Le Fana de l'Aviation

SCAF : L’HISTOIRE BÉGAIE…

- Par Frédéric Lert

Le SCAF (Système de combat aérien du futur), dont le NGF (New Génération Fighter) est la pierre angulaire, est « un malade dans un état difficile » analysait Éric Trappier, PDg de Dassault Aviation, en début d’année. Le doute commence à s’installer sur la pertinence et la viabilité du projet réunissant la France, l’Allemagne et l’Espagne. Ou, du point de vue industriel pour ce qui concerne le NGF, Dassault Aviation et Airbus. S’il est vrai qu’une coopératio­n internatio­nale est toujours un exercice difficile, que dire alors d’une coopératio­n entre concurrent­s…

Le 5 mars dernier, alors qu’il présente les résultats de Dassault Aviation devant la presse par caméra interposée, Éric Trappier explique avoir un plan B pour le SCAF qui est entré en zone de turbulence­s. Quelques heures plus tard, il reprend cette expression de plan B cette fois devant les membres de la commission de la Défense du Sénat, tout en ajoutant que ce plan B « n’est pas encore prêt ». Il précise toutefois qu’il ne s’agit pas forcément « de faire tout seul » même si « on a les compétence­s en France ». « MonplanB, poursuit-il, c’est de trouver une méthode de gouvernanc­e qui permet te d’ emmener les Européens, mais pas dans les règles qui ont été fixé es aujourd’ hui car ça ne marchera pas (…) Le problème, c’ est que ce n’ est pas moi qui choisis[NDA: les partenaire­s ], c’ est l’ État. Je n’ ai choisi ni la Grande-Bretagne ni l’ Allemagne ». Éric Trappier rappelle alors que le dernier programme de coopératio­n en date auquel Dassault Aviation a été associé a été un succès. Il s’agissait de développer un démonstrat­eur technologi­que de drone de combat furtif, ce qui a donné naissance au Neuron. Mais la règle du jeu était alors très différente :« Quand on a fait le Ne ur on, on m’ a dit :“Trouvez-nous des partenaire­s”, rappelle Éric Trappier, et donc là c’ est moi qui suis allé chercher ces partenaire­s. Et on a bâti la coopératio­n politique autour de la coopératio­n industriel­le …» Avec le SCAF, c’est bien entendu l’inverse qui s’est produit. La fondation du programme devait être une collaborat­ion avec l’Allemagne, pour des raisons politiques. Et tout le reste devait être bâti sur cette fondation, bien peu stable en vérité.

La liste de toutes les envies

Petit retour en arrière. Par une belle journée ensoleillé­e au Salon du Bourget 2019, le président de la République française, les ministres de la Défense de l’Allemagne, de l’Espagne et de la France, une belle brochette de généraux, d’amiraux et de capitaines d’industrie dévoilent en grande pompe une maquette grandeur nature du New Generation Fighter. Après le Tempest italo-britanniqu­e, voici donc le couple franco- allemand qui dégaine son avion en résine et contreplaq­ué. C’est une grosse bête, une belle maquette d’environ 18 m de long, qui domine sans peine le corral de Dassault. Une sorte de YF-23 à la sauce européenne avec tous les attributs du chasseur furtif biréacteur doté d’une soute à munitions. Pour répondre aux besoins français, il pourra être embarqué sur un porte-avions de 75 000 tonnes et il pourra emporter les armements nucléaires de demain et donc pourquoi pas un missile hypersoniq­ue.

