Le Démocrate Vernonnais

«Une maison, c’est fait pour servir»

Depuis 2011, Françoise Pitette n’a pas cessé d’héberger des demandeurs d’asile chez elle. Par conviction, parce que l’hébergemen­t doit être le premier des droits, et pour rompre la solitude.

-

Cinquante. Cent. Françoise Pitette n’a pas fait le décompte. Elle ne sait pas précisémen­t combien elle a hébergé de migrants sans-papier chez elle. Elle se souvient, par contre, exactement de ce jour de novembre 2011 où un couple de Srilankais a posé ses valises dans son modeste pavillon de Melleville.

Expulsés du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) «ils devaient rester huit jours, ils sont restés huit ans ». Jusqu’à ce que l’État finisse par les régularise­r et qu’ils puissent enfin vivre et travailler en France en toute liberté. « Je les vois toujours. Ils vivent sur Paris et viennent me voir de temps en temps ».

Une question de justice

Veuve, Françoise vivait seule en 2011 quand un paroissien de Guichainvi­lle lui a signalé les difficulté­s de ce couple de migrants. Malgré l’inconnu et les inévitable­s questions de confiance, elle a accepté de les accueillir. « J’étais seule, j’avais un peu peur la nuit. J’ai accepté. Depuis, je n’ai pas arrêté». Sans aucun regret.

Membre d’un trop petit réseau de militants engagés dans l’accueil bénévole, Françoise Pitette est catholique pratiquant­e. Arrivée à Évreux alors que son époux était directeur de l’école Saint-Joseph de Navarre, elle s’est impliquée dans la création de l’Amicale du quartier. Tournée vers les autres, elle a longtemps été assistante sociale avant de prendre sa retraite.

En accord avec ses conviction­s, elle estime que le droit au logement doit être le premier des droits. «C’est essentiel, c’est une question de justice. Je trouve anormal que l’on ait tout ce que l’on a et qu’ailleurs ils n’aient rien», dit-elle, citant au passage l’encyclique Frattelli Tutti (Tous frères) du pape François.

En action pour un monde plus juste, Françoise Pitette a mis en place «une cohabitati­on où chacun fait ce qu’il veut » dans la maison. Où chacun participe aux tâches ménagères et contribue aux repas en apportant des aliments récupérés dans les associatio­ns caritative­s.

Newspapers in French

Newspapers from France