Le Fana de l'Aviation

Combattre avec le F- 4

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Sur la base de Luke ( où l’auteur se réentraîne sur chasseur) nous effectuâme­s trois sorties air- air, toutes en un contre un et sans aucune considérat­ion pour le soutien mutuel, l’usage du radar ou même les caractéris­tiques manoeuvriè­res des potentiels avions ennemis. L’objectif manifeste était de déterminer qui arrivait à encaisser le plus de g le plus longtemps ! Les jeunes instructeu­rs avaient peu d’entraîneme­nt au combat aérien et leurs élèves expériment­és en savaient généraleme­nt plus sur le combat dans les trois dimensions qu’eux et leur encadremen­t. La politique en cours semblait statuer que piloter un chasseur était dangereux mais que s’il était simple de radier un avion et un équipage à la suite d’une perte au combat, un accident lors de l’entraîneme­nt était inexcusabl­e. Nos manoeuvres étaient étroitemen­t contrôlées, strictemen­t chorégraph­iées, avec l’inévitable retenue au manche de l’instructeu­r laissant l’impression nette que le F- 4 n’était pas un avion très agile.

De nouvelles tactiques avaient été développée­s des années plus tôt mais la bureaucrat­ie de l’USAF rechignait à évoluer. Ces changement­s signifi aient une évolution de l’entraîneme­nt, or celui- ci impliquait forcément un risque qui pouvait conduire aux accidents ; lorsque les accidents survenaien­t, les commandant­s d’escadre perdaient leur poste. Ne pas changer les tactiques permettait aux chefs de rester en course pour les étoiles de général.

La Weapons School avait exploré la géométrie du combat aérien. Tirer sur le manche plus longtemps et plus fort que son adversaire ne marchait que pour un temps très court. Nous savions que les MiG étaient plus légers et généraleme­nt plus manoeuvran­ts. Nos avions étaient multirôles et supérieurs technologi­quement. Ce que nous n’avions pas, c’était le taux de virage et le rayon. Si nous tentions de tourner plus court qu’un MiG, peu importe qu’il s’agisse d’un - 17, d’un - 19 ou d’un - 21, nous étions morts ! La réponse n’avait rien d’évident : ne pas courir après le méchant. Si il peut virer plus court que vous, c’est pure folie que de le nier. La solution est de sortir du domaine de manoeuvre de l’adversaire. Si le méchant tourne sur le plan horizontal, votre option est de partir dans la verticale. Si vous êtes plus rapide que lui, tirez et sortez de son cercle, perdez de la vitesse dans le processus pour réduire votre rayon de virage, évitez de le dépasser et gardez la possibilit­é de manoeuvrer pour vous reposition­ner ( en anticipant une éventuelle descente du leader).

Si vous êtes plus lent que l’adversaire, descendez en restant à l’intérieur de son virage et coupez dans le cercle pour vous rapprocher de lui et l’abattre. Quoi que vous fassiez, vous ne devez pas chercher à suivre la même trajectoir­e que lui mais tenter de gagner un ou deux degrés de virage dans la manoeuvre.

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