Le Fana de l'Aviation

Restaurati­on gagnante

Récompensé­e par la Coupe Gifas du Grand Prix du Patrimoine de l’Aéro-Club de France, la restaurati­on du “Corsair” F-AZEG est le fruit de presque une décennie de travail par une petite équipe de bénévoles.

- Par Xavier Méal

La grande aventure du “Corsair” des Casques de cuir qui vient de s’offrir une nouvelle jeunesse.

Le 14 juillet 2002, le “Corsair” F-AZEG vola deux fois dans la journée, aux mains de Georges Perez. D’abord 20 minutes au- dessus de l’aérodrome de Duxford, près de Cambridge en Grande-Bretagne, dans le cadre du spectacle aérien Flying Legends, et une heure et trente minutes pour rentrer à La Ferté-Alais. Puis il s’endormit quatre ans, bien à l’abri dans un des hangars du plateau de Cerny. Jusqu’à ce que Baptiste Salis, appuyé par ses frères, le sorte de sa torpeur pour lui donner un coup de jeune, entraînant avec lui une petite équipe de bénévoles très motivés. Au fil des week-ends et de soirées, Xavier, Olivier, Frédérick, Franck, Alain, Joseph, Jean-Luc, Pascal, Vincent, Hubert, Clément, Jean-Marc, Michel, Zozo et quelques autres vont alors oeuvrer. Mais nul n’imaginait alors que le “coup de jeune” allait durer presque dix ans…

Le Chance-Vought F4U-5NL “Corsair” BuAer n° 124724 a été livré à l’US Navy le 26 septembre 1951, puis assigné en avril 1952 à la VC-3, un escadron composite envoyé en Corée à bord du Valley Forge en décembre suivant. Après un premier tour d’opérations qui dura six mois, il fut détaché à bord du Boxer en août 1953, pour un second tour d’opérations qui se termina en novembre 1953 et à l’issue duquel il fut renvoyé aux ÉtatsUnis. Sa trace se perd alors un peu, mais on le retrouve en mars 1956 sur le dépôt à ciel ouvert de l’US Navy de Litchfield Park, dans le désert de l’Arizona. Ce mois-là, la Fuerza Aera Hondurena (FAH) conclut un accord avec les États-Unis aux termes duquel furent livrés sur la base de Tegucigalp­a 10 F4U-5, F4U-5N et F4U-5NL – parmi lesquels le BuAer n° 124724.

La Guerre du football en 1969

Après avoir participé aux combats de Corée, le 124724 fut ainsi engagé dans ceux de la fameuse “Guerre du football” en 1969, avec le matricule FAH600 (lire Le Fana de l’Aviation n° 435). Il est quasi certain qu’il prit part à des attaques au sol contre les forces armées du Salvador qui avaient franchi la frontière ouest du Honduras. Cette guerre dura un peu moins de deux semaines, après quoi le 124724 et les autres “Corsair” de la FAH furent retirés du service, entreposés et remplacés par des F- 86 “Sabre” au début des années 1970. En 1979, la société Hollywood Wings Inc. des Américains George et Jim Nettle acheta les huit derniers “Corsair” encore en état de vol de la force aérienne du Honduras ; elle en revendit sept à des collection­neurs américains et conserva le BuAer n° 124724, le dernier des 567 F4U-5 construits. Pendant le vol de convoyage vers les ÉtatsUnis, le train d’atterrissa­ge du 124724 refusa de sortir alors qu’il se présentait en longue fi nale sur l’aéroport de Belize, étape prévue pour refaire les pleins. Ed Real, qui était aux commandes, largua alors

les réservoirs supplément­aires audessus de la jungle et procéda à un atterrissa­ge sur le ventre. Les dégâts furent relativeme­nt minimes, le chasseur glissant sur les pylônes d’emport sous les ailes. Les pièces nécessaire­s, dont l’immense hélice, furent expédiées en urgence depuis la Californie, et avec l’aide des troupes britanniqu­es alors stationnée­s sur place, le 124724 fut à nouveau déclaré bon de vol seulement deux semaines plus tard et rejoignit sans plus d’encombre sa nouvelle base de Los Angeles, en Californie. Hollywoods Wings le fit voler pendant quatre ans, avant de le vendre, en 1983, à Terry Randall et John Rourke de Tulsa, dans l’Oklahoma, lesquels le revendiren­t immédiatem­ent à Philipp Bass de Fairhope, dans l’Alabama. En 1984, Bass vendit alors le “Corsair” à Ralph C. Parker de Whichita Falls, au Texas, qui le fit repeindre dans ses couleurs originales de la VC-3, unité avec laquelle il avait servi en Corée codé 22-NP, mais seulement avec la lettre P (comme Parker) peinte sur l’empennage vertical. Ralph Parker décida de le revendre deux ans plus tard.

Salis l’acheta en mars 1986 et le fit acheminer par bateau jusqu’à Rotterdam, où il arriva le 21 avril 1986 avant de transiter par Le Havre. Puis il le fit immatricul­er F-AZEG et “l’avion de Pappy Boyington” enchanta les aficionado­s français et européens pendant 15 ans.

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XAVIER MÉAL
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FRÉDÉRICK VANDENTORR­EN Le décapage intégral fut une des toutes premières étapes de la longue restaurati­on du F-AZEG.
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Le F-AZEG lors d’une de ses premières apparition­s en publique à La Ferté-Alais en 1986.
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