Les hommes de l’ombre
Indispensables sur les bases américaines
Visite pendant la Deuxième Guerre mondiale d’une fourmilière qui travaille jour et nuit pour faire voler les avions.
À la vue des résultats de l’attaque japonaise de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, l’amiral Isoruku Yamato déclara à son état-major : “Messieurs, nous avons réveillé un géant endormi qui va avoir des raisons de se battre.” L’Histoire lui rendrait raison sur les deux points ; dès le lendemain le président Franklin Roosevelt annonça devant le Congrès américain l’entrée en guerre des États-Unis contre l’empire du Japon, et toute l’industrie américaine, les usines, les manufactures, les chantiers navals, l’agriculture, furent mis à la disposition de l’effort de guerre. Sous le contrôle du War Production Board (WPB, le bureau de la production de guerre), en quelques mois les chaînes furent modifiées et se réorganisèrent pour produire une quantité d’armes, de munitions, de véhicules, de chars, d’avions, de bateaux sans précédent. L’arrière prit une part importante à cet effort ; la population américaine se mobilisa, dans des campagnes de récupération de matières premières – caoutchouc, métaux – en se rationnant et en achetant les fameux war bonds, les obligations de guerre pour financer celle-ci dans le cadre du victory program. Ceux qui n’étaient pas mobilisables travaillèrent dans les usines et les femmes prirent une part prépondérante à ce soutien. L’icône de ces ouvrières était “Rosie la riveteuse” ; elle assemblait les panneaux de fuselage des avions avec son pistolet pneumatique et fut rendue célèbre par l’affiche de l’artiste John Howard Miller en 1942 We can do it ! De janvier 1940 à août 1945, ce sont près de 300 000 avions qui sortirent de 80 usines réparties dans tous les États-Unis.
Une logistique sur tous les théâtres d’opérations
Très tôt l’USAAF avait su s’organiser et gagner une certaine autonomie dans ses achats et ses approvisionnements. Bien sûr, pour la fourniture d’articles communs comme les uniformes et la nourriture, elle pouvait compter sur le SOS, le Service Of Supply (service des approvisionnements), mais pour les équipements plus spécifiques à une force aérienne il lui fallait une organisation et une logistique adaptées, capable d’acheter, de stocker et d’acheminer des quantités de matériels sur tous les théâtres d’opérations en fonction de règles de stocks définies par avance et des besoins remontés par les différents commandements. Ces tâches étaient dévolues à l’Air Service Command.