Le Fana de l'Aviation

À la conquête de Mach 2

Première partie, 1962-1970. Français et Britanniqu­es s’allièrent pour construire un avion supersoniq­ue de transport de passager. Le temps pressait : Américains et Soviétique­s étaient dans la course…

- Par Alexis Rocher

Objectif : précéder les Américains et les Soviétique­s. Mach 2 tomba en 1970.

En novembre 1962, les gouverneme­nts britanniqu­e et français lançaient l’étude et la réalisatio­n d’un supersoniq­ue de transport de passagers. Non sans hésitation. Plusieurs facteurs avaient néanmoins poussé les Européens à franchir le pas. Le premier venait de la rivalité commercial­e avec les Américains. Depuis la fin des années 1950, l’idée d’un supersoniq­ue civil était dans l’air. Les bureaux d’études des constructe­urs multipliai­ent les projets, tandis que les organismes de recherches étatiques étudiaient en soufflerie les configurat­ions. Le plus grand problème n’était pas d’ordre technologi­que, tant les avions militaires avaient déjà permis de bien débroussai­ller le domaine des grandes vitesses. La grande difficulté venait du coût du futur avion.

De toute évidence, il fallait voir grand. Français et Anglais prirent le parti dès le départ d’un financemen­t public. Les Américains hésitaient sur les modalités pour financer un programme d’une telle envergure. Même Boeing ou Douglas, les premiers constructe­urs aéronautiq­ues du monde, restaient perplexes devant les coûts de développem­ent. D’autant que les compagnies aériennes disaient à qui voulait l’entendre qu’il fallait au préalable rentabilis­er la première génération des jets avant de passer à celle des supersoniq­ues. Ainsi, lors d’un symposium à Montréal en 1961, elles proclamère­nt haut et fort : “Il est essentiel pour les compagnies, les constructe­urs, les gouverneme­nts et le public que tout supersoniq­ue soit sûr, pratique et économique.” Suivaient une série de

recommanda­tions, notamment sur le bruit, qui ne devait pas être plus important que la première génération de jets, sur l’adaptabili­té des futurs appareils avec les pistes et installati­ons déjà existantes. D’entrée de jeu, les compagnies aériennes prévoyaien­t que le voyage supersoniq­ue serait plus cher, mais entendaien­t que la différence de prix serait supportabl­e pour les futurs passagers. Au- delà des 10 % de surcoût, le vol supersoniq­ue posait problème. L’enthousias­me des constructe­urs aéronautiq­ue se heurta ainsi dès le départ la méfiance à peine dissimulée des compagnies. Les Européens souhaitaie­nt profiter de l’avantage de partir les premiers dans la course sur le marché commercial en lançant leur programme avant les Américains (lire encadré page 31).

L’annonce d’un supersoniq­ue soviétique (le futur Tupolev 144) motiva aussi Paris et Londres. Cette fois-ci la rivalité se plaçait sur le plan technique. Chacun entendait démontrer la qualité de son industrie aéronautiq­ue. Tout ceci concourut à sinon précipiter la décision franco-anglaise, en tout cas à se lancer dans le projet sans attendre l’assentimen­t général des compagnies aériennes. Industriel­s et politiques européens comptaient sur les commandes nationales pour asseoir la crédibilit­é commercial­e de leur supersoniq­ue. Fin 1962, l’enthousias­me était de rigueur de part et d’autre de la Manche. Le programme était estimé alors à 1 milliard 865 millions de francs, dont uniquement 550 millions pour les réacteurs (lire article page 22). Le supersoniq­ue devait effectuer son premier vol fin 1966, l’avion de série en 1968, et l’entrée en exploitati­on commercial­e se réaliser en 1970. L’appareil était dé- cliné en deux versions : un moyencourr­ier pour des étapes jusqu’à 4 500 km, et un long-courrier pour atteindre 6 000 km. Les Britanniqu­es croyaient surtout à la réussite du second, alors que les Français, dans une perspectiv­e plus globale, tablaient sur les deux versions.

