LE TRAIN D'ATTERRISSAGE DU RAFALE
Quelles sont les différences entre le Rafale Air et le Rafale Marine ? Le train d'atterrissage et les cocardes. Tour d’horizon.
Le Rafale Air et le Rafale Marine sont les mêmes avions à une différence principale près : leur train d'atterrissage. Celui du Rafale Marine est plus lourd puisqu'il doit pouvoir absorber, à l'appontage et au catapultage, des efforts beaucoup plus importants, et, puisqu’il apporte aussi une assistance à l'action des gouvernes au décollage. Cet excédent de masse a été jugé superflu sur le Rafale Air.
Les Rafale se posent comme tous les avions, selon la même technique, en arrondissant la trajectoire de leur approche à proximité du sol pour prendre contact en douceur avec celuici. Mais, sur un porte-avions, ils appontent sans arrondi – une technique propre à tous les avions embarqués donnant plus de précision au toucher des roues afin d'accrocher les brins d'arrêts avec la crosse. C'est pourquoi le train d'atterrissage des avions embarqués est dimensionné pour absorber beaucoup plus d'énergie.
Les Rafale Air disposent eux aussi d'une crosse d'arrêt en secours, pour être immobilisé sur les pistes où la barrière d'arrêt, qui est levée pour stopper un avion arrivant trop vite, a été remplacée par des câbles disposés près du sol comme les brins d'arrêt sur un pont de porte-avions. Cependant, la crosse du Rafale Marine est plus robuste parce qu'elle est conçue pour absorber, une fois de plus, une énergie sensiblement supérieure.
Un atterrisseur multifonction
L'atterrisseur avant du Rafale Marine est facile à reconnaître. Il est plus long, ce qui donne au sol une assiette plus cabrée à l'avion, favorable à l'envol sur courte distance, et, pour la première fois sur un avion français, il porte, devant les roues, la barre de lancement qui s'accroche au sabot de la catapulte. Et, comme cette dernière peut tirer jusqu'à 80 tonnes comme le rappelle Yves Kerhervé, un des pilotes d'essais du Rafale chez Dassault, l'atterrisseur doit être renforcé par une grosse barre de contreventement qui apparaît derrière lui. Enfin, une innovation de Dassault : le « train sauteur », ce que la NASA a appelé « Jump Strut » en expérimentant son utilité sur un avion à décollage et atterrissages courts (STOL) au début des années 1990. Au catapultage, l'atterrisseur avant du Rafale Marine avant tend à s'écraser, mais lorsque la barre de lancement se décroche du sabot, il se détend comme un ressort en aidant la rotation ( l’instant où l'avion cabre pour s'envoler). Sur le Rafale, celle-ci peut atteindre 19° par seconde. Un tel dispositif permet, à masse égale, de décoller à une vitesse plus basse, ou, à vitesse égale, d'emporter plus de charge, la distance du catapultage (75 m) restant constante. L'atterrisseur avant braque aussi beaucoup plus sur le Rafale Marine, pour faciliter le roulage sur le pont ; une fois l'avion posé, il peut encore être déverrouillé pour pivoter de 70° par rapport à l'axe de l'avion quand celui-ci est tracté ou poussé. Enfin, les trois atterrisseurs et la crosse du Rafale Marine sont liés par une barre, absente du Rafale Air.
Voici donc pourquoi la masse du train d'atterrissage du Rafale Marine est environ quatre fois supérieure à celle du Rafale Air. Mais cela ne constitue, en vol, aucun handicap, car, comme le dit Yves Kerhervé : «Envol,onnepeutpasdistinguerle RafaleAirduRafaleMarine,sinon
parlescocardes.» Ainsi les pilotes des deux versions du Rafale peuventils suivre la même formation. ■