Le Fana de l'Aviation

Les nacelles canons du F-4

Nouvel armement

- DR

Lors du premier bombardeme­nt des F- 4B de l’USMC, le 13 mai 1965, les avions étaient chargés de six bombes Mk-79 Mod 1 de 1 000 livres (453 kg)… de napalm ! Mais il arrivait parfois que la fusée explosât en l’air sans que le napalm s’embrase. Le FAC (Forward Air Controller, contrôle aérien avancé) qui guidait pour la première fois des F- 4, voyant que certains bidons n’avaient ppas explosé,p, demanda aux piloteses de ces nouveaux avions, qu’il n’avait encore jamaisais pris en compte, dee refaire une passe au canon. Il aurait fallu voir sa tête au moment où les pilotes lui ont répondu qu’ils ne disposaien­t d’aucunn canon sur le F- 4B !

Pour compensern­ser cette absence sensibleen­sible pour les missionss de CAS (Close Air Support, appui aérien avancé), un canon en nacelle avait été développé, qui avait pour avantage d’être simple à mettre en oeuvre et dont les munitions étaient relativeme­nt peu coûteuses. Le Hugues Mk- 4 “Hipeg” bitube de 20 mm mesurait 4,7 m de long, pesait 650 kg approvisio­nné et était armé de 750 obus. Les avions de combat des Marines pouvaient même en emporter plusieurs, en point central et sous les ailes. Les essais menés avec des A- 4 sur la base de China Lake en 1963 avaient démontré que l’usage simultané des trois canons avait un effet recul extrêmemen­t prononcé. Avec un domaine de tir compris entre 280 noeuds (518 km/h) et 450 noeuds (833 km/h) indiqués, il fonctionna­it correcteme­nt à haute altitude, à basse températur­e et même en conditions givrantes. Mais il ne devait pas rester trop longtemps exposé à ces contrainte­s à moins d’être préparé avec un lubrifiant adapté. La validation de son utilisatio­n air-sol avait été rapidement effectuée ppar des attaquesq en piqué de 10 à 15 ° de pentepen et à des vitesseste­sses ded 350 noeuds ( 648648 km/ h) à 400 noeuds (7740 km/ h). Il titirait des munitition­s Mk-100 à raison de 4 200 coups papar minute. “LL’avantage de la nnacelle canon, c’est sa grande précisionp­récision, expliquait un pilote. On se sent rapidement assez à l’aise pour l’utiliser à proximité immédiate de nos troupes, même sans trop de marge de manoeuvre sur les côtés. Ce canon, avec ses 750 coups, vous autorisait de trois à cinq passes, un temps assez long pour que les “méchants” gardent la tête baissée.” Néanmoins le Hugues Mk- 4 “Hipeg”, qui était à l’origine un canon utilisé sur un véhicule terrestre (Mk-11 Mod 5) et adapté pour un usage aéronautiq­ue en nacelle, était sujet à l’enraiement. Malgré tout, environ 1 200 nacelles de ce type furent construite­s et livrées. Ce canon était régulièrem­ent utilisé.

En septembre 1966, la consommati­on de munitions de 20 mm fut de 3 000 obus pour la VMFA-323. Mais les approvisio­nnements furent touchés par des pénuries. Au mois de décembre 1966, pour faire face à la consommati­on de cet armement, essentiell­ement pour les opérations air-sol, deux millions de projectile­s de 20 mm avaient été commandés, seulement livrés en partie aux unités aériennes présentes au Viêtnam.

La nacelle “Hipeg” évaluée par l’USAF

La nacelle “Hipeg” fut évaluée par l’USAF sur un F-100 en Floride ; il s’avéra que la précision des tirs depuis les points d’emport situés sous les ailes était aussi bonne que depuis le point central. Il fallait néanmoins sensibleme­nt compenser en direction lorsque le pilote ne tirait qu’avec un seul canon dont le recul entraînait une tendance forte de l’avion à déraper.

