Les charitons : qu’est-ce que c’est ?
Il faut remonter au Moyen-Âge pour comprendre ce que sont les charités, nées de la nécessité d’ensevelir les morts et de donner aux funérailles une solennité marquant le passage de la vie terrestre à une autre vie dans un autre monde. À l’époque des grandes épidémies, notamment de peste, personne ne souhaitait enterrer les morts de peur de la contagion. Des confréries laïques, rattachées à une paroisse, emportaient et enterraient les morts, utilisant les clochettes, appelées tintenelles, pour prévenir du passage de la charrette et inciter ainsi la population à se calfeutrer chez elle. « Nous avons retrouvé des traces de la bannière de Vernon. Notre confrérie date de 1319 », détaille Dominique Mallet. Toutes les funérailles et la plupart des fêtes donnaient lieu à des processions au cours desquelles les charitons portaient des vêtements spécifiques. La pièce essentielle du costume est le chaperon, sorte de large écharpe portée sur l’épaule gauche et fermée sur la hanche droite, ornée par des broderies d’or et d’argent et des galons.
La pratique a perduré pendant de nombreux siècles, participant activement aux cérémonies de funérailles, environ 140 par an à Vernon, Saint-Jean-Baptiste et dans la paroisse des Quatre Clochers, à l’heure actuelle. Interdite pendant la révolution, elle a été rétablie officiellement le 23 fructidor an IX, soit le 10 septembre 1801. Les confréries ont repris de la vigueur dans les campagnes, notamment en Normandie et en Provence où elles s’appellent confrérie de Pénitents.
Chacune pèse un peu plus de deux kilos », continue le Maître. Parmi les passants interrogés, une seule personne se souvenait avoir déjà vu une telle procession dans sa jeunesse, à Notre-Dame de la Couture à Bernay.
À l’issue de la procession, les tinteneliers ont fait une haie pour accueillir le public dans la collégiale. « Dommage qu’il y ait les échafaudages sur la façade de la collégiale, a-ton regretté à plusieurs reprises.
Cela nous oblige à entrer par une porte latérale. Ça a moins de faste. »
En attendant Monseigneur Olivier de Cagny, évêque d’Évreux, retardé 45 minutes par une panne de train en gare de Mantes, l’assistance a entonné des cantiques et écouté de la musique d’orgue. Un office pendant lequel du pain bénit a été distribué, comme le veut la tradition, a conclu la matinée.