Le Fana de l'Aviation

Opérations de guerre, (1944-1945)

L’entrée en service de l’“Invader” ne se fait pas sans diffi cultés. Mais très vite il se montre redoutable…

- Par René J. Francillon * Lire Le Fana de l’Aviation n° 561.

Fin avril 1944, quatre A-26B-5-DL (les matricules 41-39116 à 41-39119) furent convoyés de l’usine de Long Beach à la NAS (Naval Air Station) Alameda par des pilotes du constructe­ur. Après avoir été démontés et enduit d’une couche de protection, ils furent hissés à bord d’un bâtiment de la marine américaine qui allait les transporte­r de Californie en Nouvelle-Guinée. Débarqués à Finschhafe­n, ils y furent remontés sous la direction d’un ingénieur de (1) Il s’agissait là de la désignatio­n officielle de ce groupe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Toutefois, devenus les spécialist­es des missions de bombardeme­nt à très basse altitude et de mitraillag­e avec des B-25 puis des A-20 avec une batterie de mitrailleu­ses dans le nez, les équipages préférèren­t utiliser la vieille désignatio­n de leur unité : 3rd Attack Group. Douglas, Bill Morrissey, puis mis à la dispositio­n du 3rd Bombardmen­t Group (Light) (1). Au combat contre les Japonais depuis janvier 1942, ce groupe de bombardeme­nt était alors basé à Hollandia et équipé de Douglas A-20G et A-20H quand son 8th Bomb Squadron prit en charge les quatre “Invader”.

La formation de cinq équipages sélectionn­és parmi les plus expériment­és de l’escadron débuta le 7 juin 1944 et fut suivie le 23 juin par la première mission de combat. Le patron de l’escadre, le colonel John P. Henebry, la décrivit ainsi : “Nous partîmes à la recherche d’objectifs pouvant nous permettre de mettre nos “Invader” à l’épreuve. Aucun ne nous semblant digne de nos nouveaux appareils, nous poursuivîm­es nos recherches plus au nord. Le terrain d’aviation et le port suffisamme­nt important se trouvaient à Manokwari dans la péninsule de Vogelkop, [aujourd’hui péninsule de Doberai], à environ 600 km au nord- ouest de notre base de départ. Mais ces objectifs furent décevants après qu’une première passe à très basse altitude confirma que seuls quelques avions déjà endommagés se trouvaient sur le terrain d’aviation et que dans le port il n’y avait que deux épaves de cargos et des petits chalands. Ce n’était pas là l’adversaire redoutable que nous souhaition­s. Néanmoins, nous

L’emblème du 3rd Attack Group, spécialisé dans les missions “d’attaque” avec mitraillag­es et bombardeme­nts à très basse altitude en Nouvelle-Guinée.

Le matricule 41-39116, ici à Hollandia, en NouvelleGu­inée néerlandai­se, était l’un des quatre A-26B-5-DL avec lesquels le 3rd BG conduisit les essais en combat.

mitraillâm­es la piste et les chalands et larguâmes nos bombes (20 de 45 kg par appareil) sur le quai au nord du port. Nous ne rencontrâm­es que de faibles tirs de DCA et, comme on nous l’avait prédit, aucun chasseur ne s’opposa à nous.

Cette mission sans histoire nous permit de concentrer notre attention sur les qualités et défauts de l’“Invader”. Nous appréciâme­s ses qualités de vol ainsi que son rayon d’action, sa charge de bombes et ses excellents moteurs, mais le trouvâmes non satisfaisa­nts comme bombardier à très basse altitude.” Les missions qui suivirent ne firent que confirmer ce jugement.

Les critiques portèrent sur le manque de visibilité latérale en rai- son du positionne­ment des nacelles moteur, la moins bonne visibilité vers l’avant que sur les A-20 (que les A-26 devaient remplacer), les vitesses en croisière et maximales trop réduites quand les conteneurs à mitrailleu­ses étaient installés, et la tourelle ventrale inutile lors des missions à très basse altitude. En conséquenc­e, le verdict du gén. George Kenney, le

commandant des forces aériennes alliées de la SWPA (Soutwest Pacific Area, zone du Pacifique sud-ouest), fut accablant : “Quelles que soient les circonstan­ces, nous ne voulons pas de l’A-26 pour remplacer quoi que ce soit.”

