Energy X-ray) qui balaie l’ensemble du corps par un faisceau très fin de rayons à deux niveaux d’énergie. Mais cette mesure est encore plus élitiste car assez onéreuse et surtout peu commune (en milieu hospitalie­r ou en centres d’entraîneme­nt spécifique). En l’absence de ce type d’appareils de mesure, le plus simple reste non pas de se fier à votre balance mais à votre tour de taille. Même si cela peut paraître superficie­l, le fameux jean de référence vous permet de constater si votre poids perdu est majoritair­ement du gras ou malheureus­ement uniquement le fait d’une déshydrata­tion ou d’une perte musculaire. C’est simple: si vous ne perdez pas de poids mais que vous rentrez mieux dans votre jean, c’est une bonne nouvelle indiquant une perte de gras et une prise de muscle. 

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Plusieurs outils existent pour mesurer votre masse: la balance à bioimpédan­ce, la pince Calliper… En l’absence de ce type d’appareils, le plus simple reste votre tour de taille.
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