Le Fana de l'Aviation

LE TRAIN D'ATTERRISSA­GE DU RAFALE

Quelles sont les différence­s entre le Rafale Air et le Rafale Marine ? Le train d'atterrissa­ge et les cocardes. Tour d’horizon.

- Par Michel Bénichou

Le Rafale Air et le Rafale Marine sont les mêmes avions à une différence principale près : leur train d'atterrissa­ge. Celui du Rafale Marine est plus lourd puisqu'il doit pouvoir absorber, à l'appontage et au catapultag­e, des efforts beaucoup plus importants, et, puisqu’il apporte aussi une assistance à l'action des gouvernes au décollage. Cet excédent de masse a été jugé superflu sur le Rafale Air.

Les Rafale se posent comme tous les avions, selon la même technique, en arrondissa­nt la trajectoir­e de leur approche à proximité du sol pour prendre contact en douceur avec celuici. Mais, sur un porte-avions, ils appontent sans arrondi – une technique propre à tous les avions embarqués donnant plus de précision au toucher des roues afin d'accrocher les brins d'arrêts avec la crosse. C'est pourquoi le train d'atterrissa­ge des avions embarqués est dimensionn­é pour absorber beaucoup plus d'énergie.

Les Rafale Air disposent eux aussi d'une crosse d'arrêt en secours, pour être immobilisé sur les pistes où la barrière d'arrêt, qui est levée pour stopper un avion arrivant trop vite, a été remplacée par des câbles disposés près du sol comme les brins d'arrêt sur un pont de porte-avions. Cependant, la crosse du Rafale Marine est plus robuste parce qu'elle est conçue pour absorber, une fois de plus, une énergie sensibleme­nt supérieure.

Un atterrisse­ur multifonct­ion

L'atterrisse­ur avant du Rafale Marine est facile à reconnaîtr­e. Il est plus long, ce qui donne au sol une assiette plus cabrée à l'avion, favorable à l'envol sur courte distance, et, pour la première fois sur un avion français, il porte, devant les roues, la barre de lancement qui s'accroche au sabot de la catapulte. Et, comme cette dernière peut tirer jusqu'à 80 tonnes comme le rappelle Yves Kerhervé, un des pilotes d'essais du Rafale chez Dassault, l'atterrisse­ur doit être renforcé par une grosse barre de contrevent­ement qui apparaît derrière lui. Enfin, une innovation de Dassault : le « train sauteur », ce que la NASA a appelé « Jump Strut » en expériment­ant son utilité sur un avion à décollage et atterrissa­ges courts (STOL) au début des années 1990. Au catapultag­e, l'atterrisse­ur avant du Rafale Marine avant tend à s'écraser, mais lorsque la barre de lancement se décroche du sabot, il se détend comme un ressort en aidant la rotation ( l’instant où l'avion cabre pour s'envoler). Sur le Rafale, celle-ci peut atteindre 19° par seconde. Un tel dispositif permet, à masse égale, de décoller à une vitesse plus basse, ou, à vitesse égale, d'emporter plus de charge, la distance du catapultag­e (75 m) restant constante. L'atterrisse­ur avant braque aussi beaucoup plus sur le Rafale Marine, pour faciliter le roulage sur le pont ; une fois l'avion posé, il peut encore être déverrouil­lé pour pivoter de 70° par rapport à l'axe de l'avion quand celui-ci est tracté ou poussé. Enfin, les trois atterrisse­urs et la crosse du Rafale Marine sont liés par une barre, absente du Rafale Air.

Voici donc pourquoi la masse du train d'atterrissa­ge du Rafale Marine est environ quatre fois supérieure à celle du Rafale Air. Mais cela ne constitue, en vol, aucun handicap, car, comme le dit Yves Kerhervé : «Envol,onnepeutpa­sdistingue­rle RafaleAird­uRafaleMar­ine,sinon

parlescoca­rdes.» Ainsi les pilotes des deux versions du Rafale peuventils suivre la même formation. ■

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Pour le jeu des Sept différence­s ! L'atterrisse­ur avant du Rafale Air, ci-dessus (Dassault Aviation/A. Bonfort), et du Rafale Marine, ci-dessous (Dassault Aviation/S. Randé), une fois la barre de traction abaissée sur la catapulte (le hold-back n'appartient pas à l'avion). La barre de contrevent­ement est bien visible.

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