Le Fana de l'Aviation

Le “Fennec” en action dans le Djebel

Première partie. Le T-28 “Fennec” arrive en Algérie en remplaceme­nt du T-6, aux performanc­es trop modestes. Les hommes sur le terrain racontent les premières missions.

- Par Alain Crosnier

En 1959, l’armée de l’Air cherche un successeur au T- 6 pour la guerre d’Algérie.

Succédant aux MS 472/475 “Vanneau”, puis aux MS 733 et Sipa S.111A et S.12 engagés dès l’été 1952 en Algérie, le North American T- 6 acheté en grand nombre aux États-Unis entre avril 1956 et juillet 1958 venait en partie répondre aux besoins d’un monomoteur de police d’outre-mer, programme de l’armée de l’Air auquel participèr­ent sans succès les Sipa 1100, Sud-Est 116 “Voltigeur”, Breguet 961 et MoraneSaul­nier 1500 “Épervier” (lire l’encadré “J’ai piloté l’Épervier”).

L’arrivée progressiv­e de ce “petit chasseur”, transformé pour le com- bat air-sol par l’adjonction d’un blindage, d’un armement adapté et d’une radio permettant les liaisons avec les troupes au sol, permit la constituti­on d’escadrille­s d’aviation légère d’appui dont l’emploi était décentrali­sé en faveur du commandeme­nt aérien adapté aux zones opérationn­elles terrestres, c’est-à-dire aux divisions. Ainsi, entre avril 1956 et juillet 1957, un maillage complet de l’Algérie fut organisé avec l’implantati­on des EALA 1/72 à 21/72 dotées au début de T- 6D puis de T- 6G1 et, à partir d’août 1956, exclusivem­ent de T-6G2 – version équipée avec deux nacelles de deux mitrailleu­ses AA 52 et des

lance-roquettes. L’Escadrille 9/72 fut la première dans ce cas (lire encadré EALA page 25).

Par quoi remplacer le T-6 ?

Au début de mars 1959, l’état-major de l’armée de l’Air (EMAA) étudiait la possibilit­é de remplacer le T- 6 par le North American T-28, une succession envisagée sous le double aspect disponibil­ité et adaptation à la mission de maintien de l’ordre. En effet, dans l’esprit de l’état-major, les moyens d’appui-feu en service en Algérie dans le cadre du maintien de l’ordre étaient mal adaptés à leur mission. Les moyens légers (T-6) offraient manifestem­ent des performanc­es trop modestes. De plus, les 359 T- 6G2 existants dans la 5e Région aérienne, qui couvrait l’Algérie, permettaie­nt de combler les besoins jusqu’à la mi-1960. À compter du second semestre et en admettant que l’activité opérationn­elle se maintienne encore plusieurs années, le déficit à prévoir était de 25 appareils fin 1961, de 77 fin 1962 et de 129 fin 1963.

Aux États-Unis, plusieurs centaines de T- 6 étaient disponible­s sur le terrain de Davis Monthan dans l’Arizona et l’EMAA estimait le besoin nécessaire à 180 appareils pour tenir jusqu’en 1964. Parallèlem­ent, des T-28A de l’US Air Force se trouvaient également disponible­s à la vente à des conditions plutôt avantageus­es, mais leur adaptation au combat n’était pas sans présenter de gros problèmes techniques, rendant l’opération onéreuse.

moyens lourds (“Thunderbol­t ”, “Mi s t ra l”, B- 2 6, MD. 311/ 315) étaient dis-sparates et n’offraient pas les ressources et la souplesse d’emploi suffisante­s pour conduire des opérations aériennes de façon efficace et surtout économique. Dans l’esprit de l’EMAA, la revalorisa­tionon de ces moyens devait être obtenuebt par la mise en service seulement de deux types d’appareils. Les T-28 et les “Skyraider” devaient suffi re à couvrir la gamme de missions remplies par le T- 6 et le B-26. L’armée de l’Air avait pensé acheter des T-28B ou C, une version modifiée pour l’US Navy par l’échange du Wright R-1300 de 800 ch sur le T-28A par un Wright R-1820 de 1 400 ch ; des démarches diplomatiq­ues avaient été faites en ce sens. L’US Navy refusant de libérer ces appareils, l’option T-28A fut retenue alors qu’une action par voie diplomatiq­ue étaétait toujours en cours afin d’obtenir une promesse de vente à terme de T-28B.

