F- 4E, les combats aux canons
L’intégration d’un canon dans le nez du F- 4E et son entrée en service le 3 octobre 1967 constitua une avancée essentielle dans le développement du “Phantom” II. Il arriva pourtant trop peu de temps avant l’interruption des combats pour pouvoir montrer tout son potentiel. Il fallut donc attendre un peu moins de 5 ans pour cela. À la reprise des opérations début 1972, l’omniprésence sur le théâtre d’opérations des F- 4E, les évolutions des AIM- 7E et le remplacement des AIM- 9B par des AIM- 9E ou J apportèrent un peu plus d’effi cacité aux “Phantom” II. L’entraînement était différent puisque, désormais, le poste arrière des F- 4 de l’USAF était enfi n occupé par un WSO spécialement formé et non plus par un second pilote. Les premières victoires obtenues par les F- 4E survinrent le 23 mai alors que l’USAF et l’US Navy étaient engagés régulièrement dans d’intenses combats et que, déjà, des as avaient émergé des effectifs des escadrons de “Phantom” II. Une patrouille de F- 4E du 35th TFS du 366 TFW assurait l’escorte d’une patrouille en charge de leurrer les défenses aériennes non loin de la base de Kep. Une fois la mission accomplie, les pilotes remarquèrent de l’activité sur la plateforme vietnamienne. Deux MiG- 17 étaient en vol et plusieurs MiG- 21 semblaient prêts à décoller. Les “Phantom” II plongèrent et les MiG- 17 s’égayèrent. Beckers, le pilote du premier F- 4E, en repéra deux sur lesquels il fi la, partiellement masqué par des nuages. Basculant sur le mode acquisition automatique du radar, il obtint une bonne solution de tir et expédia deux “Sparrow” dont un fi t mouche.
Les autres MiG s’étaient alors mis en cercle défensif au- dessus de la base, se protégeant les uns les autres d’une intervention ennemie. Beckers tenta de doubler son score mais n’y parvint pas. Un peu plus haut, son ailier, Beatty, assurait ses arrières et découvrit que deux MiG- 21 étaient en train de vouloir prendre en chasse son leader. Il fonça alors à leur poursuite et tira une très courte rafale, de 50 à 100 obus seulement, sur le premier MiG à sa portée. Touché, celui- ci bascula à gauche et s’écrasa. Dès son premier engagement, le canon du F- 4E avait démontré son intérêt ! Quelques jours plus tard, le 2 juin, c’est un MiG- 19 qui tombait, victime des obus de 20 mm du “Phantom” II de Handley et Smallwood. Le 9 septembre, C. Tibbett et Hargrove gagnaient leur combat contre un MiG- 21 alors que le 12 septembre suivant, Beckers et Griffi n utilisèrent un “Sidewinder” en plus de leur canon pour venir à bout d’un autre “Fishbed”, tandis que Retterbush et Autrey obtenaient le même résultat au canon seul. Le 8 octobre, Retterbush obtenait sa seconde victoire de la même façon, au détriment d’un autre MiG- 21 et à l’aide de son WSO Jasperson. La dernière victoire au canon de l’USAF fut le fait de Rubus et Hendrickson le 15 octobre 1972, toujours contre un MiG- 21. Lors des opérations de 1972, l’USAF enregistra 49 victoires, dont 22 pour les seuls F- 4E, les F- 4D comptant pour le reste. Six furent obtenues grâce au canon ( 5,5 en décomptant le “Sidewinder” de Beckers), soit 27 %. Les pilotes américains avaient donc bien raison de déplorer l’absence de cette arme, bien pratique dans de nombreuses situations, sur le “Phantom” II. L’erreur de s’en priver n’a, depuis, plus été faite sur les avions tactiques américains.