Opérations de guerre, (1944-1945)
L’entrée en service de l’“Invader” ne se fait pas sans diffi cultés. Mais très vite il se montre redoutable…
Fin avril 1944, quatre A-26B-5-DL (les matricules 41-39116 à 41-39119) furent convoyés de l’usine de Long Beach à la NAS (Naval Air Station) Alameda par des pilotes du constructeur. Après avoir été démontés et enduit d’une couche de protection, ils furent hissés à bord d’un bâtiment de la marine américaine qui allait les transporter de Californie en Nouvelle-Guinée. Débarqués à Finschhafen, ils y furent remontés sous la direction d’un ingénieur de (1) Il s’agissait là de la désignation officielle de ce groupe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Toutefois, devenus les spécialistes des missions de bombardement à très basse altitude et de mitraillage avec des B-25 puis des A-20 avec une batterie de mitrailleuses dans le nez, les équipages préférèrent utiliser la vieille désignation de leur unité : 3rd Attack Group. Douglas, Bill Morrissey, puis mis à la disposition du 3rd Bombardment Group (Light) (1). Au combat contre les Japonais depuis janvier 1942, ce groupe de bombardement était alors basé à Hollandia et équipé de Douglas A-20G et A-20H quand son 8th Bomb Squadron prit en charge les quatre “Invader”.
La formation de cinq équipages sélectionnés parmi les plus expérimentés de l’escadron débuta le 7 juin 1944 et fut suivie le 23 juin par la première mission de combat. Le patron de l’escadre, le colonel John P. Henebry, la décrivit ainsi : “Nous partîmes à la recherche d’objectifs pouvant nous permettre de mettre nos “Invader” à l’épreuve. Aucun ne nous semblant digne de nos nouveaux appareils, nous poursuivîmes nos recherches plus au nord. Le terrain d’aviation et le port suffisamment important se trouvaient à Manokwari dans la péninsule de Vogelkop, [aujourd’hui péninsule de Doberai], à environ 600 km au nord- ouest de notre base de départ. Mais ces objectifs furent décevants après qu’une première passe à très basse altitude confirma que seuls quelques avions déjà endommagés se trouvaient sur le terrain d’aviation et que dans le port il n’y avait que deux épaves de cargos et des petits chalands. Ce n’était pas là l’adversaire redoutable que nous souhaitions. Néanmoins, nous
L’emblème du 3rd Attack Group, spécialisé dans les missions “d’attaque” avec mitraillages et bombardements à très basse altitude en Nouvelle-Guinée.
Le matricule 41-39116, ici à Hollandia, en NouvelleGuinée néerlandaise, était l’un des quatre A-26B-5-DL avec lesquels le 3rd BG conduisit les essais en combat.
mitraillâmes la piste et les chalands et larguâmes nos bombes (20 de 45 kg par appareil) sur le quai au nord du port. Nous ne rencontrâmes que de faibles tirs de DCA et, comme on nous l’avait prédit, aucun chasseur ne s’opposa à nous.
Cette mission sans histoire nous permit de concentrer notre attention sur les qualités et défauts de l’“Invader”. Nous appréciâmes ses qualités de vol ainsi que son rayon d’action, sa charge de bombes et ses excellents moteurs, mais le trouvâmes non satisfaisants comme bombardier à très basse altitude.” Les missions qui suivirent ne firent que confirmer ce jugement.
Les critiques portèrent sur le manque de visibilité latérale en rai- son du positionnement des nacelles moteur, la moins bonne visibilité vers l’avant que sur les A-20 (que les A-26 devaient remplacer), les vitesses en croisière et maximales trop réduites quand les conteneurs à mitrailleuses étaient installés, et la tourelle ventrale inutile lors des missions à très basse altitude. En conséquence, le verdict du gén. George Kenney, le
commandant des forces aériennes alliées de la SWPA (Soutwest Pacific Area, zone du Pacifique sud-ouest), fut accablant : “Quelles que soient les circonstances, nous ne voulons pas de l’A-26 pour remplacer quoi que ce soit.”