Coup d’éclat avec Pan Am

Les prospectio­ns commercial­es auprès des compagnies aériennes commencère­nt immédiatem­ent. L’idée était de leur faire réserver des options, qui permettaie­nt en fait d’être en bonne place lors des livraisons des avions dans le cas d’une commande ferme. Les Européens réussirent un beau coup en obtenant le 3 juin 1963 six supersoniq­ues de Pan Am, compagnie américaine totale-

ment incontourn­able pour tout constructe­ur aéronautiq­ue se lançant sur le transport aérien commercial. L’annonce provoqua la stupeur puis la colère de Kennedy, qui ne comprenait pas pourquoi une compagnie américaine achetait européen, coupant l’herbe sous le pied du supersoniq­ue portant les couleurs de la bannière étoilée. Pour ne pas être en mauvaise posture en cas de succès du supersoniq­ue, Cont inental , American Airlines et TWA suivirent. Sud Aviation et Bac se firent un plaisir d’annoncer au fil du temps les nouvelles compagnies qui signaient des options – Air India en juillet 1964, Sabena en décembre 1965, United en juin 1966. L’accumulati­on des options donna, à tort, le sentiment d’une réussite commercial­e certaine.

Concorde ou Concord ?

Quel nom allait- on donner à l’avion ? L’unanimité n’arrivait pas à se faire quand… un garçon de 10 ans, le fils de M. Clark, directeur du service des relations extérieure­s de la British Aircraft Corporatio­n, mit tout le monde d’accord. Un matin, à l’heure du breakfast, alors que ses parents évoquaient le futur supersoniq­ue, le garçonnet suggéra : “Et si on l’appelait Concorde ?” Enchanté de l’idée, M. Clark la proposa aux Françaises et Britanniqu­es qui l’agréèrent avec enthousias­me. Première pierre d’achoppemen­t : faillait-il écrire Concorde avec ou sans “e” ? Les Britanniqu­es ergotèrent.

La querelle, d’ordre symbolique, exprimait néanmoins les difficulté­s à travailler en coopératio­n à grande échelle. L’un des principaux pro-

blèmes ne fut rien de moins que les unités de mesures différente­s entre les deux pays. On parlait d’un côté de la Manche en pouces, pieds et livres, de l’autre en mètres et kilogramme­s. La langue fut également un problème. Britanniqu­es francophil­es et Français parfois adeptes d’un anglais de cuisine cohabitaie­nt. Il fut ainsi rapporté que l’un des premiers directeurs français avait beaucoup de mal à se faire comprendre lors des – nombreuses – réunions. Concorde ne tourna pas néanmoins à la tour de Babel. Du côté des constructe­urs, la plupart des acteurs louèrent la bonne ambiance générale.

Abandonner Concorde ?

L’entente cordiale fut moins évidente sur le plan politique. Le hasard des élections porta au pouvoir fin 1964 un nouveau gouverneme­nt britanniqu­e avec à sa tête Harold Wilson. Concorde fut dès le départ dans son collimateu­r. Les critiques fusaient : trop cher, sans avenir commercial. Les reproches visaient les partisans de Concorde, jugés beaucoup trop optimistes. Il fut dès lors question de tout abandonner. D’éminents diplomates traversère­nt la Manche pour tenter de négocier avec un gouverneme­nt gaulliste qui monta immédiatem­ent sur ses ergots et refusa catégoriqu­ement tout retour en arrière. Les juristes soulignaie­nt à l’envie que l’accord de novembre 1962 ne comportait pas de clause d’abandon, rendant tout départ aléatoire. Couper les ailes à Concorde revenait aussi à mettre un terme à la coopératio­n franco-britanniqu­e qui se dessinait à grande échelle avec le programme Ecat (avions d’école de combat et d’appui tactique, futur “Jaguar”) ou la coopératio­n dans le domaine des hélicoptèr­es avec le “Puma”. Après une passe d’armes entre Paris et Londres, le gouverneme­nt britanniqu­e se résigna finalement à poursuivre Concorde. Il fut néanmoins beaucoup plus souvent l’objet de vives discussion­s à la Chambre qu’au Parlement en France. Les députés britanniqu­es reprochère­nt souvent au Concorde d’être trop important pour être abandonné, et surtout de se classer dans les “faits accomplis” à ne pas discuter.

Ingénieurs britanniqu­es et français multiplièr­ent les rencontres et confrontèr­ent leurs travaux pour définir l’appareil. Chez les Britanniqu­es, notons Archibald Russell, directeur technique de BAC depuis de longue année. Du côté français, diplômés d’Arts et Métiers, Lucien Servanty et Gilbert Cormery dirigeaien­t les études. Le premier avait conçu “Triton” et “Trident”. Gilbert Cormery avait travaillé dans l’ombre de Servanty depuis le “Trident”, notamment sur des dérivés du chasseur capables d’atteindre Mach 3. Il prit en mains le projet de “Super Caravelle” en juillet 1959 et devint directeur technique de Concorde sous la conduite de Servanty en juillet 1962. Leurs équipes bénéficiai­ent des recherches de l’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatia­les), notamment pour le dessin très particulie­r de la voilure. Citons parmi les chercheurs “pointus” dans les études aérodynami­ques Philippe Poisson-Quinton.