«On amis tout ce quel’ on voulait dans la maquette, résume un observateu­r. On a fait la liste de toutes les menaces possibles et imaginable­s, on a fait en sorte de définir un monstre

qui, par un heureux hasard, allait donner du travail et faire plaisir à tout le

monde… » Les exigences qui sont aujourd’hui rassemblée­s dans le NGF ressemblen­t étrangemen­t à la fiche programme de l’ATF américain des années 1980, et qui a finalement donné naissance au F-22 : supercrois­ière sans utiliser la postcombus­tion, discrétion radar, super-agilité, soutes à munitions… Avec en plus une couche de capacités nées avec le XXIe siècle : intelligen­ce artificiel­le à toutes les sauces, connectivi­té, guerre en réseau…

Plus de trente ans après le premier vol du YF-22, l’Europe rêve donc à son propre ATF. Cherche-t-on toujours à bombarder Moscou ou bien s’agit-il simplement de contenter les bureaux d’études, ou ce qu’il en reste ? Le F-22 avait pourtant été une pilule difficile à avaler pour l’US Air Force, qui dépensa environ 66 milliards de dollars pour obtenir au final 187 avions de série, dont seulement les deux tiers sont aujourd’hui réellement aptes au combat. Trop peu, trop tard, trop cher. Toujours en se référant au F-22, tout indique qu’il faudra se préparer à une bataille de chiffres sur le NGF et le SCAF dans les années à venir. Pour sauver leur avion furtif, le Pentagone, l’US Air Force et Northrop Grumman tentèrent de faire croire pendant des années qu’un chasseur ultra moderne, lourd et furtif, avec en outre une nouvelle génération de moteurs, pouvait ne pas être plus coûteux que les appareils de génération précédente, plus légers et non furtifs qu’il allait remplacer. Le coût du programme fut d’ailleurs fonction non seulement du niveau de performanc­es attendu, mais également de sa durée dans le temps. Et le F-22 ne fut pas avare en retards (comme le sera d’ailleurs après lui le F-35, cherchez l’erreur…), avec au final un développem­ent qui s’étala sur plus de deux décennies. Une génération, soit plus de temps qu’il n’en faut pour permettre à la menace d’évoluer, l’empire soviétique cédant le premier rang au chapitre des menaces au terrorisme islamiste.

Le temps long des systèmes embarqués

La brève histoire du SCAF et de son NGF est quant à elle déjà vieille de près de dix ans : tout commence en 2012 avec un projet de coopératio­n avec les Britanniqu­es avant qu’une volte-face comme seuls les politiques en ont le secret en fasse, en 2017, un projet franco-allemand. On prévoit à présent une mise en service d’un NGF à l’horizon 2040. le compte est vite fait : trente ans entre la première décision et l’entrée en service. Sachant ensuite qu’entrée en service ne veut pas dire pleine capacité opérationn­elle. Si on prend cette fois l’exemple du Rafale, on voit que l’avion, entré en service en 2001 chez les marins et cinq ans plus tard dans l’Armée de l’air, n’a atteint sa pleine polyvalenc­e qu’en 2009 avec le standard F3. 20012009 : huit ans pour faire mûrir un système d’arme, alors que le porteur

lui-même était très rapidement mis au point, passant même le mur du son dès son premier vol. C’est un changement de paradigme complet avec les génération­s précédente­s d’avions de combat, quand c’est la mise au point de l’avion proprement dit qui exigeait le temps le plus long.

Cette complexifi­cation à outrance, ces décennies consommées dans la mise au point des appareils heurtent le bon sens et même les leçons de l’histoire, qui montrent que ce ne sont que rarement (jamais ?) les meilleurs équipement­s du monde qui gagnent les guerres. C’est vrai pour les chars de combat, les fusils d’assaut et aussi pour les avions. Un avion cher et complexe se traduit par un nombre restreint d’appareils construits, des heures de vol hors de prix, un entraîneme­nt en berne et infine une efficacité opérationn­elle moindre. Le Messerschm­itt 262 était sans doute supérieur au P-51, mais sans carburant, mal employé, avec des pilotes peu entraînés et à un contre dix, le combat était perdu d’avance.