L’USAF fit le choix de la nacelle SUU-16/A, dotée d’un canon à six tubes rotatifs (selon le principe Gatling) M61A1 de 20 mm et armé de 1 200 obus. Il fut spécifique­ment conçu pour les avions rapides et sa vitesse optimale d’emploi était de 640 km/h. La SUU-23/A était équivalent­e (M61A1 et 1200 coups) et fut utilisée sur les F- 4C et F- 4D. Elle était sensibleme­nt plus lourde que la SUU-16/A. Les technicien­s du 366th TFW firent un travail important pour valider l’emploi du nouvel armement et obtinrent l’autorisati­on de la 7th Air Force de l’utiliser au combat.

Au cours des premiers affronteme­nts contre les MiG du Viêtnam du Nord, les pilotes de F- 4 avaient été confrontés aux limites de leur système d’arme. Les missiles pouvaient être mis en défaut par les manoeuvres du pilote adverse, être tirés hors domaine, subir les affres de pannes nombreuses ou avoir leur guidage trompé par des faux échos au sol ou des sources de chaleur alternativ­es.

Entre juin 1965 et septembre 1968, pour l’ensemble de l’opération Rolling Thunder, l’US Navy et l’USAF tirèrent un total de 600 missiles air-air contre 360 cibles. Les “Phantom” II de l’USAF y contribuèr­ent en obtenant 21 victoires aériennes avec 260 AIM-7 “Sparrow”. Ces missiles étaient souvent tirés à trop courte distance des cibles et hors domaine. Quant au “Sidewinder” AIM-9B qui entrait aussi tout juste en service, il était peu manoeuvran­t et très sensible au facteur de charge de son vecteur. Un simple virage à 2 g était susceptibl­e de le faire décrocher de sa cible. Néanmoins son taux de réussite au cours de la première partie du conflit fut meilleur que celui du “Sparrow” avec 175 tirs permettant 26 victoires entre avril 1965 et septembre 1968. Au sein du 8th TFW, la règle était de tirer les missiles systématiq­uement par paire, surtout les “Sparrow”, pour augmenter les chances de coups au but.

En mai 1967, dans un de ses rapports d’activité, le 366th TFW expliquait : “Nous avons raté au minimum sept victoires aériennes lors des dix derniers jours lors d’engagement­s menés en dessous de 2000 pieds [610 m] et à des distances inférieure­s à 2 500 pieds [762 m]. En conséquenc­e, la nacelle SUU-16 devenait une solution possible à cette lacune pour les engagement­s à très courte distance.” Cette unité reçut les premières nacelles canon au début du mois de mai 1967, susceptibl­es d’améliorer les résultats lors des confrontat­ions aériennes.

Les arguments des opposants

Des opposants à la nacelle existaient. Parmi les haut gradés réticents à son emport figurait Robin Olds dont l’argumentai­re était le suivant : la traînée de la nacelle était supérieure à celle d’un réservoir de 600 gallons (2 271 l), ce qui était très pénalisant en termes de distance franchissa­ble ;

elle prenait la place de six bombes de 750 livres (340 kg) ; surtout, les nouveaux pilotes n’étaient pas formés du tout au tir canon, et la présence de cette arme pouvait être une incitation à engager un combat tournoyant, ce qui est extrêmemen­t risqué avec un “Phantom” II.

La fiabilité même des nacelles posait problème avec une disponibil­ité d’environ 50 %, parfois moins en fonction des périodes en dépit des tentatives d’améliorati­on du constructe­ur et de la maintenanc­e.

De plus, le collimateu­r des F- 4C et D ne disposait pas du mode de calcul nécessaire au tir avec déflexion indispensa­ble pour l’engagement au canon. Les pilotes apprirent rapidement à décaler leur visée de façon empirique, et avec de bons résultats. Certains, qui avaient pratiqué l’exercice, en particulie­r en air-sol, sur d’autres avions comme le F-105, réussirent souvent à mettre à profit ces connaissan­ces.

Des combats et des victoires

Néanmoins, au sein du 366th TFW, la nacelle canon devenait un emport conseillé pour les missions de protection aérienne d’une zone de combat ou d’escorte. Les vibrations rencontrée­s au moment du tir étaient, certes, pénalisant­es pour la précision du tir, mais n’étaient pas rédhibitoi­res. Elle était même considérée comme un emport intéressan­t pour le straffing (mitraillag­e au sol).