Sur le front de l’Europe du Nord
Avant que les modifications souhaitées (nouvelle verrière, réservoirs de plus grande capacité, et huit mitrailleuses de 12,7 mm dans le nez et six en voilure) ne soient introduites en cours de production, il avait été décidé qu’en priorité les “Invader” seraient envoyés en Angleterre pour y remplacer les Douglas A-20 (puis les Martin B-26) équipant les unités de bombardement de la 9th Air Force.
La procédure pour l’introduction d’un nouveau type d’avions de combat dans un théâtre d’opérations extérieur consistait à équiper un groupe tactique aux États-Unis avec ces appareils et d’y compléter son entraînement pré-opérationnel avant de l’envoyer outre-mer. Toutefois, comme seulement 112 A-26 avaient été réceptionnés par les United States Army Air Forces avant mai 1944 et que de nombreux étaient encore utilisés pour essais et développement par le constructeur et les services techniques des USAAF, il ne fut pas possible de suivre cette procédure pour la mise en service des “Invader” en Europe. En conséquence, comme détaillé dans un mémorandum du 31 mai 1944, l’état-major des USAAF opta pour doter temporairement d’A-26 la 901st AAF Air Base Unit sur la base de Pinecastle en Floride, et de prélever 18 pilotes, six bombardiers-navigateurs, et 18 mitrailleurs de cette unité pour organiser un es-
cadron indépendant, l’A-26 Combat Evaluation Project Squadron.
Une fois leur formation terminée, ces 18 équipages collectèrent 12 A-26B et six A-26C à Hunter Field en Géorgie, d’où ils s’envolèrent à destination de l’Europe. Arrivés à Prestwick après avoir franchi l’Atlantique via le Groenland et l’Islande, ils s’y reposèrent avant de repartir à destination de la base de Great Dunmow. C’est sur cette base en Essex qu’ils furent rattachés au 386th Bomb Group de la 9th Air Force équipé de Martin B-26, dont les équipages aguerris allaient leur servir de mentors. Si la traversée de l’Atlantique s’était effectuée sans incidents notoires, il n’en fut pas de même à l’arrivée à Great Dunmow le 24 août 1944 quand un A-26B et un A-26C furent accidentés à l’atterrissage et furent déclarés irréparables. Le débarquement en Normandie ayant eu lieu 85 jours auparavant, les 16 rescapés du Project Squadron venaient d’arriver trop tard pour justifier le nom d’“Invader” donné aux A-26.
Pour sa première mission, le Project Squadron participa le 6 septembre 1944 au bombardement de positions allemandes à Brest. Au cours de celle-ci, comme pour les sept suivantes (la dernière le 19 sep-
tembre avec pour objectif la gare de triage de Duren), l’escadron d’essais opérationnels opéra sous la tutelle du 386th BG. Comme ce groupe était une unité de bombardement à moyenne altitude, ces missions ne permirent pas de mettre en valeur les qualités des “Invader” qui avaient été conçus pour le mitraillage et le bombardement à basse altitude ; le Project Squadron fut transféré au 416th BG pour assurer la transformation de ce groupe.
Les huit missions effectuées par cet escadron temporaire permirent d’établir ou de vérifier les performances des “Invader” en conditions de combat : taux de montée de 2 à 2,5 m/s à la vitesse de 290 km/h avec une charge de bombes de 1 815 kg ; vitesse de croisière de 350 km/h avec cette charge et moteurs tournant à 2 500 tr/min ; altitude de croisière optimale de 3 650 m. Le rapport final indiqua en outre qu’il serait souhaitable d’utiliser les A-26C avec quatre hommes d’équipage (pilote, navigateur, bombardier, et mitrailleur) mais que les A-26B n’en demanderaient que deux (pilote et mitrailleur). Enfin, les chargements de bombes lors de ces huit missions consistèrent en quatre engins de 454 kg, six de 227 kg, ou 12 de 113 kg. L’emport de deux bombes de 908 kg était souhaitable mais exigeait encore l’autorisation des centres d’essais.