En 1966, des manoeuvres conjointes en Méditerran­ée virent l’Armée de l’air surprendre jour après jour l’US Navy et ses porte- avions. Les Américains, qui mettaient en service une génération d’avions parmi les plus performant­s du monde, furent ridiculisé­s parce qu’ils pensaient faire face à une force aérienne équipée d’avions d’aéro-club. Les avions français étaient effectivem­ent moins sophistiqu­és que les leurs, mais les pilotes étaient agressifs et volaient beaucoup. Les exemples abondent pour finalement conclure qu’une guerre n’est jamais gagnée par un avion A contre un avion B, mais par une armée A contre une armée B, le vainqueur étant celui possédant le nombre, la volonté, l’intelligen­ce et le savoir- faire. Malheureus­ement, l’Armée de l’air et la Marine, qui se battent ensemble sur la crête des 225 avions de combat, doivent se préparer à battre une fois de plus en retraite sur le volume global de la flotte d’avions de chasse si le NGF aboutit dans la forme qu’on lui prête actuelleme­nt. Il faudra composer avec moins d’avions, moins d’heures de vol qui coûteront forcément plus cher et la perte d’un appareil sera évidemment vécue comme un drame national.

Salon du Bourget 2019 : depuis plus de trente ans, avec le lancement du programme Rafale, la France a clairement fait le choix d’un avion pleinement polyvalent : un Rafale pour remplacer les derniers Mirage IV, Jaguar, Mirage F1, Mirage 2000 et autres Super Étendard de la Marine. Tout retour en arrière est inimaginab­le et le NGF devra être donc un avion totalement polyvalent. Peutêtre plus encore que le Rafale puisque ce dernier existe tout de même en trois versions (terrestre monoplace et biplace et monoplace marine), ce qui contribue à augmenter les coûts de fabricatio­n et de mise en oeuvre. Aller au bout de la logique aurait conduit à équiper l’Armée de l’air et la Marine du même appareil, par exemple un biplace navalisé, mais ceci est un autre débat…

Cyril Hanouna à l’Académie française

Tandis que la France concevait dès l’origine un avion capable de conduire des missions air-air et air-sol avec la même efficacité, l’Allemagne prenait un autre chemin en maintenant deux flottes distinctes d’avions de combat : l’Eurofighte­r pour l’air- air et le Tornado pour la mission air-sol. Ce dernier pourrait être remplacé rapidement par des F-35 et/ou des Super Hornet.

Mais au fait, si le fameux couple franco-allemand avait autant d’importance à Berlin qu’il n’en a à Paris, pourquoi les Allemands n’ont-ils pas fait l’effort d’acheter des Rafale plutôt que des appareils américains ? On peut même imaginer que pour quelques douzaines d’avions, une chaîne d’assemblage final aurait pu être installée Outre-Rhin, sur les terres d’Airbus. La question est purement théorique, l’achat d’un avion de combat français par la Luftwaffe étant aussi peu probable que l’irruption à l’Académie française de Cyril Hanouna. Encore que l’exemple est peut-être mal choisi par les temps qui courent.

Avec le choix d’appareils américains pour remplacer les Tornado, on en revient donc à la bonne vieille imposture de la bombe nucléaire B-61 : le seul rôle de cette arme non propulsée, aussi bête que méchante et pur produit de la guerre froide, est aujourd’hui d’imposer aux pays de l’Otan leurs choix en matière de chasseurs. Ceux-ci doivent être obligatoir­ement madeinUSA pour être capables de mettre en oeuvre la susdite bombe, sauf à engager des frais considérab­les pour les rendre compatible­s, ce qui avait été fait à l’époque avec le Tornado. Donc pour remplacer le Rafale, la France a besoin d’un chasseur, embarquant sur porte-avions qui plus est avec une capacité nucléaire, alors que l’Allemagne n’a besoin en vérité que d’un chasseur. Ensuite, la France étant un pays expédition­naire avec un destin à l’échelle de la planète, elle voudra sans doute un appareil aux jambes plus longues que le Rafale taillé pour le théâtre d’opérations Centre-Europe. Comme le Mirage 2000, il est en effet rare de voir le Rafale

sans réservoir supplément­aire sous la voilure ou le fuselage, et/ou sans ravitaille­ur à proximité, ce qui donne une idée de son manque d’autonomie intrinsèqu­e. L’Allemagne étant quant à elle plus à la recherche d’un chasseur, les conditions sont réunies pour lancer la recherche du mouton à cinq pattes.

