Le Fana de l'Aviation

Ami ou ennemi ? Réponse de l’APX- 80 “Combat Tree”

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Une des clés du combat, qu’il soit aérien ou non, est l’identifi cation des intervenan­ts pour les classer selon deux catégories essentiell­es, ami ou ennemi. On sait que l’identifi cation visuelle n’est clairement pas suffi sante et, dès la Deuxième Guerre mondiale, l’électroniq­ue vint aux secours des aviateurs avec les premiers transponde­urs IFF,

identifica­tion friend or foe ( identifi cation ami ou ennemi).

Chaque appareil est doté d’un émetteur qui, avec un codage particulie­r et une fréquence donnée, peut- être reçu et classé par les récepteurs alliés ( 1). Un appareil ne répondant pas à une interrogat­ion électroniq­ue sera donc d’offi ce classé ennemi.

Pendant la guerre du Viêtnam, les avions étaient équipés de transponde­urs IFF de plus en plus sophistiqu­és.

L’APX- 80 “Combat Tree” avait pour objectif de scanner l’espace aérien à la recherche d’émission de transponde­urs, amis comme ennemis. Ces derniers utilisaien­t un système IFF notamment pour s’identifi er vis- à- vis des importante­s défenses antiaérien­nes dont on sait qu’ils fi rent quelques victimes dans leurs propres rangs, notamment au début du confl it.

La spécifi cité du “Combat Tree”, qui resta classifi é bien après la guerre du Viêtnam, était d’être capable d’interroger les transponde­urs des MiG ennemis. Néanmoins ce système ne fut installé qu’à bord d’une poignée seulement de F- 4D fi n 1971 au 432nd TRW.

Ensuite il fut plus répandu, notamment sur les F- 4E. L’APX- 80 était composé de l’APX- 76 chargé d’interroger les IFF amis alentours et l’APX- 81 qui interrogea­it les modes des IFF soviétique­s SRO- 2 et affi chait les réponses sous forme de symboles sur les écrans radar des postes avant et arrière, offrant ainsi une visualisat­ion tactique

intéressan­te pour les chasseurs. L’avantage de l’interrogat­ion des IFF était que la portée était plus importante que les portées des radars embarqués. On parle de 60 miles ( 95,5 km) contre 20 ( 32,1 km) ou 30 ( 48,2 km). Outre une informatio­n de la situation tactique des plus claires, le “Combat Tree” était discret ; les pilotes de MiG ne pouvaient pas savoir que leur IFF était interrogé ni par qui. Un système assez équivalent équipait déjà les EC- 121

à partir de 1967, le QRC- 248 “Rivet Top”. “Avec le “Combat Tree” dans votre “Phantom”, vous n’aviez pas besoin d’activer le radar, il suffisait de pointer son antenne dans la direction à scanner et d’activer l’APX-80, raconta un pilote. Il allait immédiatem­ent vous montrer, sur l’affichage radar, tous les MiG avec leur IFF actif jusqu’à 50 ou 60 km, en vol ou même au sol. Il vous montrait tous ces MiG que votre radar ne pouvait pas détecter, mis à part ceux qui volaient à portée, soit 15-20 km, et ceci quelle que soit l’altitude où ils volaient. Ensuite, en appuyant sur le bon bouton, vous pouviez afficher tous les chasseurs ennemis dans lesquels l’IFF était branché mais pas en émission. En gros, vous saviez ce que faisait l’ennemi sans que lui ne s’en aperçoive.”

Visiblemen­t, les Vietnamien­s s’aperçurent, ou se doutèrent, que les SRO- 1 et SRO- 57 posaient des problèmes de sécurité, et beaucoup de pilotes ne les allumaient plus qu’à certains points de leur navigation, ce qui pouvait mettre leur propre DCA… en alerte !

( 1) Aujourd’hui, les radars dits “secondaire­s”, mais qui constituen­t l’essentiel du réseau surveillan­t le trafi c aérien civil, ne fonctionne­nt qu’en captant les émissions des transponde­urs complexes des avions actuels. C’est sur le même principe que fonctionne­nt les sites de suivi de vols comme “Flightrada­r24”.

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