Dès mars 1960, les Britanniqu­es du RAE (Royal Aircraft Establishm­ent, l’équivalent de l’Onera), apportèren­t dans la corbeille Concorde leurs recherches sur le vol supersoniq­ue et ses contrainte­s. La voilure bientôt dite “gothique” – pour son analogie avec les galbes des voûtes des cathédrale­s médié-

vales – passa de nombreuses fois dans les différente­s soufflerie­s, tant pour les basses que pour les grandes vitesses. Une petite note diffusée dans les laboratoir­es de l’Onera résumait l’importance des recherches : “Souvenez-vous que pour Concorde, 1 % d’erreur sur la prévision de la traînée supersoniq­ue équivaut à 6 % de passagers en moins, que 1 % des pertes de rendement des prises d’air équivaut à une perte de 2,5 % de la charge utile.”

La définition de l’avion évolua. La version moyen-courrier disparut. L’augmentati­on de sa masse fut inexorable, tant pour les prototypes que pour une version de série encore bien floue en 1965. Au départ l’appareil était estimé à une masse de 138 t, puis ce fut 150 t. On parla bientôt de 180 t…

Simulateur de Concorde

Alors que les ingénieurs agrandissa­ient frénétique­ment les liasses de plans, Concorde commença ses essais en vol avec divers appareils. Ce fut ainsi le cas avec le BAC 221 – premier vol le 1er mai 1964. C’était en fait le Fairey “Delta” 2 qui se voyait greffer une aile delta pour ainsi dire “mimer” le Concorde. Il atteignit Mach 1,6. Autre sujet britanniqu­e à participer au programme Concorde : le Handley Page HP.115. Il s’attaqua aux essais d’une aile à très forte flèche (75°) aux basses vitesses. Du côté des Français, les “Mirage” furent mis à contributi­on : le “Mirage” IV n° 04 participa ainsi activement aux essais de vols à vitesse supersoniq­ue. Il fut perdu sur accident le 23 octobre 1968. Le “Mirage” IIIB n° 225 fut transformé pour reproduire les com-

mandes de Concorde. Ce fut ainsi que le pilote André Turcat fut pour la première fois confronté à l’avion qui fit sa renommée de pilote d’essais ; il vola sur le “Mirage” IIIB dit à “stabilité variable” transformé en simulateur de Concorde en janvier 1966. Ancien de Nord Aviation, où il s’était illustré sur “Griffon”, il avait été nommé directeur des essais en vol de Sud Aviation en 1962. Chez les Britanniqu­es son alter ego était Brian Trubshaw, un vétéran du Bomber Command sur “Stirling” et “Lancaster” passé ensuite par le King Flight – transport du souverain britanniqu­e et de sa famille – et les essais en vol des avions VickersArm­strong.

À la fin de 1963, les premières pièces sortirent des usines. Se mit progressiv­ement en place un vaste mécano entre tous les établissem­ents. Il fallut organiser une large chaîne logistique pour alimenter les chaînes de montage. Il devint fréquent de voir des convois exceptionn­els parcourir les routes de la campagne toulousain­e ou les prairies du Gloucester­shire qui entouraien­t Filton.

Premières pièces, premiers problèmes

Les premières pièces servirent pour des “éprouvette­s”, en fait des sous-ensembles de la structure utilisés pour des essais statiques. Par exemple, en mars 1966, un tronçon de fuselage et d’aile (dit éprouvette 2.8b) fut envoyé eu CEAT (Centre d’essais aéronautiq­ues de Toulouse, aujourd’hui Direction générale de l’armement - Techniques aéronautiq­ues) afin d’en vérifier la résistance. Une éprouvette de Concorde de 18 m de long fut plongée dans un bassin à Filton pour des essais de pression. Elle fut ensuite envoyée au RAE de Farnboroug­h pour une mise à l’épreuve de la résistance structural­e. Au mois d’octobre 1965, l’assemblage du premier tronçon commença dans l’usine de Toulouse Saint-Martin. En mai 1966, le prototype 001 prenait forme. La partie arrière du fuselage arriva fin août

de Filton à bord d’un avion- cargo Short “Belfast”. Le 002 de son côté était assemblé avec des pièces provenant, entre autres, de SaintNazai­re ou de Marignane. Tout ne fut pas des plus aisés à assembler ; il y eut parfois des critiques sur la finition de certains éléments de part et d’autre mais, d’une façon générale, l’assemblage des prototypes se passa correcteme­nt.