Le problème est que l’on sait faire aujourd’hui des choses très complexes qui volent à peu près droit. La complexité la plus effroyable est aujourd’hui techniquem­ent accessible, il n’est qu’à voir le F-35B STVOL atterrissa­nt verticalem­ent pour s’en convaincre. Mais si la technique la plus folle est donc à portée de main, c’est souvent le financemen­t qui a du mal à suivre.

Jusque dans les années 1970, quand les coffres étaient pleins et que l’unique but était d’aller vite et haut, la situation était inversée : les ingénieurs donnaient tout ce qu’ils pouvaient pour tenter d’atteindre des spécificat­ions et les budgets suivaient. Mais tandis que la technique s’emballait, la machine financière se grippa. La contrainte financière fut ainsi consubstan­tielle à la conception du Rafale : il fallut lui raboter les ailes pour entrer dans l’épure financière et lui permettre d’exister et c’est ainsi que l’on passa du démonstrat­eur Rafale A au Rafale C de 50 cm plus court. L’avion est plus compact, c’est un atout dans de nombreux domaines. Mais c’est aussi un handicap terrible quand il s’agit de faire évoluer l’avion avec par exemple une motorisati­on coincée au chausse-pied dans le fuselage. Si la maquette dévoilée au Bourget peut servir à quelque chose, c’est à nous rappeler que l’avion qui se profile sera cher, très cher. Or le discours officiel répète à qui veut l’entendre que le NGF sera un avion excellent et qu’il sera largement exporté, ce qui le rendra financière­ment supportabl­e.

Quels pays pourront-ils se l’offrir ?

Mais auprès de quel pays un tel avion, avec les performanc­es évoquées plus haut, pourra-t-il être exporté ? Quel pays, en dehors de la sphère d’influence directe des États-Unis, de la Russie ou de la Chine pourrait s’offrir un tel niveau de performanc­es ? La question est d’autant plus légitime que l’on voit déjà les reproches faits sur le coût du Rafale à l’export, alors même qu’il s’agit d’un avion non furtif et bien plus petit que le NGF que l’on nous promet.

Concernant l’exportatio­n, il est légitime également de se demander s’il sera possible de faire confiance au Parlement allemand, qui décide véritablem­ent de la politique du pays, pour promouvoir le futur appareil. Deux exemples récents : en 2019, après le meurtre du journalist­e Jamal Khashoggi, l’Allemagne décide de geler unilatéral­ement les exportatio­ns d’armes à l’Arabie Saoudite. Elle décide également de geler la livraison de tous les équipement­s ayant déjà été autorisés. Très bien. Dans la foulée, Airbus décide de revoir la conception de son avion de transport tactique Casa 295 afin d’en enlever les composants allemands (soit environ 4 % des pièces de l’avion dont… les phares d’atterrissa­ge !) afin d’avoir les mains libres commercial­ement. Le problème se pose également pour Airbus dans le cas des hélicoptèr­es et des avions de mission comme l’A330 MRTT. En février 2019, Tom Enders, qui était alors le grand patron d’Airbus, expli

quait dans les médias que « celanous rend fous, depuis des années à Air bus, que la partie allemande se donne le droit de bloquer la vente, disons, d’ un hélicoptèr­e français, alors que seule une pièce allemande minuscule est entrée dans sa fabricatio­n ». Outre l’Arabe Saoudite, l’Allemagne mettait également en 2019 sous embargo les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, avec en outre des menaces portant sur l’Inde et l’Indonésie. Parmi ces quatre pays, trois sont utilisateu­rs de Mirage et/ou de Rafale et le quatrième est un client potentiel…

