“Non à des avions ridicules”
Marcel Dassault, que Rozanoff appelait “le Boss”, suivait de très près la conception et la mise au point des avions. Il voulait que le “Mystère” s’approche d’une version de série. Il avait ainsi écrit le 12 mai
1951 un courrier sec à son bureau d’études : “Je vous prie de vous mettre à l’ouvrage de toute urgence pour sortir ce 452-03 conforme à mes instructions. Passez à l’action et cessez la discussion, aussi bien qu’entre vous et qu’entre vous et les services. Quand cet avion sera défini et sorti, nous causerons d’autre chose. Pour le moment, nous ne causerons de rien d’autre.” Le 30 août, nouveau courrier de
Marcel Dassault à Henri Deplante, cette fois- ci à propos de la verrière : “Je vous ai expliqué à Villaroche qu’il fallait supprimer les plats figurant à droite et à gauche de la pointe arrière de la cabine vitrée, ainsi que la terminaison Louis XV du cockpit qu’Hubert [ chef d’atelier, NDLR] avait inventé pour masquer ces plats. Je pense que vous avez fait immédiatement le nécessaire pour que les dessins série soient exécutés comme ils auraient dû l’être, conformes aux dessins prototypes. Aujourd’hui je suis retourné à Villaroche. J’ai constaté qu’Hubert avait supprimé sa terminaison de cockpit Louis XV, mais qu’évidemment les plats apparaissaient à droite et à gauche de la prolonge de la cabine, que cela est très laid et également de nature à créer un remous. Je veux donc que l’on revienne exactement à la cabine prototype qu’on aurait jamais dû se permettre de modifier sans mon autorisation.”
Suivaient les instructions pour remédier au problème : “Mettre immédiatement en fabrication de nouvelles pointes arrière pour réparer les avions d’Hubert. Envoyer immédiatement la modification à Sud Est [ très probablement la Sncase, sous- traitant, NDLR]. Cela ne manquera pas de nous attirer toutes sortes d’ennuis, mais je préfère cent fois ces ennuis à des avions ridicules. Comme il est bon de répéter les choses deux fois, cette lettre fait l’objet de ma deuxième observation et je tiens à ce que les choses rentrent dans l’ordre immédiatement, aussi bien dans la mise au point des dessins que des outillages et des fabrications présérie et série. Puisque vous ne m’avez plus parlé de cette question depuis notre entrevue de Villaroche, je la considère comme réglée. Au surplus, sous aucun prétexte, je n’admettrai que les cabines ne soient pas strictement conformes à celle du prototype.”