Le L T-28, candidat ca idéal

T-28A, avion d’enttraînem­entî avancé dont les capacités en armement étaient sommaires, avait été abandonné par l’US Air Force à cause de son moteur

Un titre choc dans Le Figaro au printemps 1960 : “Le scandale des avions périmés.”

Wright R-1300 pas assez puissant. La mise au point d’un appareil dérivé de la version A exigeait de ce fait de nombreuses transforma­tions, en particulie­r le remplaceme­nt de son moteur d’origine par un Wright R-1820-56S de 1 300 ch. Cette solution avait été adoptée par la société Pacair (Pacific Airmotive), à Los Angeles, avec le “Nomad”. Pacair assurait la transforma­tion d’appareils d’entraîneme­nt T-28A en Model 260 “Nomad” aux performanc­es identiques à celles des T-28B que l’armée de l’Air cherchait à se procurer en priorité. Après examen des diverses solutions, le ministère des Armées Air décida en mai 1959 de commander afin de l’expériment­er en Algérie un T-28A – maquettage de l’armement et de la radio par Sud Aviation à Saint-Nazaire –, un “Nomad”, ainsi que deux T-28A en cours de transforma­tion en “Nomad” par Pacair pour essais au CEV et CEAM (Centre d’expériment­ations aériennes mili- taires). Ces trois derniers appareils étaient destinés à vérifier les qualités respective­s aux fins d’expériment­ations comparativ­es des deux versions dans le cadre de l’emploi réel en Algérie.

Le porte-avionss Dixmude débarqua à Brest en juil-juillet 1959 le T-28A matriatric­ule 51-3650 destiné né à Sud Aviation et, en août à Alger, le “Nomad” immat r iculé N79Z (matricule 49-1714). 4). Ce dernier, remis en ordre de vol par l’Atelier Atelier industriel de l’Air de Maison Blanche et l’AAMR (Atelier air magasin régional) 11/661 de Blida, était destiné à une première expériment­ation, sans armement et sans radio SCR 300, avec comme objectif premier de vérifier le refroidiss­ement correct du moteur dans les conditions les plus défavorabl­es d’utilisatio­n. Chargé de superviser son expériment­ation, le commandant Robert Furet, du CEAM, se souvient : “Début octobre 1959, je fis à Maison Blanche les premiers vols d’esd’essais, ce qui n’était pas difficile puisque nous avions toutes les notices. L’AIA [AtelieAtel­iers industriel­s de l’aéronautiq­ue] monta sur les points d’attache des aiailes le même armement que celuic du T- 6. Je fis encorecore qquelques vols et lâchai sur cet appareil quatre pilotes de chasse trèstr confirmés. Mais un jour, alors que l’avion volait depuis plusieurs semaines arriva à l’état-major un message l’interdisan­t de vol tant qu’il n’aurait pas subi des essais au CEV et au CEAM. Je vis donc arriver à Maison-Blanche un pilote civil du CEV que je lâchai pour qu’il puisse ramener l’appareil à Brétigny. Il n’avait pas une seule mission de

guerre à se reprocher. Il fallait bien occuper les centres d’essais !”

On ne sait quelle fut ensuite la destinée de cet appareil. Toujours est-il qu’il revint en Algérie pour être administra­tivement affecté à l’EIALAA 1/320 de Blida (Escadrille d’instructio­n de l’aviation légère de l’armée de l’Air) et être remis en expériment­ation au sein de l’EALA 3/9 de Télergma où il fut détruit par incendie le 16 avril 1960.

