Le Cycle

Un couple nécessaire pour le futur

Le recrutemen­t se fait de plus en plus tôt chez les pros. Benoît Vaugrenard entraîne trois Juniors de moins de 18 ans pour la Groupama-fdj. Le suivi des jeunes est indispensa­ble en cette période de Covid-19. Vous qui pédalez, vous pouvez, devriez le faire

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Jeune père comblé de trois enfants, Benoît Vaugrenard, 39 ans, a eu une carrière longue. Il a exercé le métier de coureur cycliste profession­nel pendant presque deux décennies, de 2002 à 2019, au sein d’une seule équipe, celle de la Française des Jeux. Pour lui, la fidélité n’est pas un vain mot, ni l’honnêteté. Ses huit victoires acquises ont du sens, tout comme une foultitude d’accessits sur les Classiques ou courses à étapes dans lesquelles il essayait de briller avec son grand gabarit de 1,85 m pour 72 kg d’abord sur le contre-lamontre. Sa première victoire pro, c’est le titre national du « chrono » en 2007 qui a précédé son premier Tour de France au départ de Londres où il a terminé 10e au prologue. Après, il a oeuvré en tant qu’équipier auprès de Thibaut Pinot et d’arnaud Démare. Depuis la fin 2018, ce Morbihanna­is a préparé l’après-carrière. Il s’est formé, a été diplômé et s’est reconverti en tant que directeur sportif et entraîneur. C’est donc à lui qu’on a confié le coaching innovant de la classe biberon du vélo pro avec trois stagiaires: Lenny Martinez, Eddy Le Huitouze et Louka Lesueur. Au-delà de son expérience, Benoît Vaugrenard pense crucial pour le vélo que chaque cyclosport­if guide et encadre comme lui de jeunes pratiquant­s de 13 à 17 ans quelles que soient leurs aspiration­s. Il explique pourquoi et comment. 

Le Cycle : Pourquoi entraîner profession­nellement des jeunes qui ne sont pas encore majeurs ? Benoît Vaugrenard : J’ai commencé tôt dans le métier moi aussi, après deux petites années Espoirs, au sortir des rangs Juniors. En revanche, j’ai mis du temps, contrairem­ent à plein des coureurs maintenant, à arriver à maturité et « jouer un peu » [faire un résultat, ndlr] seulement vers 25 ans. Je n’étais sans doute pas un phénomène de précocité comme le dernier vainqueur du Tour de France, le Slovène Tadej Pogačar, à 21 ans, ou le stupéfiant Belge Remco Evenepoel qui s’est imposé en Worldtour à 19 ans. Ils savent déjà presque tout faire ! En 2021, c’est un néophénomè­ne répandu dont la dimension est à prendre en compte.

Je suis dirigeant au Véloce vannetais, mon club où je suis licencié depuis toujours. Tous les samedis, je m’occupais déjà des Juniors en les encadrant et en roulant avec eux. À mon époque, à part sur piste, avec Laurent Madouas [le père du Brestois Valentin], nous n’avions pas spécialeme­nt d’entraîneur­s. On avait juste une base en équipe de France avec un petit book basique de Bernard Bourreau, alors sélectionn­eur français. L’équipe Groupama-fdj a pensé que s’occuper de nos trois premières recrues de ce niveau, pour elle comme pour moi, était logique.

LC: C’est une évolution en vingt ans qui est devenue vraiment nécessaire ?

BV: C’est vrai que moi je n’ai pas souffert de ne pas être encadré, sauf un peu par mon frère plus âgé. Je m’entraînais avec les copains, on sprintait aux pancartes dans les entrées de villages. On jouait, on s’arrêtait même à la plage. Aujourd’hui, c’est fini. Tout est structuré dès le plus jeune âge.

On joue et on rit moins. Il y a une forte demande d’encadremen­t pour ceux qui sont détectés, pas seulement pour avoir du bon matériel. Il existe même des recruteurs de talents précoces. En revanche, mon approche libre et empirique, jeune, m’a peut-être permis d’aller loin dans le temps. Être à fond dès les Cadets aux niveaux entraîneme­nt, diététique, suivi, cela peut faire aussi exploser dans la tête des gens. La pression et le stress sont lourds à gérer. Je remplissai­s des carnets d’entraîneme­nt depuis Minime, c’était simple. Maintenant, je mettrais comme eux une multitude de données sur une plate-forme informatiq­ue et je serais en permanence tracé par GPS et sur les réseaux sociaux. À l’arrêt de ma carrière, j’ai regardé ces vieux carnets qui m’ont servi de base pour entraîner avec du recul mes Juniors, tout en prenant en compte leur volonté d’être hypercadré­s. J’ai les deux facettes depuis 2003 où la FDJ a commencé l’entraîneme­nt et le suivi rapproché et connecté avec des coachs intégrés dans le staff à cette simple fonction avec du matériel 2.0 embarqué.

LC: Vous avez fait pour vous un mixte, moderne et à l’ancienne, et vous continuez avec ces jeunes ? BV: En quelque sorte, comme tout un chacun peut le faire, fonction de son vécu et de son expérience personnell­e à accommoder avec l’air de leur temps. Les programmat­ions FDJ, avec mes repères simples,

« Je programme parfois sans consigne de volume ni d’intensité sorties gravel, cyclo-cross et VTT. »

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Les trois stagiaires FDJ Juniors. De gauche à droite: Le Huitouze, Martinez et Lesueur.
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