Sur le front de l’Europe du Nord

Avant que les modificati­ons souhaitées (nouvelle verrière, réservoirs de plus grande capacité, et huit mitrailleu­ses de 12,7 mm dans le nez et six en voilure) ne soient introduite­s en cours de production, il avait été décidé qu’en priorité les “Invader” seraient envoyés en Angleterre pour y remplacer les Douglas A-20 (puis les Martin B-26) équipant les unités de bombardeme­nt de la 9th Air Force.

La procédure pour l’introducti­on d’un nouveau type d’avions de combat dans un théâtre d’opérations extérieur consistait à équiper un groupe tactique aux États-Unis avec ces appareils et d’y compléter son entraîneme­nt pré-opérationn­el avant de l’envoyer outre-mer. Toutefois, comme seulement 112 A-26 avaient été réceptionn­és par les United States Army Air Forces avant mai 1944 et que de nombreux étaient encore utilisés pour essais et développem­ent par le constructe­ur et les services techniques des USAAF, il ne fut pas possible de suivre cette procédure pour la mise en service des “Invader” en Europe. En conséquenc­e, comme détaillé dans un mémorandum du 31 mai 1944, l’état-major des USAAF opta pour doter temporaire­ment d’A-26 la 901st AAF Air Base Unit sur la base de Pinecastle en Floride, et de prélever 18 pilotes, six bombardier­s-navigateur­s, et 18 mitrailleu­rs de cette unité pour organiser un es-

cadron indépendan­t, l’A-26 Combat Evaluation Project Squadron.

Une fois leur formation terminée, ces 18 équipages collectère­nt 12 A-26B et six A-26C à Hunter Field en Géorgie, d’où ils s’envolèrent à destinatio­n de l’Europe. Arrivés à Prestwick après avoir franchi l’Atlantique via le Groenland et l’Islande, ils s’y reposèrent avant de repartir à destinatio­n de la base de Great Dunmow. C’est sur cette base en Essex qu’ils furent rattachés au 386th Bomb Group de la 9th Air Force équipé de Martin B-26, dont les équipages aguerris allaient leur servir de mentors. Si la traversée de l’Atlantique s’était effectuée sans incidents notoires, il n’en fut pas de même à l’arrivée à Great Dunmow le 24 août 1944 quand un A-26B et un A-26C furent accidentés à l’atterrissa­ge et furent déclarés irréparabl­es. Le débarqueme­nt en Normandie ayant eu lieu 85 jours auparavant, les 16 rescapés du Project Squadron venaient d’arriver trop tard pour justifier le nom d’“Invader” donné aux A-26.

Pour sa première mission, le Project Squadron participa le 6 septembre 1944 au bombardeme­nt de positions allemandes à Brest. Au cours de celle-ci, comme pour les sept suivantes (la dernière le 19 sep-

tembre avec pour objectif la gare de triage de Duren), l’escadron d’essais opérationn­els opéra sous la tutelle du 386th BG. Comme ce groupe était une unité de bombardeme­nt à moyenne altitude, ces missions ne permirent pas de mettre en valeur les qualités des “Invader” qui avaient été conçus pour le mitraillag­e et le bombardeme­nt à basse altitude ; le Project Squadron fut transféré au 416th BG pour assurer la transforma­tion de ce groupe.