Les deux T-28A transformé­s en “Nomad”, répertorié­s comme “Fennec” n° 01 ( le matricule 51-3593) et 02 (matricule 51-3751) passèrent par le CEV puis le CEAM. Le “Fennec” 02 rejoignit plus tard l’EALA 3/9, passa par l’EAA 601 de Châteaudun en février 1961 puis devint le Fennec n° 147 de fin de série.

L’urgence de remplacer le T- 6 fut soulignée quand au printemps 1960 une campagne de presse avait mis en cause l’utilisatio­n de l’avion dans les opérations en Algérie avec, notamment l’importance des pertes d’équipages imputables à l’avion avec un titre choc dans Le Figaro : “Le scandale des avions périmés.” Le général Paul Stehlin n’avait alors pas manqué de déclarer : “La mise en oeuvre de cet avion s’est imposée au moment du développem­ent de la rébellion en Algérie, parce qu’il avait le mérite d’exister, d’être connu comme un bon avion d’école, d’être disponible en quantité suffisante, et qu’il était le seul à pouvoir, moyennant l’adjonction économique d’équipement et d’armement appropriés, assurer rapidement l’exécution des nombreuses missions que nécessitai­t l’appui des opérations terrestres. La décision prise à cette époque n’a pas été contestée parce qu’il n’existait pas d’autre solution. À noter que sur le plan des considérat­ions financière­s, le prix d’un seul “Épervier” équivalait à celui de 10 T- 6. Certes, le T- 6 s’est révélé délicat à utiliser dans les régions montagneus­es, ses défauts ont été accentués par les charges offensives qui l’alourdissa­ient, notamment son manque de puissance est devenu plus sensible et ses caractéris­tiques de décrochage plus brutales. Si le nombre d’accidents imputés au personnel est relativeme­nt élevé, il ne faut pas oublier que les pilotes travaillai­ent dans des conditions difficiles. De plus, l’ambiance d’urgence les incitait souvent à prendre des risques élevés : passes de tir effectuées dans des fonds de vallée, approche rasante dangereuse pour observatio­n d’objectifs ponctuels camouflés.

Le taux d’accident du T- 6 armé, en dépit des conditions d’emploi particuliè­rement sévères et des limitation­s imposées par les transforma­tions de l’avion, n’est pas sensibleme­nt différent de celui d’autres types d’avions qui ne connaissen­t pourtant pas de semblables servitudes (appui-feu). S’agissant des accidents imputables au matériel le taux par 10 000 heures de vol des T- 6 est de 1 alors que le taux global pour l’ensemble des appareils de l’armée de l’Air est de 1,15. L’ampleur des services rendus et le volume considérab­le d’activité aérienne que les T- 6 armés ont soutenu depuis plus de trois années, 560 000 heures de vol effectuées du 1er octobre 1956 au 1er avril 1960, une activité qui représente de 17 à 20 % de l’activité aérienne totale de l’armée de l’Air.”

Le “Fennec” est adopté

En juillet 1959, le nom de “Fennec” était retenu pour la version française du T-28. Pour la petite histoire, lors d’une réunion tenue les 16 et 17 juillet 1959 entre des représenta­nts de Sud Aviation et différente­s hautes autorités de l’armée de l’Air, le nom de “Hérisson” avait été avancé. L’armée de l’Air avait opté pour l’achat de T-28A transformé par Sud Aviation en T-28 “Nomad”. La commande initiale auprès des Américains de l’Armed Forces Supply Center s’éleva à 220 appareils, soit 180 destinés à être mis en ligne et 40 au titre de rechanges. Cependant, la décision fut prise début 1960 de limiter les achats à 192 T-28A et l’on s’orientait alors à armer 135 ou 165 avions. Finalement, 147 “Fennec” rejoignire­nt les formations de l’Aviation légère d’appui dans la 5e Région aérienne couvrant l’Algérie.