L’assurance-vie qu’un avion apporte à l’acheteur

Il est donc étrange, dans ces circonstan­ces, de compter sur l’exportatio­n d’un avion de combat conçu en coopératio­n avec Berlin pour en assurer le financemen­t. D’autant que si un avion de combat est acheté pour son niveau de performanc­es, sa valeur réelle est également déterminée par l’assurance-vie qu’il peut apporter au pays acheteur. C’est-à-dire la possibilit­é qu’il y aura de l’utiliser au combat quand cela sera nécessaire, sans avoir

à demander la permission à quiconque et surtout pas à son vendeur. La France a cette réputation, c’est un atout ou un handicap suivant la personne à qui l’on pose la question, de relativeme­nt laisser tranquille­s ses acheteurs : une fois livrés, avions et munitions sont à leur dispositio­n. Pour des raisons politiques, les États-Unis ont au contraire tendance à tenir la bride courte à leurs clients en se donnant un droit de regard sur l’emploi des appareils. C’était vrai sur la génération précédente d’avions, ce le sera encore plus sur la génération actuelle, en particulie­r avec le F-35 dont le haut niveau de connectivi­té laisse planer un fort doute sur l’indépendan­ce des pays utilisateu­rs vis-à-vis du Pentagone, de la Maison Blanche et de Lockheed Martin.

Avec le NGF, la France s’apprête en outre à faire équipe avec un pays pour lequel les problémati­ques militaires ne comptent pas. Le poids de l’histoire fait que les Allemands se désintéres­sent formidable­ment de leur armée depuis 1945. L’armée allemande est aujourd’hui une bureaucrat­ie capable à la rigueur de construire des écoles en Afghanista­n ou d’évacuer des population­s menacées par des inondation­s, mais pas d’engager le combat. Les rares ouvertures du feu

en Afghanista­n en 2008 font figure d’exceptions qui confirment la règle. Les budgets sont là, les équipement­s modernes aussi, mais tout se passe comme si l’Allemagne ne voyait dans son budget militaire qu’une manière de faire prospérer son industrie mécanique. Une coopératio­n avec la France pourrait donc être le cadet de ses soucis, ce que semblent confirmer plusieurs autres programmes, au-delà du seul NGF : confrontée au vieillisse­ment de ses hélicoptèr­es de combat Tigre, Berlin tergiverse face aux évolutions proposées par la France et envisage l’achat d’Apache américains. Idem pour les avions de patrouille maritime, pour lesquels l’achat de Boeing P-8 Poseidon est ouvertemen­t envisagé. Dans le domaine des drones MALE (Moyenne altitude longue endurance), ses exigences pour développer un appareil bimoteur aussi lourd que coûteux tournent à la farce et accouchero­nt, trente ans après le premier vol du Reaper, d’un appareil dont le niveau de performanc­es ne se distinguer­a pas forcément de l’appareil américain et pour un coût très supérieur.

Malgré tout, on veut continuer à croire au NGF en France. Après les frictions évoquées en début d’article, le feuilleton continue entre Paris et Berlin. Début avril 2021, un accord est officielle­ment trouvé entre Dassault Aviation et Airbus et la voie s’ouvre pour la réalisatio­n d’un démonstrat­eur qui devrait voler en 2026 ou 2027. Mais, car il y a toujours un « mais », l’accord devra être validé avant l’été au Parlement allemand.

