Le “Rafale”
Présent et avenir… Réflexion sur le rôle du “Rafale” dans la force nucléaire française.
"Base de Saint-Dizier, 5 heures du matin. Pascal ouvre la verrière et aspire longuement l’air frais de ce matin d’automne. Jamais sans doute il n’avait mesuré aussi intensément une phrase de l’un de ses instructeurs à Salon : “Un vol de nuit c’est comme un vol de jour sauf que cela se passe la nuit !” Il y a plus de huit heures maintenant qu’il avait quitté la planète, lui et Thomas, son navigateur officier système d’arme, à bord de ce “Rafale” F3 de l’Escadron Gascogne.
Cette nuit Pascal et Thomas ont été des hommes de la dissuasion nucléaire. Huit heures harassantes, huit heures d’une concentration sans repos. Huit heures qui ont vu se succédé des phases à haute altitude et des chevauchées fantastiques à 150 pieds [45 m]. Huit heures pendant lesquelles ils n’avaient été qu’un pion d’un dispositif très complexe dont la maîtrise les dépasse mais dont ils savent que la tête est le président de la République. Huit heures d’entraînement hors normes pour une mission hors normes.
Pascal n’avait pas souhaité devenir pilote de combat pour être un homme de la dissuasion nucléaire. À 20 ans, la subtilité d’une mission qui consiste à mettre au point une arme si puissante qu’il convient surtout de ne pas avoir à la larguer un jour lui aurait heureusement échappé. Pour Pascal, le “Rafale” à Mach 2 c’était Maverick [héros de Top Gun. NDLR.] et voir le soleil tous les jours.
Et puis il avait bien fallu qu’il se rende à l’évidence : la volonté des hommes de la IVe République, puis celle du général de Gaulle, de redonner à la France les moyens de sa sauvegarde passait dans les années 1950 par l’accès à l’arme atomique. Et Pascal avait compris qu’il n’était qu’un modeste héritier de tous ceux, savants, scientifiques, artilleurs, ingénieurs, marins, aviateurs, stratèges qui avaient bâti cette formidable machine non pas à gagner la guerre mais à l’éviter. Plus encore il avait