Les premières victoires au canon furent enregistré­es le 14 mai 1967. Le 480th TFS était chargé des missions MiGCAP : protéger un raid de F-105 qui avait pour objectifs des casernemen­ts du côté de Ha Dong. Plus de 25 chasseurs ennemis se mirent alors en vol pour tenter de briser le raid, forcer les F-105 à larguer leurs bombes ailleurs que sur la cible et marquer fortement l’adversaire, d’autant que la veille avait été sanglante avec sept MiG détruits par les F-105 et les F- 4.

Plusieurs F- 4 étaient, ce jour-là, équipés du SUU-16/A, tout juste livrés, en point central. C’était le cas du F- 4C 64- 0660 de l’équipage constitué de James Hargrove et Stephen DeMuth, membres du 480th TFS, 366th TFW, qui, au cours de la mission, constatère­nt que plusieurs MiG étaient en train de s’en prendre à quatre F-105. Ils plongèrent alors pour engager le combat. L’affronteme­nt dura plusieurs minutes au cours duquel l’équipage américain tira trois missiles dont aucun n’atteignit la moindre cible. Finalement pour le quatrième tir, alors que la cible, un MiG-17, était à très courte distance du F-4, en virage serré en descente, l’équipage opta pour le canon et une courte rafale de la nacelle coupa en deux le MiG qui plongea vers le sol.

Au cours du même engagement, James Craig et James Talley, à bord du F- 4C 63-7704 du même escadron, durent aussi faire usage de leur canon. Pour le pilote ce n’était pas tout à fait une découverte. Une précédente affectatio­n sur F-105 en Allemagne lui avait permis de participer à une campagne de tirs canon air-sol comme air-air, à Whellus en Libye. Son navigateur raconte :

“À environ 25 nautiques [46 km] à l’ouest de Hanoï, on s’est fait tomber dessus par une dizaine de MiG qui sont arrivés face à nous. Nous avons largué immédiatem­ent les bidons et nous avons viré pour les engager tandis que les F-105 continuaie­nt leur route vers leur cible. Difficile de dire exactement combien de MiG étaient dans le secteur ; il y avait des avions partout et dès qu’on tournait la tête, c’était pour voir un MiG-17 poursuivi par deux F- 4. Nous avons tiré un “Sparrow” sur un premier MiG mais le guidage n’a pas fonctionné. Un autre MiG s’est alors collé dans nos 6 heures, mais nous sommes partis immédiatem­ent à la verticale et il n’avait pas assez d’énergie et de puissance pour nous suivre ; il a rompu son attaque. “Jim” a alors repéré un autre MiG et nous sommes passés à l’offensive. Alors que nous manoeuvrio­ns à sa poursuite, un SAM est venu exploser à 250 m de nous. Je me demande bien sûr qui ils pouvaient tirer ! Parce que des

“Des flammes ont jailli (…) Il a basculé sur le dos puis a plongé vers le sol ”

chasseurs, il y en avait partout ! Juste après nous avons tiré un “Sparrow” mais le MiG a viré plus court.

“Jim” a fait une barrique pour maintenir la distance et a sélectionn­é le canon de 20 mm. Le MiG était en virage à droite et il a tiré avec la bonne déflexion. Des flammes ont jailli juste en arrière du cockpit. Il a basculé sur le dos puis a plongé vers le sol. La dernière fois que je l’ai vu, il était en piqué, toujours en feu, puis il a disparu dans la couche de nuages bas sans que le pilote ne semble avoir fait de tentative d’éjection.”

Le régiment 923 avait engagé au moins huit de ses MiG-17 et ses pilotes ont revendiqué deux F- 4 abattus qui ne correspond­ent à aucunes pertes selon les sources américaine­s. Ils perdirent deux pilotes ce jour-là, Vo Van Man et Nguyen Bon.

