Le B-29 et la menace de raids à grande échelle
Début 1944, les pilotes japonais se lancent dans un entraînement intensif pour contrer des raids annoncés de B-29. La tâche s’annonce ardue…
Si au début de 1944, le nouveau bombardier américain ne s’était toujours pas manifesté, la menace fut prise au sérieux de sorte que protéger l’archipel contre les B-29 constitua dès lors la tâche prioritaire du Bôei Soshireibu, le Commandement général de défense nationale. Les spécialistes s’accordaient sur le fait que le B-29, profitant de son plafond opérationnel élevé, allait très probablement opérer à une altitude de l’ordre de 10 000 m, particulièrement gênante pour les chasseurs nippons. Ces derniers n’en commencèrent pas moins un intensif entraînement au combat à haute altitude et étudièrent des tactiques adaptées au futur adversaire que tous les échos présentaient comme redoutable.
La tâche ne s’annonçait pas facile dans la mesure où tous les moteurs utilisés à cette époque, tant par l’Armée que par la Marine, s’essoufflaient nettement au-delà de 5 000 m. Il en résultait qu’en fonction des types de chasseurs, il fallait compter de 45 à 60 minutes pour se hisser à 10 000 m, altitude maximale pour certains d’entre eux, voire plus
longtemps encore lorsqu’ils opéraient en grandes formations. Cela signifiait un laps de temps de combat à 10 000 m limité à quelque 30 minutes, la durée moyenne de descente et de recherche du terrain le plus proche étant elle aussi de l’ordre de la trentaine de minutes. De surcroît, combattre à très haute altitude, dans un air raréfié, imposait d’énormes efforts physiques et de concentration. Beaucoup de pilotes japonais découvrirent à leurs dépens qu’une manoeuvre inappropriée ou mal anticipée suffisait à leur faire perdre 1 000 à 1 500 m, voire plus, qui nécessitaient de 10 à 15 minutes de “grimpette” pour regagner l’altitude initiale. Au sujet des particularités liées à l’altitude, le capitaine Masaji Tsunoda du 18e Sentaï raconta : “Nous savions que les formations de B-29 allaient arriver à très haute altitude, 9 000 ou 10 000 m, aussi avons-nous accéléré le rythme des exercices d’interception à de telles altitudes. Tout d’abord, grim-