Une réussite et des drames
De 1952 à 1955 les Français poursuivent la course au supersonique non sans accidents et drames lors des essais en vol.
Au tout début de 1951, le bureau d’études de Dassault commença à travailler sur un chasseur plus rapide que le “Mystère”. Cette fois-ci l’avion allait franchement dépasser Mach 1. Le “Mystère” IV 01 entama ses essais en vol 28 septembre 1952 piloté par Rozanoff. Le 17 octobre, il était à Mach 0,93. Le 7 décembre, le gén. Boyd et le col. Johnson évaluaient l’avion, le trouvant “bon” comparé au “Sabre”. Cette appréciation qui s’ajoutait aux précédents essais fut absolument déterminante en avril 1953 dans la décision des Américains de financer l’achat d’une série de 225 “Mystère” IV ( lire encadré page 39).
La revanche de Rozanoff
Rozanoff avait mal supporté le passage du mur du son par les Américains fin octobre. Le “Mystère” IV 01 lui offrait sa revanche : “Les fêtes de fin d’année passées, je me rendis à Marignane afin de poursuivre, par ciel favorable, les essais de recherche en Mach. L’affaire me tenait à coeur.” Le 17 janvier 1953 au matin, premier piqué. Le machmètre atteint Mach 1. Mais l’équipe au sol n’entendit pas les “bangs”. Un coup de téléphone de Marseille rassura Rozanoff : “Deux techniciens de la maison, qui prenaient l’apéritif dans un café, avaient nettement entendu le “boum”. L’heure concordait ! Je triomphais : il ne me restait plus qu’à corriger ma visée pour que l’explosion fût audible du terrain.” L’après-midi Rozanoff repartit aux commandes de l’avion et monta à 12 000 m avant de piquer. “Toute ma volonté est tendue pour réussir. J’éprouve une jouissance à ssentir l’appareil plonger, ventre en l’air, dans l’atmosphère. Le machmètre monte à Mach 0,9 8 presque aussitôt, mais ne paraît pas vouloir aller plus loin. Je force ssur le manche. L’aiguille vibre, hésite, frôle M1, l’atteint.” Hélas, l’équipe au sol nn’entendit rien. NNouvelle tentative du pilote : “Je regarde les cadrans. Altitude 12 200 m, Mach 0,91, plan fixe + 1°5 Je plonge en renversement, effectue un passage complètement sur le dos et, collé au siège, je n’ai qu’à lever les yeux pour voir l’immensité du ciel. De l’autre côté, quelque part en bas, dépourvue d’intérêt [sic !], se trouve la terre. M 0,97… Je centre mon objectif dans le collimateur et appuie sur le manche…