L’équipage réduit, un atout important
La conclusion du rapport était particulièrement encourageante : “L’A- 26 est un bombardier très efficace à moyenne altitude. Il est préférable au A-20 de par sa charge de bombes plus importante et plus diversifiée, et son rayon d’action dépasse celui de l’A-20 et du B-26. Ses performances sur un moteur lui fournissent un important avantage. Sa vitesse supérieure à celle des bombardiers moyens, ainsi que ses qualités de vol, sa manoeuvrabilité, et sa tenue en formation, permettent d’exécuter des missions plus longues avec moins de fatigue pour l’équipage. Son équipage réduit est un atout important. L’excellente
visibilité depuis le poste du bombardier est un gros avantage. Comme bombardier moyen, l’A-26 a passé avec succès l’épreuve du combat en Europe.”
Commentant les résultats obtenus par le Project Squadron, le major général Hoyt S. Vandenberg, chef de la 9th Air Force, indiqua dans un message daté du 5 octobre 1944 que “les A-26 avaient été reçus à un moment inapproprié pour qu’ils puissent être sujets à des essais opérationnels probants.” Toutefois, il précisa que “l’A-26 serait un remplacement approprié pour les B-26 et A-20 de la 9th Bombardment Division et que toutes ces unités pourraient être transformées sur A-26 sans diminution de leur efficacité opérationnelle.”
Préparation du Jour J et Débarquement
Le 416th Bombardment Wing (Light) et ses quatre escadrons (les 668th à 671st BS) virent le jour sur la base Will Rogers en février 1943 où ils perçurent leurs Douglas A-20. Après 11 mois d’entraînement dans l’Oklahoma, en Louisiane et au Mississippi, ils furent envoyés en Grande-Bretagne par voie maritime et s’installèrent à Wethersfield le 1er février 1944. 18 A-20 en décollèrent le 3 mars pour aller bombarder Poix-en-Picardie mais, en raison de la mauvaise météo, la mission dut être annulée avant que l’objectif ne fût atteint. La première mission réussie vit 21 A-20 bombarder le terrain d’aviation à Conches-en-Ouche le 3 mars. Le rythme des opérations s’accéléra alors en préparation du débarquement en Normandie. Le Jour J, le 416th BG effectua deux missions – pour un total de 96 sorties dans l’Orne et en Seine-Inférieure. Trois mois plus tard, alors que les troupes alliées progressaient rapidement à l’est de la Seine, le groupe devint la première unité américaine de bombardiers à s’installer en France, la dernière mission à partir de Wethersfield étant effectué le 16 septembre et la première depuis Melun-Villaroche le 27 du même mois.
À peine installé en France, le 416th BG fut informé que les équipages et les 16 A-26 du Project Squadron y commenceraient la transformation sur “Invader”. Toutefois, en raison de la situation sur le front, il n’était pas question que le groupe cesse ses opérations de combat. En conséquence, il fut décidé que, par rotation, un tiers des équipages de chaque escadron serait en transformation sur A-26 – chaque pilote recevant 11 heures d’instruction –, les autres continuant les missions de guerre sur A-20. Les premiers vols d’entraînement furent effectués à Melun le 2 octobre, mais la mauva is e météo retarda les suivants. La formation des équipages fut terminée le 5 novembre et la première mission sur “Invader” effectuée le 17 quand 28 A-26B bombardèrent un dépôt à Haguenau. Tout efoi s , comme les A-26C n’étaient pas encore disponibles, le 416th BG dut continuer à utiliser une douzaine d’A-20J et A-20K à nez vitré jusqu’au 6 février 1945 afin de gui- der les A-26B aveugles. Les A-26C avec un bombardier dans le nez vitré furent utilisés pour la première fois en opérations par le 416th BG lors de sa 200e mission, un bombardement de Nutterden en Allemagne. Deux autres missions décollèrent de Melun-Villaroche avant le transfert du groupe à Laon-Athies le 13 février 1945.