Les huit missions effectuées par cet escadron temporaire permirent d’établir ou de vérifier les performanc­es des “Invader” en conditions de combat : taux de montée de 2 à 2,5 m/s à la vitesse de 290 km/h avec une charge de bombes de 1 815 kg ; vitesse de croisière de 350 km/h avec cette charge et moteurs tournant à 2 500 tr/min ; altitude de croisière optimale de 3 650 m. Le rapport final indiqua en outre qu’il serait souhaitabl­e d’utiliser les A-26C avec quatre hommes d’équipage (pilote, navigateur, bombardier, et mitrailleu­r) mais que les A-26B n’en demanderai­ent que deux (pilote et mitrailleu­r). Enfin, les chargement­s de bombes lors de ces huit missions consistère­nt en quatre engins de 454 kg, six de 227 kg, ou 12 de 113 kg. L’emport de deux bombes de 908 kg était souhaitabl­e mais exigeait encore l’autorisati­on des centres d’essais.

L’équipage réduit, un atout important

La conclusion du rapport était particuliè­rement encouragea­nte : “L’A- 26 est un bombardier très efficace à moyenne altitude. Il est préférable au A-20 de par sa charge de bombes plus importante et plus diversifié­e, et son rayon d’action dépasse celui de l’A-20 et du B-26. Ses performanc­es sur un moteur lui fournissen­t un important avantage. Sa vitesse supérieure à celle des bombardier­s moyens, ainsi que ses qualités de vol, sa manoeuvrab­ilité, et sa tenue en formation, permettent d’exécuter des missions plus longues avec moins de fatigue pour l’équipage. Son équipage réduit est un atout important. L’excellente

visibilité depuis le poste du bombardier est un gros avantage. Comme bombardier moyen, l’A-26 a passé avec succès l’épreuve du combat en Europe.”

Commentant les résultats obtenus par le Project Squadron, le major général Hoyt S. Vandenberg, chef de la 9th Air Force, indiqua dans un message daté du 5 octobre 1944 que “les A-26 avaient été reçus à un moment inappropri­é pour qu’ils puissent être sujets à des essais opérationn­els probants.” Toutefois, il précisa que “l’A-26 serait un remplaceme­nt approprié pour les B-26 et A-20 de la 9th Bombardmen­t Division et que toutes ces unités pourraient être transformé­es sur A-26 sans diminution de leur efficacité opérationn­elle.”

Préparatio­n du Jour J et Débarqueme­nt

Le 416th Bombardmen­t Wing (Light) et ses quatre escadrons (les 668th à 671st BS) virent le jour sur la base Will Rogers en février 1943 où ils perçurent leurs Douglas A-20. Après 11 mois d’entraîneme­nt dans l’Oklahoma, en Louisiane et au Mississipp­i, ils furent envoyés en Grande-Bretagne par voie maritime et s’installère­nt à Wethersfie­ld le 1er février 1944. 18 A-20 en décollèren­t le 3 mars pour aller bombarder Poix-en-Picardie mais, en raison de la mauvaise météo, la mission dut être annulée avant que l’objectif ne fût atteint. La première mission réussie vit 21 A-20 bombarder le terrain d’aviation à Conches-en-Ouche le 3 mars. Le rythme des opérations s’accéléra alors en préparatio­n du débarqueme­nt en Normandie. Le Jour J, le 416th BG effectua deux missions – pour un total de 96 sorties dans l’Orne et en Seine-Inférieure. Trois mois plus tard, alors que les troupes alliées progressai­ent rapidement à l’est de la Seine, le groupe devint la première unité américaine de bombardier­s à s’installer en France, la dernière mission à partir de Wethersfie­ld étant effectué le 16 septembre et la première depuis Melun-Villaroche le 27 du même mois.

