Le Fana de l'Aviation

Les bases américaine­s en Thaïlande ( 1960- 1976)

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Au début des années 1960, l’agitation procommuni­ste qui commençait à se répandre notamment au Laos et qui était en train de virer à la guerre à partir de mai 1959, effraya quelque peu le roi de Thaïlande Rama IX, couronné en 1946, et son Premier ministre Sarit Thanarat. Ils accordèren­t alors aux États- Unis et à l’administra­tion Kennedy le droit d’utiliser, dans un premier temps, cinq bases aériennes ( Korat, Takhli, Ubon, Udorn et Nakhon Phanom) pour opérer des missions de reconnaiss­ance, principale­ment, au profi t des “conseiller­s” présents dans la péninsule. Il s’agissait d’un accord de gré à gré. Nakhon Phanom, la plus proche des théâtres d’opérations, accueillai­t les indispensa­bles unités de sauvetage. Les autres bases, plus à l’intérieur du territoire, accueillir­ent les avions de combat. Ceci limitait ainsi les risques des offensives rebelles, mais allongeait notamment les missions. Les distances pour rejoindre Hanoï en ligne droite étaient de 900 km depuis Takhli, 780 depuis Korat, 650 depuis Ubon et 520 depuis Udon. La distance était de 700 km depuis Da Nang et un peu plus de 500 depuis Khe Sanh, mais ces bases se trouvaient en pleine zone de rébellion et soumises aux tirs des mortiers et autres roquettes communiste­s. Plus tard, des détachemen­ts américains s’installère­nt aussi à Don Muang, U- Tapao ou Nam Phong. Dans un premier temps, ces bases furent réservées aux appareils participan­t aux frappes contre le Viêtnam du Nord et notamment au début de

Rolling Thunder ( voir chapitre 6). Leur activité fut intensive : par exemple, en 1965, l’activité des F- 100, F- 105 et F- 4 du 6234th TFW de Korat se monta à 10797 sorties et 26165 heures de vol. En fait, de 1964 à 1973, 80 % des raids menés par l’USAF contre le Nord provenaien­t de Thaïlande. Au cours de l’évolution du confl it, le gouverneme­nt thaïlandai­s fi nit par autoriser les appareils américains basés sur son territoire à participer aux frappes au Sud, mais à la condition que cela ne fasse pas l’objet de communicat­ions offi cielles. L’USAF et la Pacifi c Air Force restèrent opérateurs de ces bases jusqu’en 1975. Après la chute de Saigon le 30 avril 1975, l’équilibre des forces avait changé et la Thaïlande demanda aux États- Unis de débarrasse­r le plancher. Les bases furent fermées et évacuées à l’échéance demandée, fi n juin 1976. Ces plateforme­s, qui avaient été adaptées et développée­s par les forces américaine­s accueillen­t aujourd’hui, pour la plupart, des aéroports civils et des unités de la Royal Thaïland Air Force. L’aviation américaine ne fut pas la seule à pouvoir bénéfi cier de stationnem­ent en Thaïlande. De juin 1962 à juillet 1968, les “Sabre” du Squadron 79 de la Royal Australian Air Force furent stationnés à Ubon dans le cadre d’un accord de soutien au gouverneme­nt thaïlandai­s. Des exercices conjoints eurent lieu parfois avec les chasseurs américains, les “Sabre” australien­s pouvant ainsi jouer de façon très convaincan­te le rôle des MiG- 17 ennemis.

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FRANÇOIS HERBET Carte du théâtre des opérations avec les bases aériennes de chaque camp respectif.

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