Le 416 t h Bombardement Group effectua sa dernière mission le 3 mai 1945 quand 36 de ses “Invader” bombardèrent une usine de munitions à Stod, en Tchécoslovaquie, le 3 mai 1945. Ses opérations sur A-26 se soldèrent par 127 missions (4 442 sorties) durant lesquelles 6 104,6 t
de bombes avaient été larguées. 14 de ses “Invader” avaient été abattus par la Flak et 19 autres furent jugés irréparables. Ses pertes humaines se montaient à 19 tués au combat, 26 disparus et un prisonnier. La guerre finie, le 416th BG fut rapatrié aux États-Unis et y fut dissous le 24 octobre 1945.
L’appareil préféré des pilotes
formation par rotation des équipages de chaque escadron s’étant révélée peu pratique, celle du 409th BG fut entreprise de manière plus traditionnelle, un escadron étant retiré pour transformation pendant que les missions étaient assurées par les trois autres. Le processus commença en novembre 1944 alors que le groupe était basé à Brétigny-sur- Orge depuis deux mois. Les A-26 prirent part aux opérations côte à côte avec les derniers A-20 du groupe durant la bataille des Ardennes en décembre 1944 et janvier 1945. Par la suite, le 409th BG se défit de ses derniers “Havoc” et fut transféré à Laon-Couvron en février 1945. C’est à partir de cette base dans l’Aisne qu’il effectua sa dernière mission de guerre le 3 mai 1945.
un message du 4 janvier 1945, le maj. gén. Samuel E. Anderson, le commandant de la 9th Bomber Division, informa le chef d’état-major des USAAF que deux groupes (les 409th et 416th) étaient équipés d’A-26 avec armement fixe dans le nez et précisait qu’ils avaient effectué 935 sorties sur A-26, que quatre avaient été abattus au combat et que 128 avaient été endommagés. Il indiqua aussi : “En général, l’A-26 est un appareil très satisfaisant. Les pilotes s’y font la main plus vite que sur les A-20 ou B-26 et ils considèrent l’A-26 comme étant préférable à tout autre appareil sur lesquels ils ont volé.” Pour mettre en valeur les qualités de l’A-26, le gén. Anderson cita cet exemple : “Récemment, un pilote du 409th Group a décollé avec quatre bombes de 454 kg et un plein de carburant. Bien qu’un moteur l’ait lâché alors qu’il était à 10 m au-dessus du sol, il n’a pas eu de difficultés. En fait, au lieu de faire demi-tour et de se poser immédiatement, il a pris de l’altitude et a effectué des circuits en attendant que les autres appareils aient décollé.”
et dernier groupe d’“Havoc” de la 9th Air Force, le 410th BG était à Beaumont-sur-Oise quand il toucha quatre A-26 en janvier 1945. Ces “Invader” participèrent alors à des missions nocturnes d’appui avec des A-20 et des B-26 du groupe. Dans les dernières semaines des opérations en Europe, le 410th BG fut enfin équipé uniquement d’“Invader”.