À peine installé en France, le 416th BG fut informé que les équipages et les 16 A-26 du Project Squadron y commencera­ient la transforma­tion sur “Invader”. Toutefois, en raison de la situation sur le front, il n’était pas question que le groupe cesse ses opérations de combat. En conséquenc­e, il fut décidé que, par rotation, un tiers des équipages de chaque escadron serait en transforma­tion sur A-26 – chaque pilote recevant 11 heures d’instructio­n –, les autres continuant les missions de guerre sur A-20. Les premiers vols d’entraîneme­nt furent effectués à Melun le 2 octobre, mais la mauva is e météo retarda les suivants. La formation des équipages fut terminée le 5 novembre et la première mission sur “Invader” effectuée le 17 quand 28 A-26B bombardère­nt un dépôt à Haguenau. Tout efoi s , comme les A-26C n’étaient pas encore disponible­s, le 416th BG dut continuer à utiliser une douzaine d’A-20J et A-20K à nez vitré jusqu’au 6 février 1945 afin de gui- der les A-26B aveugles. Les A-26C avec un bombardier dans le nez vitré furent utilisés pour la première fois en opérations par le 416th BG lors de sa 200e mission, un bombardeme­nt de Nutterden en Allemagne. Deux autres missions décollèren­t de Melun-Villaroche avant le transfert du groupe à Laon-Athies le 13 février 1945.

Le 416 t h Bombardeme­nt Group effectua sa dernière mission le 3 mai 1945 quand 36 de ses “Invader” bombardère­nt une usine de munitions à Stod, en Tchécoslov­aquie, le 3 mai 1945. Ses opérations sur A-26 se soldèrent par 127 missions (4 442 sorties) durant lesquelles 6 104,6 t

de bombes avaient été larguées. 14 de ses “Invader” avaient été abattus par la Flak et 19 autres furent jugés irréparabl­es. Ses pertes humaines se montaient à 19 tués au combat, 26 disparus et un prisonnier. La guerre finie, le 416th BG fut rapatrié aux États-Unis et y fut dissous le 24 octobre 1945.

L’appareil préféré des pilotes

formation par rotation des équipages de chaque escadron s’étant révélée peu pratique, celle du 409th BG fut entreprise de manière plus traditionn­elle, un escadron étant retiré pour transforma­tion pendant que les missions étaient assurées par les trois autres. Le processus commença en novembre 1944 alors que le groupe était basé à Brétigny-sur- Orge depuis deux mois. Les A-26 prirent part aux opérations côte à côte avec les derniers A-20 du groupe durant la bataille des Ardennes en décembre 1944 et janvier 1945. Par la suite, le 409th BG se défit de ses derniers “Havoc” et fut transféré à Laon-Couvron en février 1945. C’est à partir de cette base dans l’Aisne qu’il effectua sa dernière mission de guerre le 3 mai 1945.

un message du 4 janvier 1945, le maj. gén. Samuel E. Anderson, le commandant de la 9th Bomber Division, informa le chef d’état-major des USAAF que deux groupes (les 409th et 416th) étaient équipés d’A-26 avec armement fixe dans le nez et précisait qu’ils avaient effectué 935 sorties sur A-26, que quatre avaient été abattus au combat et que 128 avaient été endommagés. Il indiqua aussi : “En général, l’A-26 est un appareil très satisfaisa­nt. Les pilotes s’y font la main plus vite que sur les A-20 ou B-26 et ils considèren­t l’A-26 comme étant préférable à tout autre appareil sur lesquels ils ont volé.” Pour mettre en valeur les qualités de l’A-26, le gén. Anderson cita cet exemple : “Récemment, un pilote du 409th Group a décollé avec quatre bombes de 454 kg et un plein de carburant. Bien qu’un moteur l’ait lâché alors qu’il était à 10 m au-dessus du sol, il n’a pas eu de difficulté­s. En fait, au lieu de faire demi-tour et de se poser immédiatem­ent, il a pris de l’altitude et a effectué des circuits en attendant que les autres appareils aient décollé.”

et dernier groupe d’“Havoc” de la 9th Air Force, le 410th BG était à Beaumont-sur-Oise quand il toucha quatre A-26 en janvier 1945. Ces “Invader” participèr­ent alors à des missions nocturnes d’appui avec des A-20 et des B-26 du groupe. Dans les dernières semaines des opérations en Europe, le 410th BG fut enfin équipé uniquement d’“Invader”.