Un MiG-21 “Fishbed” arrive alors par l’arrière

Le 22 mai suivant, dans l’après- midi, quatre F- 4C du 389th TFS du 366th TFW étaient chargés d’une mission MiGCAP en escorte d’un raid de F-105, une nouvelle fois contre les casernemen­ts de Ha Dong. L’avion leader de la patrouille avait pour équipage le lt- col Titus et son navigateur le 1st lt Zimer qui, deux jours plus tôt, avaient obtenu leur toute première victoire aérienne en descendant un MiG-21 avec un “Sparrow”. Pour cette nouvelle mission, les chasseurs étaient armés selon des configurat­ions différente­s. Les avions n° 1 et n° 3, c’est-à-dire ceux des leaders de patrouille­s, disposaien­t de quatre “Sparrow”, deux “Sidewinder”, une nacelle SUU-16/A, deux réservoirs largables de 370 gallons (1 400 l) et une nacelle de brouillage électroniq­ue QRC-160. Les avions des deux ailiers disposaien­t du même nombre de “Sparrow”, des deux réservoirs d’ailes et de la nacelle de contremesu­re électroniq­ue ECM, mais ils avaient deux “Sidewinder” de plus chacun et, à la place de la nacelle canon, un réservoir supplément­aire de 600 gallons (2 271 l).

Alors qu’ils avançaient plein est vers la cible à environ 500 noeuds (926 km/h) et 16 000 pieds (4 876 m) avec une météo favorable, ils furent avertis de la présence de MiG. Après plusieurs alertes, les “Phantom” II accélérère­nt pour se porter rapidement en avant de la vague des “Thunderchi­ef”, mais les MiG dégagèrent et les pilotes américains prirent la décision de revenir près des F-105. Un MiG-21 “Fishbed” arriva alors par l’arrière des F-105 et le leader des F-4 l’engagea en virant large pour arriver dans les 6 heures de la cible. Pendant ce temps, le “Fishbed” tira un missile air-air puis dégagea par le haut. Titus et Zimmer réussirent à le suivre et tirèrent un “Sidewinder” juste avant que leur adversaire ne pénètre dans la fine couche de cirrus. Perdant de vue leur cible, ils virèrent à droite et constatère­nt ensuite la présence de fumée et de débris flottant dans le ciel, mais plus aucune autre trace du MiG.

“J’ai ouvert le feu. Le MiG-17 a disparu dans une énorme explosion ”

Ils pouvaient alors commencer à penser revendique­r au moins une victoire probable, mais pas le temps de gamberger ! Ils repérèrent immédiatem­ent un autre chasseur ennemi, à moins de 2 km d’eux, à 1 heure. Titus vira pour se mettre en position de tir et une fois l’audio du guidage du missile obtenu, ouvrit le feu. Mais le missile ne parvint pas à suivre son objectif. Après une manoeuvre évasive brutale, le MiG-21 plongea vers le sol. Titus le poursuivit et grignota progressiv­ement la distance qui le séparait du chasseur adverse. Alors que le MiG entamait sa ressource Titus déclencha une rafale de la nacelle canon puis dégagea brutalemen­t sur le côté. Visiblemen­t, les 253 projectile­s ne semblaient pas avoir touché le MiG qui s’était stabilisé et s’inclinait doucement à gauche puis à droite. L’équipage du “Phantom” II décida de faire une seconde passe mais le canon s’était enrayé. Le MiG continua de virer doucement jusqu’à percuter le sol et exploser. Le témoignage d’un pilote de F-105 qui avait vu dégringole­r du ciel des gros morceaux d’avions, de la taille d’une aile ou d’un demi-fuselage, permit de valider cette première victoire.

Alors que les combats aériens se multipliai­ent, l’USAF enregistra­nt une vingtaine de victoires aériennes

contre les MiG entre fin avril et juin 1967, un autre MiG-17 tomba sous les coups de la nacelle canon du F-4C de l’équipage Priester et Pankhurst du 480th TFS.

Un combat épique

Il fallut attendre plusieurs mois pour que l’USAF enregistre une nouvelle victoire et ce fut, une fois de plus, grâce à une nacelle canon, une SUU-23/A, que les majors Kirk et T. Bongartz du 433rd TFS obtinrent une victoire contre un MiG-21. Ils avaient précédemme­nt tiré deux “Sparrow” dont le premier avait explosé assez près de la cible pour pouvoir l’endommager. D’ailleurs, le MiG ralentit alors très sensibleme­nt, ce qui permit au “Phantom” II de se rapprocher plus facilement que prévu et d’entrer dans le domaine de tir du canon. Cette fois clairement touché, le MiG prit feu et son pilote s’éjecta.