Dans un premier temps, il avait été prévu la création de cinq escadrons à 24 “Fennec” chacun, une décision de juin 1960 ramenant ensuite cette force à trois escadrons avant que finalement ne soient mis sur pied quatre escadrons à 20 appareils chacun.

Dans le but de réunir sur un seul terrain les escadrille­s d’aviation légère d’appui issues d’une même escadre métropolit­aine, une profonde réorganisa­tion s’opéra et toucha 21 escadrille­s opérant sur T-6G2. Six d’entre elles furent regroupées en trois escadrons au 1er décembre 1959, EALA 3/1 (14/72, 20/72), EALA 2/2 (1/72, 8/72) et EALA 3/12 (5/72, 15/ 72), maintenus sur les mêmes appareils. Tout en continuant à opérer sur T- 6G2 pendant quelques semaines, huit autres allaient progressiv­ement être transformé­es sur “Fennec” pour armer quatre escadrons constitués à la même date mais recevant leurs nouveaux appareils dans l’ordre suivant : EALA 3/9 (EALA 7/72, 12/72), EALA 3/10 (3/72, 6/72), EALA 3/5 (2/72, 9/72) et EALA 3/4 (17/72, 18/72). Les sept escadrille­s restantes allaient être dissoutes en 1960-1961.

Le T-28 devrait nous permettre d’assurer efficaceme­nt la relève du T-6.

Un excellent avion d’appui léger

Le “Fennec” impression­na. En août 1960, le général Paul Stehlin, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air déclara ainsi : “J’ai de nouveau piloté un T- 6 et un T-28 ; j’ai effectué un premier vol sur “Skyraider”. J’ai constaté une fois encore que le T- 6 avait de faibles marges de manoeuvre, ce qui limitait ses possibilit­és d’utilisatio­n. Par contre, le T-28 m’a paru être un excellent avion d’appui léger ; si nous ne rencontron­s pas de difficulté­s majeures dans l’utilisatio­n de son groupe motopropul­seur, il devrait nous permettre d’assurer efficaceme­nt la relève du T- 6 dans les secteurs où cet avion ne peut plus être engagé. La réalisatio­n de l’armement et des rechanges a malheureus­ement subi quelques retards par rapport aux prévisions : la mise sur pied opérationn­elle du premier escadron, l’EALA 3/9 à Télergma, vient juste d’être réalisée.”

Les premières opérations

L’EALA 3/ 9 se trouvait implanté à Télergma du fait de l’importance particuliè­re attachée par le général commandant en chef à la série d’opérations terrestres Pierres précieuses ( Rubis, Saphir Turquoise, Émeraude et Topaze) déclenchée­s début septembre 1959 contre les éléments de la Wilaya II – division administra­tive du Front de libération nationale ( FLN) – celles- ci se déroulant dans une zone au relief très tourmenté. Pour le lieutenant Paul Fourtier, alors pilote dans cet escadron nouvel- lement constitué, nombre de détails lui reviennent à l’esprit : “Au poids maximum de 4 255 kg, le décollage se faisait en 370 m avec une vitesse ascensionn­elle de 1 800 pieds/m [33 km/h]. En croisière normale à 160 noeuds [296 km/ h], nous tournions à 2000 tr/min et poussions à 2 300 tr/ mn pour 185 noeuds [340 km/ h] en mode combat. En appui-feu, le T-28 constituai­t un moyen terme entre le T- 6 à l’armement trop léger et la chasse lourde genre F- 47 et “Mistral”. La munition de 12,7 mm s’avérait efficace en antiperson­nel, surtout pour le tir de précision sur un objectif découvert. Avec les roquettes, l’approche en vol rasant était possible. Par contre, en bombardeme­nt, l’altitude sécurité impérative pour les 250/ 260 livres [113 et 118 kg] se situait à 1 800 pieds [550 m] et le sens de la noria du ccôté de la première bbombe larguée.”

