Le Fana de l'Aviation

Bombardeme­nts radar

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En raison des conditions météorolog­iques parfois dantesques au Viêtnam, empêchant les chasseursb­ombardiers d’effectuer leurs missions avec une marge de sécurité raisonnabl­e, il fallait imaginer de nouveaux systèmes pour permettre aux attaques de se dérouler avec précision de jour comme de nuit, au- dessus de la couche. Le “Phantom” II disposait d’une centrale de navigation inertielle, mais ce système dérivait de 3 nautiques ( 5,5 km) par heure de vol, ce qui le rendait diffi cile à utiliser pour des attaques de grande précision. Dès le 1er avril 1966, des stations radars furent créées, équipées d’un MSQ- 77, système dérivé des appareils utilisés aux États- Unis pour évaluer les entraîneme­nts des B- 52, et permettant de suivre avec une bonne précision un raid aérien, couplé à un transponde­ur SST- 181X. Les opérateurs radar pouvaient clairement identifi er les avions sous leurs ordres et simplifi er ainsi leurs tâches. Cette technique permettait d’assurer le guidage des appareils jusqu’à environ 200 nautiques ( 370 km) de la station radar. Reste que la précision au mètre près n’était pas au rendez- vous ; il était donc diffi cile d’envisager faire de l’appui rapproché. Néanmoins, pour les missions de nuit ou dans le mauvais temps, sur des objectifs fi xes parfaiteme­nt documentés, le système, baptisé “Skyspot”, était effi cace. Une station fut installée à Phou Pha Thi, au nord du Laos. Un “Tacan” ( balise de radionavig­ation) et un AN/ TSQ- 81 ( une variante du MSQ- 77) furent opérés depuis une colline rocheuse à partir de novembre 1967. Un mois plus tard, cette station dirigeait 55 % des raids contre le Nord. Le site était si stratégiqu­e qu’une importante troupe de 3 000 hommes du Viêtnam du Nord s’infi ltra pour la prendre d’assaut le 10 mars 1968. Les pertes furent lourdes au sein de la tribu Hmong chargée de protéger le site. L’attaque fut appuyée par quatre Antonov 2 armés de roquettes de 57 mm, dont un fut abattu à la kalachniko­v par le mécanicien de bord d’un hélicoptèr­e Bell “Huey” d’Air America. Un autre fut abattu par les défenseurs du site. 95 missions furent conduites ensuite par les chasseursb­ombardiers pour détruire le site afi n qu’il ne puisse pas servir à l’ennemi. En quatre mois d’exploitati­on, la station radar LS- 85 avait guidé environ 1 900 missions. D’autres stations prirent le relais mais, positionné­es plus loin, ne couvraient pas toujours effi cacement les secteurs les plus stratégiqu­es du Viêtnam du Nord. Les missions Commando

Nail tentèrent de pallier ce problème en utilisant le radar embarqué du “Phantom” II pour détecter les cibles et les traiter de façon autonome. Ce principe avait été mis au point avec les F- 105. Les F- 4C du 497th TFS d’Ubon, les “Nigh Owls”, se virent alors confi er ces missions à partir du mois de mai 1967. À la fi n du mois, des F- 4D furent livrés avec des calculateu­rs de bombardeme­nts plus adaptés. Les missions se poursuivir­ent ainsi, en solo ou en formation. Les missions de nuit se limitèrent aux cibles modérément défendues, car le calculateu­r du F- 4D ne permettait un largage automatiqu­e qu’en vol stable en ligne droite lors de l’approche fi nale. Le système s’avéra fi nalement moins précis que les F- 105F utilisés dans un cadre similaire. Néanmoins, en mai 1968, l’ensemble du programme Nail fi t l’objet d’un rapport d’analyse qui concluait au retour des F- 4 et F- 105 à des missions Strike ( frappes) convention­nelles. Les missions Commando Nail se poursuivir­ent sur F- 105 jusqu’à la fi n de Rolling Thunder. Pour fi nir, les programmes Sky Spot et Commando Nail n’eurent qu’un succès limité, notamment en raison des limitation­s des systèmes utilisés et des cibles choisies plus en fonction de leur surface que sur leur intérêt stratégiqu­e.

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