Le 386th BG basé à Beaumont-sur-Oise
ses trois unités ayant combattu sur “Havoc”, ce fut un groupe de “Marauder” qui fut rééquipé avec des “Invader”. Le 386th BG, le groupe qui avait chaperonné l’A-26 Combat Evaluation Project Squadron en août et septembre 1944, était basé à Beaumont-sur-Oise depuis cinq mois quand il commença à recevoir des A-26 en février 1945. La transformation de ce groupe était toujours en cours quand les “Invader” commencèrent à se joindre aux B-26. Selon Jim Roeder, ce serait au cours d’une de ces missions mixtes que le maj. Myron Durkee aurait tiré pleinement avantage de la manoeuvrabilité et de la batterie de mitrailleuses de l’A-26B pour abattre un Me 262 le 20 février ; toutefois, ni le rapport d’opérations du groupe ni la liste officielle des victoires remportées par les pilotes des USAAF en font état. Le jour suivant, le 386th BG effectua sa première mission exclusivement “Invader” en bombardant
le pont ferroviaire à Herford en Rhénanie-du-Nord ; ses opérations continuèrent jusqu’au 3 mai 1945.
seul autre groupe de la 9th Air Force à être entièrement rééquipé d’“Invader” avant la fin des hostilités fut le 391st BG, à Roye-Amy, qui échangea ses B-26 pour des A-26 en janvier 1945. Pour sa dernière mission, il se joignit aux quatre autres groupes d’A-26 le 3 mai 1945 pour le bombardement de l’usine à munitions de Stod par 136 “Invader”.
Europe du Nord, les seuls utilisateurs des “Invader” furent le 397th BG, un groupe de B-26 en cours de transformation sur A-26 à Péronne à la fin de la guerre, et deux unités spécialisées dans le parachutage d’agents de l’OSS (l’Office for Strategic Services, le précurseur de la CIA) en Allemagne (lire encadré page 19).
décembre 1944, la 12th Air Force en Italie alignait six groupes de bimoteurs de bombardement : le 47th BG équipés de Douglas A-20, les 310th et 321st BG avec leurs North American B-25 et les 17th, 319th et 320th BG dotés de Martin B-26. Il était prévu que tous recevraient des “Invader” avant la fin de l’année suivante. En fait, seul le 47th BG fut partiellement rééquipé avec des A-26B et C en complément de ses A-20. Les premiers “Invader” arrivèrent en janvier 1945 alors que le groupe était à Grosseto. C’est à partir de cette base en Toscane que les “Invader” ajoutèrent des missions nocturnes à leurs palmarès. Le haut fait pendant cette période fut obtenu entre le 21 et le 24 avril quand les A-26 et A-20 du 47th BG furent en opérations pendant 60 heures consécutives pour couper la route aux troupes allemandes en retraite en bombardant les ponts sur le Pô et la ligne de chemin de fer passant par le col du Brenner. Après la fin de la guerre en Europe, le groupe fut brièvement basé à Pise avant de rentrer aux États-Unis en juillet 1945.
Retour dans le Pacifique
cours du premier trimestre de 1944, les pilotes de l’AAF Proving Ground Command (le centre d’expérimentation à Eglin Field, en Floride) avaient critiqué la mauvaise visibilité vers le bas et vers l’avant due aux montants de la verrière d’origine et la position du poste de pilotage par rapport aux moteurs. Mais rien n’avait été fait pour corriger ce vice avant que quatre A-26B ne soient envoyés en Nouvelle- Guinée pour essais au combat. Comme indiqué plus haut, le rapport soumis par le col. John P. Henebry du 3rd Bombardement Group à la conclusion de ces essais avait amené le gén. Kenney à rejeter les A-26 prévus pour remplacer les A-20 de la 5th Air Force. Toutefois, cette condamnation ne fut pas rédhibitoire car, de retour aux États-Unis, le col. Henebry se déclara entièrement satisfait après avoir fait un vol d’essai aux commandes de l’A-26B que Douglas avait équipé en septembre 1944 du prototype d’une nouvelle verrière. Une solution à ce grave défaut ayant été trouvée, il fallut encore attendre pour que les autres desiderata de la 5th Air Force soient satisfaits : amélioration de l’armement fixe dans le nez et en voilure, augmentation de la capacité des réservoirs internes, et remplacement de la tourelle ventrale par un réservoir auxiliaire.