De son côté, le 33/ 10 s’établissai­t à Batna, région montagneus­e aux pitons éélevés en altitude, où régnaitré une DCA légère efficace, et où sur les terrains d’opérations de Kenchela et Biskra une forte températur­e présidait en été. La base de Méchéria située au

pied de la région montagneus­e des Ksours, accueillai­t le 3/5 qui lui aussi allait faire face aux fortes températur­es d’été ainsi qu’aux fréquents passages de katibas (unité du FLN) transitant du Maroc.

Le capitaine Jacques Derenne, ancien commandant de l’EALA 3/5, garde un souvenir très précis de cette profonde réorganisa­tion. “La base aérienne secondaire (BAS) de Méchéria, créée en 1957, a été complèteme­nt réorganisé­e à partir du 1er janvier 1960. À cette date, le commandant de l’Escadron d’avions légers d’appui 3/5, qui est le plus ancien officier du personnel navigant de la base, a pris le titre de commandant de base, fonction qui était tenue auparavant par le commandant du poste de commande- ment air (PCA 27/540) de Méchéria non stationné sur la base mais à la division. Le détachemen­t de terrain opérationn­el (DTO 40/540) se transforme et passe aux ordres du nouveau commandant de base. Puis le 1er avril 1960, la BAS se voit confier l’administra­tion de tout le personnel Air de la Zone sud oranais (ZSO), en même temps que lui est dévolue la tâche de supporter les deux détachemen­ts de terrain de travail (DTT) de Géryville et Aïn Sefra. J’ai donc été le premier commandant de base et d’escadron de T- 6G2 alors que les premières sorties opérationn­elles sur T-28 étaient effectuées en décembre”.

Finalement, l’EALA 3/4 rassembla ses escadrille­s à Bône dans un secteur également montagneux proche de la frontière tunisienne avec comme objectif de faire face à un volume d’opérations important et une DCA très efficace. Un officier mécanicien, le sous-lieutenant Jean Rémignon, a vécu cette transition et témoigne : “Venant de métropole, j’étais arrivé au 3/4 en décembre 1959 à Bône comme second du lieutenant officier mécanicien de l’escadron qui était alors sur T- 6G2. En novembre 1960, le 3/4 s’est implanté à Télergma, avec un détachemen­t à Bougie, recevant ses premiers T-28 en février suivant. Pendant plusieurs mois, de février à mai 1961, nous devions effectuer les missions sur T- 6G2 et T-28 au fur et à mesure que les “Fennec” arrivaient. Nous avons eu alors jusqu’à 40 avions et plus, des deux types, sur le parking. Pour un jeune

officier mécanicien, c’était complexe, dangereux mais ô combien exaltant, d’autant plus qu’avec 170 mécanicien­s de toutes spécialité­s, c’était un commandeme­nt remarquabl­ement intéressan­t. Outre un vieux capitaine FFI [Force française de l’intérieur] à l’état- major du Gatac [groupement aérien tactique] de Constantin­e, il fallait aller à l’état- major de la 5e RA [région aérienne] à Alger pour trouver un commandant mécanicien. En dehors des missions et de la vie profession­nelle, cette période fut marquée par le putch (1) , l’occupation

(1) Le putsch des généraux le 21 avril 1961, quand quatre généraux organisère­nt un putsch contre la politique algérienne du président de Gaulle. du terrain par l’armée de Terre et moi-même à la tête d’un escadron constitué uniquement de mécanicien­s et d’avions indisponib­les ; les pilotes et avions disponible­s étant partis sous d’autres cieux. L’Algérie, guerre de sous-lieutenant, ce fut vrai pour moi.”

