Pilote de P-51D “Mustang”
Capt. Edward C. Gleed, 332nd FG, Italie, mars 1945
Présentation de pied en cap de la tenue d’un pilote de P- 51D en 1945.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, les tenues de vol varièrent beaucoup en fonction des théâtres d’opérations, mais aussi des personnalités des pilotes. Voici ici celle du captain E. C. Gleed, pilote de “Mustang” au sein du 332nd Fighter Group de la 15th Air Force, en Italie au printemps 1945.
Edward C. Gleed intégra l’école d’entraînement des cadets de l’aviation à Tuskegee, dans l’Alabama, en mars 1942 (Class 42-K) et obtient ses ailes ( wings) en décembre avec le grade de second lieutenant. Il fut affecté au 301st Fighter Squadron. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Gleed devint l’officier des opérations du 332nd Fighter Group. Il fut officiellement crédité de deux victoires obtenues le 27 juillet 1944 lorsqu’il abattit deux Fw 190 au nord du lac Balaton, en Hongrie, au cours d’une mission d’escorte de bombardiers B-24 visant une usine d’armement à Budapest. Ce même jour, deux autres Fw 190 et quatre Me 109 furent abattus par les pilotes du 332nd FG dans un engagement avec plusieurs chasseurs de la Luftwaffe.
Gleed portait la tenue de combat hivernale des officiers de l’US Army dont fait partie l’Air Force, un pantalon et une chemise en laine peignée M-1937 couleur moutarde, olive drab teinte 33 (OD 33), avec une cravate en laine de mohair beige. La chemise possède deux poches plaquées à rabat boutonné et, par rapport au modèle de la troupe, des épaulettes boutonnées. Comme mentionnés dans le Guide des officiers, le grade de capitaine, deux barrettes en métal argenté reliées par deux pontets, est épinglé sur le col côté droit alors que l’insigne de l’Air Force, une hélice chromée avec deux ailes dorées de part et d’autre, est épinglé côté gauche. L’officier revêtait par-dessus sa tenue un blouson de vol en cuir de cheval summer flying jacket type A-2 couleur brun roux ( russet brown) porté avec nonchalance, col relevé et fermeture à glissière descendue, laissant apparaître une partie de la doublure en toile de coton couleur ocre et l’agrafe de fermeture du col. À noter, bien visible sur l’épaule droite, le drapeau des États-Unis à 48 étoiles peint directement sur le cuir, une caractéristique des blousons des aviateurs de la 15th Air Force.
Les bases aériennes des USAAF en Italie du Sud étaient connues pour être particulièrement boueuses, surtout en mars quand les averses sont fréquentes. Afin de conserver les pieds au sec, les soldats avaient recours à des surbottes imperméables fermant par quatre lames à ressort dénommées arctic overshoes dans le Quastermaster Supply Catalog. Elles étaient portées par-dessus les brodequins standards de l’US Army mais ne permettaient pas de faire de longues marches. Deux modèles d’arctic overshoes inspirés des bottes du commerce existaient avant-guerre, dont une paire tout en caoutchouc.
Et le caoutchouc devint une matière stratégique
Mais la conquête de la Birmanie par les Japonais en 1942 entraîna une rupture d’approvisionnement du caoutchouc qui devint alors une matière première stratégique. Afin de limiter son utilisation, seules les surbottes composées de deux couches en toile enveloppant une fine couche de caoutchouc continuèrent d’être produites jusqu’en 1944. C’est ce modèle que portait Gleed alors que, vraisemblablement, l’armurier était chaussé du modèle précoce, ici dégrafé pour offrir plus de souplesse (photo page 56).
La tenue de vol du pilote était complétée par une paire de gants hivernaux en cuir, winter flying gloves type A-11, portés avec ses sous-gants en tricot de laine. Les A-11, standardisés en mars 1943, se caractérisent par une sangle en toile dotée d’une boucle de serrage entourant le poignet qui disparaît au profit d’un élastique de serrage sur la variante A-11A en 1944.
Un équipement de tête anglo-américain
L’équipement de tête est un mixte de matériel britannique et américain comme il est coutume de voir sur les théâtres d’opérations européen et méditerranéen. Gleed est coiffé d’un
serre-tête en cuir britannique type C reconnaissable à sa jugulaire en cuir et à la présence de pattes en cuir au niveau de la tempe prévues pour retenir la sangle des lunettes. Le type C comporte deux logements en caoutchouc où sont insérés des écouteurs américains type ANB-H-1, qui ont le même diamètre que le modèle britannique d’origine. Les lunettes de vol sont des aviation goggle No. 1065, un modèle doté d’un écran en rhodoïd, plus souple et surtout plus léger que ceux à armature métallique du début de guerre, et dessiné pour épouser parfaitement la forme du masque à oxygène, demand oxygen mask type A-14, développé à la même période. Le masque A-14 est en latex moulé. Il est standardisé en juillet 1943 et restera en service pendant toute la guerre, supplantant tous les autres modèles. Gleed le tient à la main, orienté de manière à voir le micro ANB-M-C1 inséré dans son logement à l’intérieur du groin, juste au-dessus de la valve de respiration lorsque le masque est dans le bon sens.
Ni poignard, ni arme de poing
Les aviateurs basés en Italie portaient tous un gilet de sauvetage en raison du survol fréquent de la mer Méditerranée et de la mer Adriatique. Gleed a enfilé par- dessus son blouson A-2 une Mae West britannique, pattern 41 life vest, fermant à l’aide de trois boutons et deux sangles nouées à l’avant et deux autres à l’entrejambe. Contrairement au modèle américain, la Mae West en dotation dans la Royal Air Force comporte deux éléments de flottabilité, un jeu de trois coussins rembourrés de kapok – une fibre naturelle imperméable et imputrescible –, deux à l’avant dont un est visible au bas du gilet et un au niveau du cou, et une vessie en caoutchouc gonflable automatiquement par déclenchement d’un levier dissimulé sous un rabat. Le gilet en toile intègre un marqueur jaune à l’arrière, une double poche sur le côté droit renfermant une lampe de signalisation et sa batterie, et une autre placée à droite du tube de gonflage buccal, contenant un bonnet en toile jaune et un héliographe.
Enfin, afin de faciliter le repêchage, deux poignées en toile sont placées à l’avant. On peut observer sur le bas du gilet de Gleed une prise fixée à un anneau métallique. Elle permet de relier la sangle du radeau de sauvetage individuel emporté par le pilote avec son parachute (non présent ici).
Ledit parachute siège est un seat type parachute AN- 6510-1, que Gleed a conservé, comme l’ensemble des autres pilotes du 332nd FG, après le passage du P- 47 “Thunderbolt” au P-51 “Mustang”. Il se compose d’un harnais en coton muni de trois mousquetons, d’une housse en toile rectangulaire contenant une voilure blanche de 24 pieds (7,3 m) de diamètres, d’un coussin d’assise et un dorsal, rembourrés de crin de cheval. L’ouverture du parachute est déclenchée en tirant une poignée reliée à un câble coulissant dans une gaine blindée.
On notera que Gleed n’emporte ni arme de poing, ni poignard, ni trousse de premier soin.