Le “Mirage” 4000 et le marché saoudien
Le “Mirage” 4000, avant même son premier vol, intéressa plusieurs pays, en particulier l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak, mais la guerre entre ces deux derniers ( septembre 1980- août 1988) mit un terme aux négociations. Ce fut avec l’Arabie Saoudite, déjà équipée de McDonnell Douglas F- 15 et qui désirait diversifi er ses sources d’approvisionnement, que les discussions furent les plus avancées. Il fut convenu, en mai 1978, lors de la visite offi cielle du roi Khaled en France, que des négociations pour associer l’Arabie Saoudite à ce programme pourraient débuter après le premier vol. En mai 1979, à l’invitation du ministre de la Défense, Yvon Bourges, une délégation saoudienne vint évaluer l’appareil. Une présentation personnalisée fut réalisée au cours du Salon de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget de juin 1979. À cette date, la participation demandée au gouvernement saoudien était de 5,1 milliards de francs couvrant le fi nancement de deux prototypes supplémentaires dont un biplace ainsi que des outillages pour la production de 250 appareils dont 50 biplaces. En septembre 1980, un chiffre de 9,7 milliards de francs fut annoncé pour fi nancer trois prototypes et l’industrialisation de 300 appareils à la cadence de quatre par mois. La part de la France correspondrait à l’apport de tout ce qui avait été fait et fi nancé dans le cadre du “Mirage” 2000 ( mêmes technologies, mêmes moteurs, mêmes systèmes). L’opération fut présentée comme conjointe dans le cadre d’un “paquet” “Mirage” 2000/“Mirage” 4000. La production pour l’exportation de 300 “Mirage” 4000 à partir de 1984, étalée sur 10 ans, représentait un chiffre d’affaires en devises de l’ordre de 80 milliards de francs, soit 30 000 emplois créés ou maintenus pendant ces 10 années. Le 17 février 1981, Marcel Dassault écrivit au président Valéry Giscard d’Estaing sur les perspectives d’achat en provenance de pays du golfe Persique. Il demandait, faute de pouvoir obtenir une commande d’avions de présérie, une commande de deux prototypes. Le 10 mai 1981 vit un changement de président de la République. François Mitterrand fut élu puis nomma Pierre Mauroy au poste de Premier ministre. Le 8 octobre 1981, ce dernier informa Marcel Dassault qu’il avait rencontré le roi d’Arabie Saoudite, lequel désirait des “Mirage” 4000 et proposait de s’associer à la France pour les frais d’industrialisation de cet appareil. Mais, pour que le “Mirage” 4000 puisse être lancé, une commande française de présérie de cinq “Mirage” 4000 était nécessaire. N’étant pas obtenue, le programme fut arrêté en 1983 et les vols suspendus.