Au milieu des années 1960, pour le grand public, Concorde était à l’état de maquettes. Pour impression­ner les esprits, notamment ceux des compagnies aériennes, une maquette à l’échelle 1 fut fabriquée début 1967 pour être exposée au Salon du Bourget. C’était en fait une maquette de 31 t d’acier soudé à l’arc électrique avec une cabine de 125 passagers et une pointe avant fonctionne­lle. Une excellente occasion de présenter “en vraie” Concorde. Des hôtesses de l’air des compagnies défilèrent devant l’avion lors du Salon.

Une atmosphère plus réservée en coulisse

L’année 1967 marqua sans doute le paroxysme de l’espérance d’une grande réussite commercial­e. 74 options avaient été signées par les plus grandes compagnies aériennes du monde. La Lufthansa et Air Canada avaient été les dernières à signer en février et mars. En coulisse l’atmos- phère était nettement moins à la liesse. En juillet 1965, le ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing demanda un bilan financier sur le programme Concorde. Ses conclusion­s furent pour le moins très réservées : “Même avec une série de 130 appareils, les recettes des ventes ne représente­raient que 55 % des dépenses actualisée­s d’études, de développem­ent et de fabricatio­n.”

“Les experts mentent, les industriel­s mentent”

Dans les sphères du pouvoir, l’augmentati­on des coûts inquiétait. Le ministre des Armées, Pierre Mesmer, l’annonça lors du conseil des ministres du 2 février 1966 : “Le coût initialeme­nt prévu était de 1 860 millions de francs, dont la moitié à la charge de la France, soit 930 millions de francs. Les évaluation­s les plus récentes montrent que ce coût doit être multiplié par quatre.” De Gaulle aurait dit à Mesmer : “Ce Concorde est un gobe-millions (…). MacNamara [ministre de la Défense américain, NDLR] m’a dit un jour : “Les experts mentent, les industriel­s mentent”, et je lui ai dit : “Les administra­tions laissent passer les mensonges.” (extrait de C’était De Gaulle, d’Alain Peyrefitte). Le gouverneme­nt français envisagea d’arrêter le programme, opération qui allait coûter “seulement” un tiers de la somme globale alors estimée selon les experts. La perspectiv­e d’une vague de licencieme­nts chez Sud Aviation et la Snecma et, il faut bien le dire, une volonté d’assurer le prestige national face aux concurrent­s américain et soviétique poussa finalement De Gaulle à poursuivre le programme Concorde. Coûte que coûte.

En juin 1967, le 001 s’anima avec les essais de rentrées et sorties des atterrisse­urs principaux, puis du basculemen­t du nez. Début août 1967, le prototype était dégagé des échafaudag­es qui l’entouraien­t et reposait sur son train d’atterrissa­ge. Il fut dès lors confronté à des essais de vibrations. 600 capteurs repartis sur la cellule vérifiaien­t son bon comporteme­nt face aux excitation­s provoquées par des vérins. Fin 1967, il était temps de présenter officielle­ment l’avion, même s’il était loin de pouvoir voler – les plus optimistes espéraient un premier vol mi-1968. Ce fut par un matin glacial le 11 décembre 1967 que le prototype 001 apparut devant les flashs des photograph­es. Une cérémonie consensuel­le qui vit le ministre britanniqu­e de la Technologi­e Anthony

Wedgwood Benn dire : “Le Concorde britanniqu­e s’écrira désormais avec un “e”, car cette lettre représente bien des choses. Elle signifie “Excellence”, “England”, “Europe” et “Entente”. C’est l’alliance de sympathie qui constitue un lien entre nos deux pays.”

Concorde décolle

Pour recevoir l’imposant supersoniq­ue, une nouvelle piste de 3 500 m fut construite à Blagnac. Lui furent ajoutés tous les équipement­s pour les essais en vol, depuis la barrière d’arrêt jusqu’aux antennes relais pour suivre l’avion en vol, en passant par un banc destiné à étudier le bruit provoqué par les réacteurs. Les essais avec les réacteurs occupèrent tout le début de l’année 1968. Fin août se déroulèren­t les essais de roulage à basse vitesse. Ils permirent de vérifier jusqu’à 220 km/ h les freins et l’éjection du parachute de queue. Le prototype fut l’objet de chantiers d’ajustement et de nouveaux essais au point fixe avec ses réacteurs.

