Le Fana de l'Aviation

De nombreux pilotes de F-100 sont morts de ne pas avoir pris en compte le lacet inverse

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Les atterrissa­ges étaient effectués, par conception, à la façon de l’US Navy. La technique recommandé­e était de tenir l’incidence à une indication “vitesse correcte”, un signal sonore stable et la bonne loupiote allumée à partir du dernier virage et tout au long de l’approche fi nale. On contrôlait la position du nez au manche et au gaz pour déterminer le point d’aboutissem­ent. Il n’y avait pas d’arrondi. On amenait l’avion sur la piste comme si on ignorait qu’elle existait. Les énormes amortisseu­rs du train principal absorbaien­t le choc et même si l’impact semblait très ferme, la conduite restait souple et l’impact à peine sensible. Depuis l’extérieur, ça ressemblai­t à un crash contrôlé. Du cockpit, chaque atterrissa­ge se faisait comme sur du velours !

Le seul défaut de pilotage de cet avion était ce qu’on appelle le lacet inverse. J’avais entendu beaucoup de pilotes de F- 100 en parler ; le “Hun” était célèbre pour cela. Ce phénomène aérodynami­que était provoqué par la traînée de l’aileron abaissé qui s’avérait supérieure à celle de l’aileron relevé lorsqu’on inclinait le manche en virage. Cette traînée faisait que le nez partait à l’opposé du sens désiré du virage. Vous devez penser que ce n’était pas un problème si sérieux. Bien ! Mais ce qui se passait lorsque le nez glissait du mauvais côté, c’est que le fuselage masquait alors une partie de l’extrados de l’aile et que du coup, l’intrados générait alors plus de portance, beaucoup plus de portance… Lorsqu’un pilote un tantinet bourrin commençait à balancer son avion dans un tonneau agressif, il en résultait que l’avion partait dans la direction opposée à celle désirée. De nombreux pilotes de F- 100 sont morts de ne pas avoir pris en compte le lacet inverse et ceux qui l’ont piloté n’en parlent que la bouche pleine de respect et de déférence. La technique recommandé­e consistait à piloter en utilisant le manche pour contrôler l’assiette et le palonnier pour contrôler le roulis. Les ailerons étaient généraleme­nt ignorés.

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