Le Fana de l'Aviation

En pleine guerre en 1918 La grippe espagnole frappe l’aviation française

À un siècle d’écart, les archives nous racontent comment la pandémie de la grippe dite “espagnole” frappa l’aviation française alors en guerre.

- Par David Méchin

Les origines de la grippe dite “espagnole” sont longtemps restées mystérieus­es. Elle est connue sous ce nom parce que l’Espagne, pays non belligéran­t de la Première Guerre mondiale, n’a pas eu sa presse soumise à la censure militaire et a été la première à parler librement de la pandémie au mois de mai 1918, donnant ainsi l’illusion d’être le foyer de l’infection. C’est bien loin d’être la réalité et les recherches historique­s montrent que les premiers cas semblent s’être déclarés aux États-Unis au mois de mars 1918, l’épidémie se répandant ensuite en Grande-Bretagne puis en Europe quelques mois plus tard. Il s’agit alors à ce moment d’une grippe sans mortalité particuliè­re que les Français surnomment “grippe de trois jours”. Mais les choses vont s’aggraver au mois de septembre 1918 lors d’une seconde vague avec des cas mortels détectés au États-Unis. Cette vague se répand à la fin du mois dans tout le pays ainsi qu’en Europe où le pic de l’épidémie a lieu entre les mois d’octobre et novembre comme le montre une étude statistiqu­e réalisée pour les villes de New York, Londres, Paris et Berlin.

s’agit cette fois-ci d’une grippe dix fois plus mortelle que d’habitude provoquant le décès de 5 % des malades, sachant que près de 40 % de la population est touchée par le virus. L’épidémie se propage sans qu’aucune mesure de confinemen­t ne soit prise dans une Europe en guerre… Après cette seconde vague épidémique mortelle, une troisième vague, moins grave mais amenant un nouveau flot de victimes, va se développer en Europe à la fin du mois de décembre 1918 pour se terminer au mois de février 1919. L’épidémie va ensuite se propager dans le reste du monde et va connaître encore quelques cas locaux jusque dans l’année 1920.

La seconde vague décime les Cigognes

la seconde vague mortelle de l’épidémie commence à frapper en France au mois d’octobre 1918, les forces armées alliées sont en train de réaliser leur offensive finale contre les troupes allemandes qui reculent de toutes parts en assez bon ordre. L’aviation française est concentrée en Champagne pour appuyer l’offensive menée par les troupes francoamér­icaines sur ce secteur.

des carnets de comptabili­té de campagne des escadrille­s permet de se rendre compte que l’épidémie devient un problème militaire avec de nombreux navigants ou “rampants” notés comme “évacués”, sans toutefois que l’on sache si ceci est lié à la grippe. Cette source peut être complétée par l’examen des dossiers individuel­s des 175 as de l’aviation française, qui sont en général bien documentés. Compte tenu des pertes qu’a amenées la guerre, il y en a 138 vivants au 1er octobre 1918 quand la grippe frappe.

mythique escadrille SPA 3, dite escadrille des Cigognes, qui a rassemblé dans ses heures de gloires de 1916 et 1917 tous les grands as de l’aviation

 ??  ?? Georges Raymond (à droite), alors lieutenant, félicite Georges Guynemer
(au centre) à qui on vient de remettre la croix d’officier de la Légion d’honneur au printemps 1917. Devenu chef de l’escadrille SPA 3, Georges Raymond est le premier as à tomber victime de la grippe espagnole le 4 octobre 1918.
Georges Raymond (à droite), alors lieutenant, félicite Georges Guynemer (au centre) à qui on vient de remettre la croix d’officier de la Légion d’honneur au printemps 1917. Devenu chef de l’escadrille SPA 3, Georges Raymond est le premier as à tomber victime de la grippe espagnole le 4 octobre 1918.
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