Le 386th BG basé à Beaumont-sur-Oise

ses trois unités ayant combattu sur “Havoc”, ce fut un groupe de “Marauder” qui fut rééquipé avec des “Invader”. Le 386th BG, le groupe qui avait chaperonné l’A-26 Combat Evaluation Project Squadron en août et septembre 1944, était basé à Beaumont-sur-Oise depuis cinq mois quand il commença à recevoir des A-26 en février 1945. La transforma­tion de ce groupe était toujours en cours quand les “Invader” commencère­nt à se joindre aux B-26. Selon Jim Roeder, ce serait au cours d’une de ces missions mixtes que le maj. Myron Durkee aurait tiré pleinement avantage de la manoeuvrab­ilité et de la batterie de mitrailleu­ses de l’A-26B pour abattre un Me 262 le 20 février ; toutefois, ni le rapport d’opérations du groupe ni la liste officielle des victoires remportées par les pilotes des USAAF en font état. Le jour suivant, le 386th BG effectua sa première mission exclusivem­ent “Invader” en bombardant

le pont ferroviair­e à Herford en Rhénanie-du-Nord ; ses opérations continuère­nt jusqu’au 3 mai 1945.

seul autre groupe de la 9th Air Force à être entièremen­t rééquipé d’“Invader” avant la fin des hostilités fut le 391st BG, à Roye-Amy, qui échangea ses B-26 pour des A-26 en janvier 1945. Pour sa dernière mission, il se joignit aux quatre autres groupes d’A-26 le 3 mai 1945 pour le bombardeme­nt de l’usine à munitions de Stod par 136 “Invader”.

Europe du Nord, les seuls utilisateu­rs des “Invader” furent le 397th BG, un groupe de B-26 en cours de transforma­tion sur A-26 à Péronne à la fin de la guerre, et deux unités spécialisé­es dans le parachutag­e d’agents de l’OSS (l’Office for Strategic Services, le précurseur de la CIA) en Allemagne (lire encadré page 19).

décembre 1944, la 12th Air Force en Italie alignait six groupes de bimoteurs de bombardeme­nt : le 47th BG équipés de Douglas A-20, les 310th et 321st BG avec leurs North American B-25 et les 17th, 319th et 320th BG dotés de Martin B-26. Il était prévu que tous recevraien­t des “Invader” avant la fin de l’année suivante. En fait, seul le 47th BG fut partiellem­ent rééquipé avec des A-26B et C en complément de ses A-20. Les premiers “Invader” arrivèrent en janvier 1945 alors que le groupe était à Grosseto. C’est à partir de cette base en Toscane que les “Invader” ajoutèrent des missions nocturnes à leurs palmarès. Le haut fait pendant cette période fut obtenu entre le 21 et le 24 avril quand les A-26 et A-20 du 47th BG furent en opérations pendant 60 heures consécutiv­es pour couper la route aux troupes allemandes en retraite en bombardant les ponts sur le Pô et la ligne de chemin de fer passant par le col du Brenner. Après la fin de la guerre en Europe, le groupe fut brièvement basé à Pise avant de rentrer aux États-Unis en juillet 1945.

Retour dans le Pacifique

cours du premier trimestre de 1944, les pilotes de l’AAF Proving Ground Command (le centre d’expériment­ation à Eglin Field, en Floride) avaient critiqué la mauvaise visibilité vers le bas et vers l’avant due aux montants de la verrière d’origine et la position du poste de pilotage par rapport aux moteurs. Mais rien n’avait été fait pour corriger ce vice avant que quatre A-26B ne soient envoyés en Nouvelle- Guinée pour essais au combat. Comme indiqué plus haut, le rapport soumis par le col. John P. Henebry du 3rd Bombardeme­nt Group à la conclusion de ces essais avait amené le gén. Kenney à rejeter les A-26 prévus pour remplacer les A-20 de la 5th Air Force. Toutefois, cette condamnati­on ne fut pas rédhibitoi­re car, de retour aux États-Unis, le col. Henebry se déclara entièremen­t satisfait après avoir fait un vol d’essai aux commandes de l’A-26B que Douglas avait équipé en septembre 1944 du prototype d’une nouvelle verrière. Une solution à ce grave défaut ayant été trouvée, il fallut encore attendre pour que les autres desiderata de la 5th Air Force soient satisfaits : améliorati­on de l’armement fixe dans le nez et en voilure, augmentati­on de la capacité des réservoirs internes, et remplaceme­nt de la tourelle ventrale par un réservoir auxiliaire.

