Lockheed “Have Blue” furtif Quand un triangle devient un avion
Comment un rapport venu incognito d’Union soviétique survolant une tasse à café en Californie provoque une révolution dans la guerre aérienne avec des avions de combat furtifs.
C’est une histoire datant de 1975 racontée par Ben Rich, alors tout jeune patron des fameux bureaux d’études des Skunk Works sis à Burbank, en Californie. “L’atelier des putois”, selon la traduction littérale, est un aréopage d’ingénieurs de Lockheed avec des méthodes simples mais terriblement efficaces qui s’impose depuis 1943 comme un des meilleurs bureaux d’études aéronautiques du monde. Ben Rich narre dans ses mémoires de façon très plaisante comment lui est venue l’idée d’un avion invisible face aux radars (1). Il ne se leva pas un matin tel Archimède en criant “Eurêka !”. Rendant à César ce qui appartient à César, Rich raconte que c’est Denys Overholser, obscur ingénieur spécialiste des radars, qui lui apporte la pierre de Rosette permettant de concevoir l’avion furtif, sous la forme d’un dossier passant au-dessus de la tasse de décaféiné trônant invariablement sur son bureau.
Overholser ne propose rien de moins qu’un avion invisible aux radars. Il se base sur les travaux d’un certain Piotr Ufimtsev, un spécialiste soviétique des radars, auteur en 1964 d’un rapport tombé dans l’oubli dans son pays d’origine mais qui n’a
(1) Skunk Works, A Personal Memoir of My Years at Lockheed, par Ben Rich et Leo Janos.