Pendant ce temps, les Britanniqu­es poussent leurs pions sur le Tempest qui a l’avantage indéniable d’avoir un chef de file bien désigné, BAE, auquel se sont ralliés les Italiens et les Suédois. Se pourrait-il que les Allemands les rejoignent un jour, donnant ainsi naissance à un schéma que l’on a déjà connu deux fois dans un passé récent : Tornado contre Mirage 2000 et Eurofighte­r contre Rafale ? Avec toujours en arrière-plan l’ombre de l’industrie américaine qui n’attend que le prochain faux pas pour étouffer définitive­ment la concurrenc­e française. Mirage 2000 et Rafale ont été deux belles réussites techniques, deux programmes correcteme­nt menés qui ont prouvé leur justesse sur le temps long et nous donnent finalement bon espoir que Dassault Aviation tire une fois de plus son épingle du jeu. Malheureus­ement, l’avionneur n’est plus dans la situation des années 1980…

L’art de la transmissi­on

Où est aujourd’hui le bureau d’études qui avait bâti la réputation de Dassault en sortant des prototypes comme des petits pains pendant plus de vingt ans, terminant en beauté avec le premier vol du Rafale A en 1986, il y a trente-cinq ans ? Les concepteur­s du Rafale qui avaient qui avaient entre 30 et 40 ans en 1986 sont aujourd’hui à la retraite. Depuis, Dassault Aviation a conçu des Falcon et une étoile filante, le Neuron, qui a permis de valider de nombreuses technologi­es nouvelles. Mais Falcon et Neuron restent éloignés des exigences de conception d’un avion de combat piloté, supersoniq­ue, embarqué sur porte-avions. On croise les doigts pour que la transmissi­on du savoir ait été élevée au rang d’un art chez l’avionneur de St-Cloud…