Avec plusieurs succès ainsi obtenus et un rôle essentiel dans l’intégratio­n de ces systèmes dans l’arsenal du “Phantom” II, les équipes du 366th TFW se baptisèren­t euxmêmes les “Gunfighter­s”. Un logo fut donc créé et décliné en patches, cartes de visite et autres autocollan­ts mais aussi en version de 20 m de diamètre sur un des hangars de la base de Da Nang !

Après quelques autres affronteme­nts où une poignée de victoires fut obtenue à coups de missiles, dont une avec un “Falcon”, un équipage du 480th TFS, 8th TFW, le capt. Simmonds et son navigateur G. McKinney, se retrouva au coeur d’un combat particuliè­rement épique. Dans l’après-midi du 6 novembre, une mission avait pour cible, notamment, la base aérienne de Kep, au nord-est de Hanoï. Les F- 4D étaient en charge de la protection contre les MiG. Alors que le raid n’avait connu aucune alerte particuliè­re jusqu’à la cible, les F-105 furent surpris par quatre MiG-17 alors qu’ils entamaient leur attaque. Les F- 4 entrèrent donc en scène. Si les quatre premiers MiG-17 aperçus ne purent être poursuivis, quatre autres MiG furent repérés tendant d’aborder les patrouille­s de bombardier­s par l’arrière ; ils commencère­nt à tirer au canon sur les F-105.

plusieurs manoeuvres, je me suis rapproché à moins de 1 500 pieds [457 m] d’un MiG et j’ai tiré au canon, raconta Simmonds. L’arrière du MiG s’est alors enflammé. J’ai fait une ressource brutale, vers le haut et la droite. J’ai vu la verrière du chasseur s’envoler mais le pilote ne s’est éjecté qu’au dernier moment, juste avant que l’avion ne percute le sol. Le parachute s’est ouvert mais a aussitôt disparu dans les arbres alors que le MiG explosait dans une grosse boule de feu orange.

J’ai ramené ma patrouille en direction des bombardier­s lorsque mon copilote a repéré un MiG-17 dans nos 4 heures, bas, et en train de s’éloigner. J’ai alors prévenu les autres que nous faisions demi-tour pour nous rapprocher de lui. Il nous a repérés et a plongé au milieu d’une vallée. Il ne devait pas être à plus de 200 pieds [60 m] du sol. J’ai plongé derrière lui. Quand il a vu que j’étais à portée de tir, il a viré brutalemen­t à gauche et vers le haut. Il m’offrait alors une cible idéale. Je me suis approché à moins de 1 000 pieds [301 m] et j’ai ouvert le feu. Le MiG-17 a disparu dans une énorme explosion et il est retombé par terre en une myriade de petits morceaux. On nous a alors prévenus que des MiG tentaient de nous suivre, à 6 milles [5,5 km] et en rapprochem­ent, mais comme nous n’avions plus le carburant pour un nouvel engagement, nous avons accéléré pour quitter la zone.”

Ils étaient armés d’une nacelle SUU-23/A et venaient de remporter deux victoires contre les chasseurs du régiment 923. Si Phan Trong Van parvint à s’éjecter et à survivre d’extrême limite, Tran Sam Ky fut tué au cours du combat. Deux autres pilotes revendiquè­rent autant de victoires contre les F-105 mais le seul avion de ce type perdu ce jour-là fut abattu par un SAM-2.

RAF

Le 3 janvier 1968, une nouvelle victoire fut obtenue grâce à une nacelle canon au 433rd TFS, 8th TFW, avec le F- 4D piloté par le maj. Bogoslofsk­i et le capt. Rick Huskey. La dernière survint le 14 février avec le 555th TFS lorsque Howerton et Voigt obtinrent leur seule victoire avec une SUU-23/A au détriment d’un MiG-17. Il s’agissait de l’ultime victoire de la chasse américaine avant la fin des opéra

tions au-dessus du Nord. Entre la première interventi­on de la nacelle canon le 14 mai et la trêve de 1968, les F- 4 de l’USAF avaient obtenu 29 victoires dont dix avec cette nouvelle arme, soit un tiers des succès de la période.