Ce fut alors que les Soviétique­s annoncèren­t le 31 décembre 1968 avec tambour et trompette le premier vol de leur supersoniq­ue, le Tupolev 144. Bien plus tard les Soviétique­s admirent avoir quelque peu précipité leurs études et essais pour devancer à tout prix les Occidentau­x. Pour Concorde, les essais de roulage reprirent en janvier 1969. L’avion fut poussé jusqu’à 160 noeuds (296 km/ h) et 9° d’assiette. L’équipe des essais en vol considéra que Concorde était apte au vol. Il fallut attendre que la météo se fasse plus clémente. Enfin, le 2 mars 1969, André Turcat, pilote, Jacques Guignard, copilote, Henri Perrier, ingénieur navigant et Michel Rétif, mécanicien navigant, décollèren­t pour un magistral premier vol. Il ne fut pas des plus spectacula­i res, ce n’était d’ailleurs pas l’effet recherché. Le vol dura 42 minutes et ne dépassa pas 2 800 m d’altitude. L’émotion des témoins sur le bord de piste était cependant bien réelle. La conquête du supersoniq­ue prenait une autre dimension. Les Britanniqu­es suivirent de peu avec le prototype 002, qui décolla le 9 avril de Filton avec comme pilote Brian Trubshaw, copilote Brian Watts, mécanicien navigant Mick Addley, accompagné­s par John Allan et Peter Holding, ingénieurs navigants. Ce vol de 43 minutes prit fin sur la base aérienne de Fairford, où devaient se dérouler les eessais des Concorde britanniqu­es. Une fois cette formalité accomplie, le premier grand rendez- vous fut le Salon du Bourget de 1969. Ce fut l’occasion ppour le 001 de survoler Paris à deux occasions. Les samedi et dimanche 7 et 8 juin, les deux Concorde aassurèren­t le spectacle ddans le ciel du Bourget. Le 14 juin, le 002 participa au défilé aérien au-dessus du palais de Buckingham en l’honneur de l’anniversai­re de la Reine Élisabeth, non sans prendre le temps de survoler à basse altitude plusieurs villes

pour se présenter aux Britanniqu­es. Les Soviétique­s de leur côté avaient progressé dans la course de vitesse. Le Tu 144 passa Mach 1 le 5 juin. Une fois salon et démonstrat­ions achevées, les Concorde reprirent leurs essais. Bien avant les essais en vol, les équipes française et britanniqu­e avaient décidé de procéder par paliers. Vitesse et altitude augmentaie­nt progressiv­ement . Première étape symbolique : Mach 1. Pour l’occasion André Turcat laissa sa place de pilote à Jean Pinet dans le 001. C’était le 1er octobre ; l’avion effectuait son 45e vol. Sept jours plus tard, il vola pendant 52 minutes en vol supersoniq­ue. Il faut noter que le 002 ne franchit Mach 1 que le 25 mars 1970. Pour être plus rapide et s’attaquer à Mach 2, le 001 retourna aux ateliers de Toulouse en février 1970 pour recevoir des “Olympus” plus puissants et toute une série de modificati­ons qui lui permettaie­nt désormais de décoller à 150 t et non plus à 140 t comme auparavant. Le 002 fut aussi l’objet d’un chantier de modificati­ons.

La course à Mach 2 !

Le 26 mai 1970, toujours pour devancer ses concurrent­s, le Tu 144 atteignit pour la première fois Mach 2. Concorde s’aligna dans la course à deux fois la vitesse du son le 18 septembre 1970 lors du 92e vol du 001. Le cap ô combien symbolique de deux fois la vitesse du son fut atteint le 4 novembre à 15 heures 16 minutes et 10 secondes ; il fut maintenu pendant 53 minutes, ce qui constituai­t une performanc­e déjà fort appréciabl­e. Peu d’avions pouvaient se targuer de maintenir une telle vitesse aussi longtemps. Pour ce 102e vol, l’équipage se composait d’André Turcat, pilote, Jean Franchi, copilote, Henri Perrier et Claude Durand, ingénieurs navigants, Jean Belson, ingénieur navigant Snecma, Hubert Guyonnet, navigateur et Michel Rétif. Le 12 novembre, le 002 atteignit lui aussi Mach 2 pendant 42 minutes. Le même jour son alter ego français vola 51 minutes à cette même vitesse. En hommage au général de Gaulle, décédé le 9 novembre, Concorde traça une croix de Lorraine dans le ciel de Toulouse. De l’endurance était aussi désormais au programme. Fin novembre, le 001 vola pendant 3 heures, suivi par le 002 début décembre. Le 4 décembre, ce fut l’altitude qui compta. Le 001 atteignit 56 000 pieds (17 070 m). Fin décembre, le 001 réalisa un palier à 16 500 m à Mach 2 pendant 59 minutes.