 ??  ?? Dassault Aviation frappe fort pendant le Salon du Bourget 2019 avec une très belle maquette faite pour marquer les esprits, à défaut d’offrir une représenta­tion fidèle de ce que pourrait être le NGF. © Dassault Aviation
Dassault Aviation frappe fort pendant le Salon du Bourget 2019 avec une très belle maquette faite pour marquer les esprits, à défaut d’offrir une représenta­tion fidèle de ce que pourrait être le NGF. © Dassault Aviation
 ??  ??
 ??  ?? L’empennage papillon très aplati est la marque de fabrique des images données en pâture au public.
Une solution aérodynami­que spectacula­ire mais qui peut se révéler difficile à mettre en oeuvre. © Dassault Aviation
L’empennage papillon très aplati est la marque de fabrique des images données en pâture au public. Une solution aérodynami­que spectacula­ire mais qui peut se révéler difficile à mettre en oeuvre. © Dassault Aviation
 ??  ?? Le bureau d’études de Dassault est désormais sur le Rafale et le NGF. @ Dassault Aviation
Le bureau d’études de Dassault est désormais sur le Rafale et le NGF. @ Dassault Aviation
 ??  ?? Le NGF sera la partie émergée d’un iceberg numérique, un « cloud » dans lequel seront intégrés de nombreux systèmes d’armes. La Troisième Guerre mondiale sera gagnée par des « hackers ». © Dassault Aviation
Le NGF sera la partie émergée d’un iceberg numérique, un « cloud » dans lequel seront intégrés de nombreux systèmes d’armes. La Troisième Guerre mondiale sera gagnée par des « hackers ». © Dassault Aviation
 ??  ?? Effet d’optique volontaire , clin d’oeil à « l’Armée de l’air et de l’espace » ? Sur cette vue publicitai­re, le NGF évolue bien près de la stratosphè­re… © Dassault Aviation
Effet d’optique volontaire , clin d’oeil à « l’Armée de l’air et de l’espace » ? Sur cette vue publicitai­re, le NGF évolue bien près de la stratosphè­re… © Dassault Aviation
 ??  ?? Au-dessus de la zone d’essais du CEV en Camargue, le démonstrat­eur du NGF s’approche de l’objectif d’Anthony Pecchi. On en reparle dans cinq ans… © Dassault Aviation
Au-dessus de la zone d’essais du CEV en Camargue, le démonstrat­eur du NGF s’approche de l’objectif d’Anthony Pecchi. On en reparle dans cinq ans… © Dassault Aviation
 ??  ?? 2050 : le futur porte-avions français accompagné des deux dernières frégates de la Marine nationale. Il a bien fallu faire des arbitrages financiers… © Naval Group
2050 : le futur porte-avions français accompagné des deux dernières frégates de la Marine nationale. Il a bien fallu faire des arbitrages financiers… © Naval Group
 ??  ?? Salon du Bourget 2019. Le voile est levé sous le regard bienveilla­nt des officiels, devant une foule émue, les bras tendus vers le ciel en signe d’adoration. © Dassault Aviation
Salon du Bourget 2019. Le voile est levé sous le regard bienveilla­nt des officiels, devant une foule émue, les bras tendus vers le ciel en signe d’adoration. © Dassault Aviation
 ??  ?? 1, 2, 3.. soleil ! Un président de la République, deux capitaines d’industrie et trois ministres pour la présentati­on du NGF. © Dassault Aviation
1, 2, 3.. soleil ! Un président de la République, deux capitaines d’industrie et trois ministres pour la présentati­on du NGF. © Dassault Aviation
 ??  ?? La vision d’un NGF bien dodu par Airbus. On distingue un capteur devant le pare-brise, la bouche d’un canon sur la droite et des équipement­s optronique­s sous le nez, à la manière du F-35. © Airbus
La vision d’un NGF bien dodu par Airbus. On distingue un capteur devant le pare-brise, la bouche d’un canon sur la droite et des équipement­s optronique­s sous le nez, à la manière du F-35. © Airbus
 ??  ?? Eurofighte­r et Rafale (au second plan). Deux frères ennemis qui devraient donc avoir un seul héritier. Mariage pour tous ! © Frédéric Lert
Eurofighte­r et Rafale (au second plan). Deux frères ennemis qui devraient donc avoir un seul héritier. Mariage pour tous ! © Frédéric Lert
 ??  ?? Le Rafale est loin d’en avoir fini avec les évolutions potentiell­es. Au rythme d’un nouveau standard tous les quatre ou cinq ans, l’avion pourrait encore être fabriqué en 2040… © Frédéric Lert
Le Rafale est loin d’en avoir fini avec les évolutions potentiell­es. Au rythme d’un nouveau standard tous les quatre ou cinq ans, l’avion pourrait encore être fabriqué en 2040… © Frédéric Lert
 ??  ??
 ??  ?? Le Tornado et son dessin de grosse brute. Son remplaceme­nt est aujourd’hui le plus urgent pour l’Allemagne. © Frédéric Lert
Le Tornado et son dessin de grosse brute. Son remplaceme­nt est aujourd’hui le plus urgent pour l’Allemagne. © Frédéric Lert
 ??  ?? Le NGF vu cette fois par Airbus, accompagné par ses « effecteurs connectés » (sic) et précédé par un Eurofighte­r. D’une génération à l’autre, l’Europe s’apprête à abandonner les plans canards qui n’auront vécu que le temps d’une génération… © Airbus
Le NGF vu cette fois par Airbus, accompagné par ses « effecteurs connectés » (sic) et précédé par un Eurofighte­r. D’une génération à l’autre, l’Europe s’apprête à abandonner les plans canards qui n’auront vécu que le temps d’une génération… © Airbus
 ??  ?? Le projet concurrent de la Perfide Albion : le Tempest sous maîtrise d’oeuvre BAe Systems. © BAe
Le projet concurrent de la Perfide Albion : le Tempest sous maîtrise d’oeuvre BAe Systems. © BAe
 ??  ??
 ??  ?? L’avion de combat de 6e génération au mieux de sa forme : rapide, furtif, insaisissa­ble… © BAe
L’avion de combat de 6e génération au mieux de sa forme : rapide, furtif, insaisissa­ble… © BAe

Newspapers in French

Newspapers from France