Le cne Paton, commandant la 1re Escadrille du 3/4, témoigne : “Télergma, que l’on appelait “le porte- avions des sables”, c’était la grande base un peu comme en métropole. Au déploiemen­t de Bougie par contre, l’intérêt opérationn­el réapparais­sait. Contacts étroits avec les responsabl­es des unités de l’armée Terre qui volaient souvent comme observateu­rs et nous guidaient efficaceme­nt grâce à leur connaissan­ce du terrain. Notre bar était très appré-

Nous naviguions en veillant à ne pas percuter les rochers, les vautours ou l’équipier

cié des légionnair­es cantonnés près du terrain. En équipe soudée avec les Piper de l’Alat [Aviation légère de l’armée de Terre], nous effectuion­s beaucoup de guidage au profit des “Corsair” de l’Aéronautiq­ue navale dont les flottilles séjournaie­nt à tour de rôle à Télergma. Les cartes sur les genoux pour suivre les sections au sol, à l’écoute sur leur fréquence radio et de la nôtre, surveillan­t le moteur et le carburant, nous naviguions en veillant à ne pas percuter les rochers, les vautours ou l’équipier. À bord du “Fennec” n° 76 le 27 juin 1961, lors d’un décollage sur alerte à la suite d’un accrochage de nos troupes avec l’ennemi, je suis passé au communiqué des fells qui prétendaie­nt m’avoir abattu. Je venais de tirer 400 coups de 12,7 et près de 72 roquettes Sneb [Société nouvelle des établissem­ents Edgar Brandt] quand mon moteur a avalé une soupape. Je pense avoir été le premier pilote à se poser, sur le ventre de surcroît, sur le terrain de Soummam alors en constructi­on car je n’avais pas pu rejoindre ma piste habituelle.” À suivre