Mitraillage à basse altitude
que toutes les modifications souhaitées furent intégrées, un premier lot de 25 A-26B-51-DL et -56-DL fut envoyé par voie maritime au cours du mois de juin 1945 et arriva aux Philippines où le 3rd BG était basé, à San José, sur l’île de Mindoro, depuis fi n 1944. Les premières sorties avec les nouveaux appareils furent effectuées le 9 juillet 1945, l’objectif étant le terrain d’aviation à Karenko (aujourd’hui Hualien) sur la côte Est de Formose. La deuxième mission fut lancée trois jours plus tard : les “Invader” du 3rd BG mitraillèrent et bombardèrent à basse altitude les
installations japonaises à Tamazato, juste au sud de Karenko.
Les résultats obtenus furent tels que, dès le 15 juillet, le gén. Kenney fit marche arrière et confirma au chef d’état- major des Army Air Forces, le gén. Henry “Hap” Arnold, que les A-26B avec huit mitrailleuses dans le nez mais sans la tourelle ventrale étaient hautement satisfaisants pour remplacer les A-20 du 3rd BG et les B-25 du 417th BG. Kenney demanda que la livraison d’“Invader” aux Far East Air Forces (2) fût accélérée.
La requête du gén. Kenney avait été anticipée par les planificateurs du quartier général des Army Air Forces qui, dans les jours qui suivirent la capitulation du IIIe Reich, avait adopté un programme de rééquipement en préparation de l’invasion du Japon prévue pour l’automne. Selon celui-ci, sept groupes d’A-26 seraient transférés dans le Pacifique et tous les groupes d’A-20 et de B-25 s’y trouvant déjà seraient rééquipés avec des “Invader”. La seule exception concernait trois groupes de B-25 des FEAF qui devaient continuer à opérer avec leur “Mitchell” jusqu’à l’épuisement de leurs réserves de B-25. Néanmoins, la mise en pratique de ce programme venait à peine de commencer quand le Japon capitula le 15 août 1945. Même le 3rd BG n’avait pas encore fini son rééquipement avec des A-26 lorsqu’il y fut transféré des Philippines au terrain de Motobu à Okinawa, le 6 août.
Le seul autre groupe à participer aux dernières opérations contre le Japon fut le 319th BG. Après avoir combattu en Méditerranée sur Martin B-26 puis sur North American B-25, cette unité était retournée aux États-Unis pour y être transformée sur A-26. Ceci fait, les appareils et le personnel du 319th BG furent transportés par voie maritime pour y rejoindre les FEAF, et furent installés le 2 juillet 1945 sur la base de Kadena à Okinawa avec 96 A-26B et C. Le 16 juillet, ce groupe effectua une première mission contre le Japon au cours de laquelle 26 “Invader” s’en prirent à une base aérienne et un pont à Miyazaki, cependant qu’un autre bombarda un autre pont à Sadohara. Deux jours plus tard, ce fut la Chine qui reçut une première visite des A-26 quand le 319th BG mitrailla et bombarda terrains et docks à Shanghai. Une invasion du Japon étant devenue inutile, ce groupe reçut instructions le 14 août de transférer 57 de ses A-26 au dépôt de Clark Field, puis à celui de Dulag. Le seul autre des groupes prévus pour participer à l’invasion du Japon à commencer sa transformation fut le 12th BG, une unité de la 10th Air Force en Inde. Dans l’immédiat après-guerre, deux des groupes d’“Invader” furent parmi les unités rapatriées aux États-Unis, le 319th BG y étant mis en sommeil le 18 décembre 1945, puis le 12th BG le 22 janvier 1946. En revanche, le 3rd BG et ses “Invader” furent retenus en zone et s’installèrent à Atsugi le 21 octobre 1945. Toujours avec les forces d’occupation au Japon cinq ans plus tard, ils allaient se trouver en première loge quand les hostilités commencèrent en Corée.