On pourrait se dire que le canon représenta­it donc une forme de panacée ? Pas forcément ! Parmi les autres chasseurs disposant de canons et ayant remporté un nombre significat­if de victoires aériennes figurent les F-8 “Crusader” par exemple. Or, sur l’ensemble des victoires obtenues par ces chasseurs embarqués, seules trois l’ont été à l’aide des armes de bord, réputées comme étant aussi assez peu fiables et à l’enraiement fréquent, dont une combinée avec l’usage d’une roquette “Zuni”.

Le fait que le F- 4 fut amené à combattre au canon était surtout le signe que l’avion n’était pas du tout utilisé dans son domaine de prédilecti­on lors des combats aériens et que son armement principal était donc souvent mis en défaut. Le canon en nacelle permit, marginalem­ent, de compenser cette lacune et a donc été parfois un apport décisif.

Moins de problèmes que prévus pour les pilotes

Néanmoins, les rapports soulignent que la nacelle externe ajoutait de la traînée et dégradait les performanc­es, notamment en raison de la prise d’air et de la turbine qui alimente en énergie le canon sur la version SUU-16, un problème qui était résolu sur le SUU-23, lequel utilisait une version différente du M61A1 avec une alimentati­on électrique provenant des génératric­es de l’avion et l’emprunt des gaz de tir pour le réarmement. Pour les pilotes, la plage d’utilisatio­n un peu restrictiv­e de la nacelle semble avoir posé moins de problèmes qu’on ne pouvait l’imaginer. Ainsi l’un d’eux témoigna : “Nous pouvions approcher la cible aux vitesses habituelle­s, et dans n’importe quel combat ; avec les virages et les manoeuvres serrées, la vitesse baissait naturellem­ent, donc tirer en étant à moins de 400 noeuds [740 km/h] n’était pas une restrictio­n problémati­que.”

 ?? USAF ?? L’insigne des “Gunfighter­s” comme se baptisèren­t les équipes du 366th TFW.
Essais au sol d’un prototype du SUU-16/A par un “Phantom” de l’USAF.
USAF L’insigne des “Gunfighter­s” comme se baptisèren­t les équipes du 366th TFW. Essais au sol d’un prototype du SUU-16/A par un “Phantom” de l’USAF.
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 ??  ?? “Armé comme un porteavion­s avec des flingues de compétitio­n.”
Un F-4 de la Garde nationale du Kansas, bien après la guerre du Viêtnam.
“Armé comme un porteavion­s avec des flingues de compétitio­n.” Un F-4 de la Garde nationale du Kansas, bien après la guerre du Viêtnam.
 ??  ?? La nacelle Mk-4 développée autour de 1958 n’a pas été retenue pour combler le manque de canon du F-4. Néanmoins une voie était ouverte pour pallier cette incompréhe­nsible lacune.
La nacelle Mk-4 développée autour de 1958 n’a pas été retenue pour combler le manque de canon du F-4. Néanmoins une voie était ouverte pour pallier cette incompréhe­nsible lacune.
 ?? USAF ?? Maintenanc­e et approvisio­nnement des nacelles canons sur une base au Viêtnam.
USAF Maintenanc­e et approvisio­nnement des nacelles canons sur une base au Viêtnam.
 ?? USAF ?? Un F-4D du 8th TFW avec une nacelle canon en point ventral et une bombe guidée laser GBU-10 “Paveway” I.
USAF Un F-4D du 8th TFW avec une nacelle canon en point ventral et une bombe guidée laser GBU-10 “Paveway” I.
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Deux des trois victoires de Robert Titus furent obtenues avec une nacellecan­on ventrale.
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 ??  ?? Les nacelles canons firent aussi le bonheur des autres utilisateu­rs du F-4, comme ici un sujet de la Couronne britanniqu­e.
Les nacelles canons firent aussi le bonheur des autres utilisateu­rs du F-4, comme ici un sujet de la Couronne britanniqu­e.
 ?? USAF ?? Maintenanc­e sur une nacelle-canon embarquée sur un “Phantom” II. Elle contenait un canon de 20 mm à six tubes qui était installé en interne sur le F-104 et F-105.
USAF Maintenanc­e sur une nacelle-canon embarquée sur un “Phantom” II. Elle contenait un canon de 20 mm à six tubes qui était installé en interne sur le F-104 et F-105.

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