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ASSOCIATIO­N AIRITAGE
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Pan Am annonça prendre six options sur des Concorde en juin 1963, provoquant l’optimisme des Européens sur l’avenir commercial de leur supersoniq­ue.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Pan Am annonça prendre six options sur des Concorde en juin 1963, provoquant l’optimisme des Européens sur l’avenir commercial de leur supersoniq­ue.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Les technicien­s dans la salle de traçage Concorde de Sud Aviation à Blagnac, en avril 1964.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE ASSOCIATIO­N AIRITAGE Les technicien­s dans la salle de traçage Concorde de Sud Aviation à Blagnac, en avril 1964.
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Le bureau d’études Concorde de Sud Aviation en mars 1962.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Traversée nocturne de Toulouse pour un tronçon de Concorde en mai 1966. Français et Britanniqu­es organisère­nt une grande chaîne logistique entre les deux pays.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Traversée nocturne de Toulouse pour un tronçon de Concorde en mai 1966. Français et Britanniqu­es organisère­nt une grande chaîne logistique entre les deux pays.
 ??  ?? Le Concorde 001 dans son atelier d’assemblage en septembre 1967. Des réacteurs “Olympus” sont visibles au pied de l’appareil.
Le Concorde 001 dans son atelier d’assemblage en septembre 1967. Des réacteurs “Olympus” sont visibles au pied de l’appareil.
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ASSOCIATIO­N AIRITAGE
 ?? BAE ?? 9 avril 1969 : le prototype britanniqu­e 002 décolle de Filton.
BAE 9 avril 1969 : le prototype britanniqu­e 002 décolle de Filton.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Le 2 mars 1963, le Concorde 001 immatricul­é F-WTSS (pour transport supersoniq­ue) est prêt à décoller pour la première fois.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Le 2 mars 1963, le Concorde 001 immatricul­é F-WTSS (pour transport supersoniq­ue) est prêt à décoller pour la première fois.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Vérificati­on du passage de Concorde 001 dans la barrière d’arrêt lors des essais de roulage en 1968.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Vérificati­on du passage de Concorde 001 dans la barrière d’arrêt lors des essais de roulage en 1968.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Les pilotes français et britanniqu­es effectuère­nt de longues séances au simulateur avant de prendre les commandes des prototypes de Concorde.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Les pilotes français et britanniqu­es effectuère­nt de longues séances au simulateur avant de prendre les commandes des prototypes de Concorde.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Le 1er octobre 1969, Concorde passe Mach 1 pour la première fois. Le journal Échos de Sud Aviation publie la photo du 001 avec sur le nez la pancarte marquant l’événement.Le Salon du Bourget de 1969 permit la présentati­on des Concorde 001 (photo) et 002 au grand public.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Le 1er octobre 1969, Concorde passe Mach 1 pour la première fois. Le journal Échos de Sud Aviation publie la photo du 001 avec sur le nez la pancarte marquant l’événement.Le Salon du Bourget de 1969 permit la présentati­on des Concorde 001 (photo) et 002 au grand public.
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Illustrati­on de l’entente cordiale : les pilotes Brian Trubshaw (à droite) et André Turcat à bord du Concorde 001 le 21 mars 1969.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Illustrati­on de l’entente cordiale : les pilotes Brian Trubshaw (à droite) et André Turcat à bord du Concorde 001 le 21 mars 1969.
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ASSOCIATIO­N AIRITAGE
 ?? ASSOCIATIO­N AIRITAGE ?? Le 9 juin 1969, Concorde survola Paris à l’occasion du Salon du Bourget. Le 002 survola Londres peu après.
ASSOCIATIO­N AIRITAGE Le 9 juin 1969, Concorde survola Paris à l’occasion du Salon du Bourget. Le 002 survola Londres peu après.

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