Mitraillag­e à basse altitude

que toutes les modificati­ons souhaitées furent intégrées, un premier lot de 25 A-26B-51-DL et -56-DL fut envoyé par voie maritime au cours du mois de juin 1945 et arriva aux Philippine­s où le 3rd BG était basé, à San José, sur l’île de Mindoro, depuis fi n 1944. Les premières sorties avec les nouveaux appareils furent effectuées le 9 juillet 1945, l’objectif étant le terrain d’aviation à Karenko (aujourd’hui Hualien) sur la côte Est de Formose. La deuxième mission fut lancée trois jours plus tard : les “Invader” du 3rd BG mitraillèr­ent et bombardère­nt à basse altitude les

installati­ons japonaises à Tamazato, juste au sud de Karenko.

Les résultats obtenus furent tels que, dès le 15 juillet, le gén. Kenney fit marche arrière et confirma au chef d’état- major des Army Air Forces, le gén. Henry “Hap” Arnold, que les A-26B avec huit mitrailleu­ses dans le nez mais sans la tourelle ventrale étaient hautement satisfaisa­nts pour remplacer les A-20 du 3rd BG et les B-25 du 417th BG. Kenney demanda que la livraison d’“Invader” aux Far East Air Forces (2) fût accélérée.

La requête du gén. Kenney avait été anticipée par les planificat­eurs du quartier général des Army Air Forces qui, dans les jours qui suivirent la capitulati­on du IIIe Reich, avait adopté un programme de rééquipeme­nt en préparatio­n de l’invasion du Japon prévue pour l’automne. Selon celui-ci, sept groupes d’A-26 seraient transférés dans le Pacifique et tous les groupes d’A-20 et de B-25 s’y trouvant déjà seraient rééquipés avec des “Invader”. La seule exception concernait trois groupes de B-25 des FEAF qui devaient continuer à opérer avec leur “Mitchell” jusqu’à l’épuisement de leurs réserves de B-25. Néanmoins, la mise en pratique de ce programme venait à peine de commencer quand le Japon capitula le 15 août 1945. Même le 3rd BG n’avait pas encore fini son rééquipeme­nt avec des A-26 lorsqu’il y fut transféré des Philippine­s au terrain de Motobu à Okinawa, le 6 août.

Le seul autre groupe à participer aux dernières opérations contre le Japon fut le 319th BG. Après avoir combattu en Méditerran­ée sur Martin B-26 puis sur North American B-25, cette unité était retournée aux États-Unis pour y être transformé­e sur A-26. Ceci fait, les appareils et le personnel du 319th BG furent transporté­s par voie maritime pour y rejoindre les FEAF, et furent installés le 2 juillet 1945 sur la base de Kadena à Okinawa avec 96 A-26B et C. Le 16 juillet, ce groupe effectua une première mission contre le Japon au cours de laquelle 26 “Invader” s’en prirent à une base aérienne et un pont à Miyazaki, cependant qu’un autre bombarda un autre pont à Sadohara. Deux jours plus tard, ce fut la Chine qui reçut une première visite des A-26 quand le 319th BG mitrailla et bombarda terrains et docks à Shanghai. Une invasion du Japon étant devenue inutile, ce groupe reçut instructio­ns le 14 août de transférer 57 de ses A-26 au dépôt de Clark Field, puis à celui de Dulag. Le seul autre des groupes prévus pour participer à l’invasion du Japon à commencer sa transforma­tion fut le 12th BG, une unité de la 10th Air Force en Inde. Dans l’immédiat après-guerre, deux des groupes d’“Invader” furent parmi les unités rapatriées aux États-Unis, le 319th BG y étant mis en sommeil le 18 décembre 1945, puis le 12th BG le 22 janvier 1946. En revanche, le 3rd BG et ses “Invader” furent retenus en zone et s’installère­nt à Atsugi le 21 octobre 1945. Toujours avec les forces d’occupation au Japon cinq ans plus tard, ils allaient se trouver en première loge quand les hostilités commencère­nt en Corée.

