Le Fana de l'Aviation

Lance Peter Sijan ( 1942- 1968), Medal of Honor

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Le 9 novembre 1967, alors qu’ils effectuaie­nt un raid nocturne à haute altitude guidé par radar contre un fort au sud du Laos, dans le cadre de la lutte contre les infi ltrations par la piste Hô Chi Minh, et alors qu’ils effectuaie­nt une seconde et dernière passe sur leur objectif, l’équipage du F- 4C BuNo 64- 0751 du

480th TFS, 366 TFW, de Da Nang se retrouva au coeur d’une boule de feu, sans que personne ne sache s’il s’agissait du résultat d’un tir ennemi ou du déclenchem­ent prématuré de ses bombes. Le pilote, le lt- col. John W. Armstrong, fi t le choix de se dérouter vers la Thaïlande, plus proche. L’avion s’écrasa 50 nautiques ( 926 m) avant la frontière. Sans nouvelle de l’équipage du “Phantom” II, aucune mission de sauvetage ne fut déclenchée. Si le pilote fut tué dans l’accident, n’étant peut- être pas parvenu à s’éjecter, le deuxième pilote faisant offi ce de navigateur en place arrière parvint à faire fonctionne­r son siège. Le lt Lance P. Sijan, âgé de 25 ans, se blessa sévèrement à l’atterrissa­ge sous son parachute, encore sonné par son éjection. Il se retrouva au coeur de la forêt et du territoire ennemi. Ce n’est que le 11 novembre qu’il parvint à entrer en contact par radio avec le pilote d’un F- 100 en mission dans le secteur. Une importante mission

search and rescue ( SAR, recherche et sauvetage) fut organisée au cours de laquelle un “Skyraider” fut abattu mais son pilote rapidement récupéré. La localisati­on de Sijan restait imprécise. Alors que le Sikorsky CH- 3C “Jolly

Green Giant” se trouvait à proximité de lui, l’aviateur refusa qu’un sauveteur descende au sol pour tenter de le récupérer. Au bout de 33 minutes de présence dans le secteur, l’hélicoptèr­e rentra à sa base. Bien que souffrant d’une fracture du crâne, d’une autre à la jambe gauche et de multiples blessures à la main droite, donc incapable de se mouvoir autrement qu’en rampant, Sijan fi t le choix de continuer à s’enfoncer dans la jungle en direction de la Thaïlande en suivant une piste empruntée parfois par l’ennemi. On estime qu’il fut fi nalement capturé vers le jour de Noël, après environ 46 jours dans la jungle. On ne connaît pas non plus la distance qu’il était parvenu à parcourir depuis son éjection. Il fut interné dans un camp situé en pleine jungle. Bien que son état ne se fût pas amélioré, il tenta de s’évader après avoir brièvement lutté

avec un de ses gardes. Il fut immédiatem­ent repris. Il fut alors conduit dans un autre camp situé près de Vinh puis interrogé et torturé pendant plusieurs jours. On l’amena au “Hilton d’Hanoï”, où il fut sommaireme­nt soigné par deux de ses camarades, prisonnier­s depuis leur éjection d’un F- 100F le 20 décembre précédent. L’un d’eux, le capt. Gruder, connaissai­t Sijan pour l’avoir croisé au cours de leur formation initiale. Avec le maj. Craner, il fut le témoin de l’état désespéré de leur camarade. Entre deux accès de délire, lors de ses quelques moments de lucidité, Sijan raconta son périple. Il confi a à ses deux collègues qu’en dépit des violentes tortures auxquelles il fut soumis, il n’avait ni parlé ni dévoilé la moindre informatio­n. Il réussit même à évoquer son envie de tenter de s’évader dès que son état le lui permettrai­t. Mais entre le froid, la faim et les mauvais traitement­s, son état s’aggrava encore vers la mi- janvier. Visiblemen­t atteint d’une méchante pneumonie, il fut sorti de sa cellule le 18 janvier pour rejoindre la modeste infi rmerie du camp. Ses compagnons de cellule ne le revirent jamais. Il décéda le 22 janvier. Ce n’est qu’à l’issue de leur captivité, en 1973, que son histoire fut révélée par ses compagnons d’infortune de retour aux États- Unis. Entre ses six semaines dans la jungle et sa résistance aux interrogat­oires, son histoire marqua les esprits et le président Gérald Ford présenta sa Medal of Honor aux parents du malheureux le 4 mars 1976, deux ans après le transfert de sa dépouille depuis le Viêtnam. Il est enterré au cimetière militaire d’Arlington. Il est le seul membre d’équipage d’un F- 4 à être récipienda­ire de la plus haute récompense américaine.

 ?? USAF ?? Outre la prison de Hanoï, des camps de prisonnier­s avaient été implantés dans la jungle, où les conditions de survie étaient encore plus dures.
USAF Outre la prison de Hanoï, des camps de prisonnier­s avaient été implantés dans la jungle, où les conditions de survie étaient encore plus dures.
 ?? USAF ?? Le lt Sijan fut fait prisonnier le 9 novembre 1967.
USAF Le lt Sijan fut fait prisonnier le 9 novembre 1967.
 ?? USAF ?? Le “Hilton de Hanoï” en 1973, peu de temps avant la libération des prisonnier­s. C’est ici que Sijan est décédé d’une pneumonie.
USAF Le “Hilton de Hanoï” en 1973, peu de temps avant la libération des prisonnier­s. C’est ici que Sijan est décédé d’une pneumonie.

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