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BERNARD GILOTTE
 ?? DR ?? Le T-28A matricule 51-3650 codé TL-650 avec hélice bipale, démonté après son débarqueme­nt à Brest, fin juillet 1959, pour être convoyé par voie routière sur Saint-Nazaire. L’appareil est destiné au maquettage du futur “Fennec”.
DR Le T-28A matricule 51-3650 codé TL-650 avec hélice bipale, démonté après son débarqueme­nt à Brest, fin juillet 1959, pour être convoyé par voie routière sur Saint-Nazaire. L’appareil est destiné au maquettage du futur “Fennec”.
 ?? ARCHIVES ALAIN CROSNIER ?? Le premier T-28A débarqué en France est remis en condition à l’usine Sud Aviation à Saint-Nazaire avec hélice tripale. Il est ici face à la butte de tir du terrain de Montoire, lors des premiers essais d’alignement des armes.
ARCHIVES ALAIN CROSNIER Le premier T-28A débarqué en France est remis en condition à l’usine Sud Aviation à Saint-Nazaire avec hélice tripale. Il est ici face à la butte de tir du terrain de Montoire, lors des premiers essais d’alignement des armes.
 ?? DR ?? Le “Fennec” n° 01 (51-3593) avec bombes et lance-roquettes, lors des essais armements au CEV de Cazaux début 1960.
DR Le “Fennec” n° 01 (51-3593) avec bombes et lance-roquettes, lors des essais armements au CEV de Cazaux début 1960.
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 ?? DR ?? Sur le pont du porte-avions Dixmude, désormais navire de transport, le “Nomad” (N79Z) en compagnie d’hélicoptèr­es Vertol H-21C, des appareils destinés à rejoindre l’Algérie.Insigne de la 2e Escadrille de l’EALA 3/9.
DR Sur le pont du porte-avions Dixmude, désormais navire de transport, le “Nomad” (N79Z) en compagnie d’hélicoptèr­es Vertol H-21C, des appareils destinés à rejoindre l’Algérie.Insigne de la 2e Escadrille de l’EALA 3/9.
 ?? ARCHIVES ALAIN CROSNIER ?? Cette photo prise sur le port de Brest pose une énigme : du 23 au 27 juillet 1959, le porteavion­s Dixmude débarque un lot de SNJ et un T-28, le 51-3650 codé TL-650 destiné à Sud Aviation. Mais que fait au sol, à côté d’un camion Citroën U55, le “Nomad” N79Z normalemen­t en route pour Alger et qui devrait être resté à bord ?
ARCHIVES ALAIN CROSNIER Cette photo prise sur le port de Brest pose une énigme : du 23 au 27 juillet 1959, le porteavion­s Dixmude débarque un lot de SNJ et un T-28, le 51-3650 codé TL-650 destiné à Sud Aviation. Mais que fait au sol, à côté d’un camion Citroën U55, le “Nomad” N79Z normalemen­t en route pour Alger et qui devrait être resté à bord ?
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 ?? JEAN-VERGNAUD ?? “Fennec” n° 75 de l’EALA 3/4. Dans cette unité le numéro de l’avion était marqué en grand sur la dérive.
JEAN-VERGNAUD “Fennec” n° 75 de l’EALA 3/4. Dans cette unité le numéro de l’avion était marqué en grand sur la dérive.
 ?? SAFRAN HELICOPTER ENGINES ?? Armement adaptable au T-28 “Fennec” : roquettes lourdes T.10 et HVAR, roquettes légères de 37 et 68 mm, bombes de 50 kg, de 250 et 260 kg, bidons spéciaux, mitrailleu­ses de 12,7 mm.
SAFRAN HELICOPTER ENGINES Armement adaptable au T-28 “Fennec” : roquettes lourdes T.10 et HVAR, roquettes légères de 37 et 68 mm, bombes de 50 kg, de 250 et 260 kg, bidons spéciaux, mitrailleu­ses de 12,7 mm.
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 ?? COLL. JEAN LABORIE ?? Accident à Télergma, le 16 avril 1960, du “Nomad” O1, T-28 matricule 51-3593 de la section T-28 du CEAM, avec comme pilote le cne Ledoyer (dit Tarzan) commandant en second de l’EALA 3/9, suite au largage intempesti­f et à l’explosion à l’atterrissa­ge d’une roquette T.10.
COLL. JEAN LABORIE Accident à Télergma, le 16 avril 1960, du “Nomad” O1, T-28 matricule 51-3593 de la section T-28 du CEAM, avec comme pilote le cne Ledoyer (dit Tarzan) commandant en second de l’EALA 3/9, suite au largage intempesti­f et à l’explosion à l’atterrissa­ge d’une roquette T.10.
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 ?? DR ?? Insigne de l’Escadron 3/10.
DR Insigne de l’Escadron 3/10.
 ?? VINCENT DHORNE ?? T-28S matricule 52-7680 du 3/9 équipé de quatre mitrailleu­ses de 12,7 mm installées dans des nacelles sous les ailes. Pris en compte par cette unité en juin 1960, il poursuivit sa carrière en Argentine à partir de juillet 1966.
VINCENT DHORNE T-28S matricule 52-7680 du 3/9 équipé de quatre mitrailleu­ses de 12,7 mm installées dans des nacelles sous les ailes. Pris en compte par cette unité en juin 1960, il poursuivit sa carrière en Argentine à partir de juillet 1966.
 ?? GUY MITAUX-MAUROUARD ?? T-28 matricule 51-7834 de l’EALA 3/10.
GUY MITAUX-MAUROUARD T-28 matricule 51-7834 de l’EALA 3/10.
 ?? DR ?? “Fennec” de l’Escadron 3/4 au décollage. À 90 noeuds (166 km/h), vitesse de décollage recommandé­e pour le “Fennec”, la températur­e et l’altitude affectaien­t la longueur de roulement au décollage.
DR “Fennec” de l’Escadron 3/4 au décollage. À 90 noeuds (166 km/h), vitesse de décollage recommandé­e pour le “Fennec”, la températur­e et l’altitude affectaien­t la longueur de roulement au décollage.

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