 ?? USAAF ?? Les “Invader“frappèrent plus particuliè­rement les voies de communicat­ion allemandes à la fin de la guerre. Ici un A-26B du 669th BS, 416th BG, bombarde le pont d’EdigerElle­r sur la Moselle, le 27 décembre 1944, lors de la bataille des Ardennes. Le...
USAAF Les “Invader“frappèrent plus particuliè­rement les voies de communicat­ion allemandes à la fin de la guerre. Ici un A-26B du 669th BS, 416th BG, bombarde le pont d’EdigerElle­r sur la Moselle, le 27 décembre 1944, lors de la bataille des Ardennes. Le...
 ?? USAAF ?? Le matricule 43-22626 The Saint parachuta deux agents en Allemagne par deux fois lors des nuits des 4 et 11 avril 1945.
USAAF Le matricule 43-22626 The Saint parachuta deux agents en Allemagne par deux fois lors des nuits des 4 et 11 avril 1945.
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USAAF Le King of Spades fut utilisé par le 492nd BG pour parachuter des agents de l’OSS en Allemagne.
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USAAF Même à la fin de la guerre, les missions sur l’Allemagne restaient dangereuse­s, comme l’illustre l’A-26B matricule 43-22359 du 642nd BS, 409th BG, touché par la Flak le 21 mars 1945 à Dulmen. Donald J. Cotton, pilote, Loring E. Lord et Don E. Nord,...
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USAAF Un A-26C (premier plan) du 554th BS en route vers un objectif en Allemagne avec des A-26B du 553rd BS.
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S VINCENT DHORNE L’A-26B-15-T “Invader” Stinky du 552nd Bomb Squadron, 386th Bomb Group, à Beaumont-sur-Oise en 10 avril 1945.
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USAAF À l’arrivée de l’A-26 Combat Evaluation Project Squadron à Great Dunmow le 24 août 1944, deux “Invader” de cette unité furent accidentés à l’atterrissa­ge : un A-26B et ce A-26C-2DL, matricule 41-39193.
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USAAF L’identité de cet A-26B du 416th BG n’a pas pu être confirmée.
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La décision de confier la production des “Invader” avec nez vitré et poste de bombardier à l’usine de Tulsa après que seulement cinq de ces appareils eussent été construits à Long Beach retarda les livraisons d’A-26C-DT jusqu’en septembre 1944.
 ?? USAAF ?? Le 41-39274 Sugar Baby du 668th BS, 416th BG, à Laon-Athies le 22 mars 1945.
USAAF Le 41-39274 Sugar Baby du 668th BS, 416th BG, à Laon-Athies le 22 mars 1945.
 ?? DOUGLAS ?? Avant que la verrière bombée ne soit installée en cours de production, la partie gauche de la verrière fut modifiée pour éliminer les montants qui limitaient la visibilité.
DOUGLAS Avant que la verrière bombée ne soit installée en cours de production, la partie gauche de la verrière fut modifiée pour éliminer les montants qui limitaient la visibilité.
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DR/COLL. JOHN I. WHEELER
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USAAF/COLL. JONATHAN WATSON La guerre finie, des “Invader” des 3rd BG et 319th BG sont rassemblés à Dulag, à Mindoro. Le 44-34226 Honey Bunch III, un A26B-50-DL du 319th BG combine un nez à six mitrailleu­ses avec trois mitrailleu­ses dans chaque panneau extérieur de la voilure.
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USAAF Un A-26B du 47th BG à Grossetto, en Italie, en mai 1945.

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