Un hélicoptère indémodable
Depuis 1961, les hélicoptères CH-47 “Chinook” sortent des chaînes de montage de Boeing ; c’est l’aéronef militaire américain fabriqué le plus longtemps en série. Retour sur un succès qui ne se dément pas en 2021.
Le “Chinook” aura- t- il 100 ans de service ? Les paris sont ouverts !
L’ingénieur Frank Piasecki avait mis au point à la fin des années 1940 la formule de l’hélicoptère avec rotors en tandem. Ainsi commença l’histoire de la famille nombreuse des “bananes volantes” fabriquées en série par Piasecki puis Vertol – l’acronyme de vertical take- off and landing (décollage et atterrissage verticaux).
À la fin des années 1950, les ingénieurs adoptèrent sur les hélicoptères les turbines à la place des moteurs à pistons, et tout naturellement Vertol proposa le type 107, YHC-1A pour les militaires américains. Les Marines le mirent en service sous la désignation de CH- 46 “Sea Knight”. L’US Army voulait plus grand, plus puissant, et Vertol, racheté par Boeing en 1960, dessina le YHC-1B. Il devint le cheval de trait de l’infanterie américaine sous la nouvelle désignation officielle de CH- 47 et reçut comme nom celui de la tribu indienne des Chinooks – des commerçants installés au nord-ouest de l’Amérique du Nord. L’appareil ne changerait plus de taille avec le temps.
Si extérieurement peu de choses diffèrent entre les premiers CH- 47A de série en 1962 et les CH- 47F qui sortent d’usine en 2021, le “Chinook” est passé par un stage de body-building intensif. Ses turbines sont désormais deux fois plus puissantes, permettant de doubler allégrement la charge transportée en cabine ou sous élingue. Matériaux composites et électronique dernier cris ont considérablement amélioré son pilotage et sa maintenance.
Une famille nombreuse
Depuis la guerre du Viêtnam, le “Chinook” est engagé en première ligne partout dans le monde. On ne compte plus ce qu’il a transporté au fil des conflits. En 60 ans, l’US Army ne lui chercha aucun remplaçant. Les ingénieurs affi rment qu’ils ne peuvent pas faire mieux – ou alors moyennant des investissements considérables. Comme les grands crus, le “Chinook” s’est bonifié avec le temps. Toutes proportions gardées, son cas n’est pas très éloigné du bombardier B-52 du même constructeur, lui aussi modernisé au fil du temps.
Le “Chinook” ne s’est pas contenté d’être un puissant mulet, sa version ACH- 47A passe à l’attaque
pendant la guerre du Viêtnam avec un arsenal de mitrailleuses, de canons, de lance-grenades et lance-roquettes. Son surnom de “Guns A Go-Go” se passe de traduction…
Boeing commercialise par ailleurs le “Chinook” avec un certain succès sur le marché civil auprès des compagnies travaillant dans le domaine des liaisons avec les plateformes pétrolières en mer.
Trois générations de “Chinook” se sont succédé. Au début des années 1980, le CH- 47D regroupait d’importantes améliorations amenées avec les CH- 47B et C. Le CH- 47F est arrivé 20 ans plus tard, et c’est une nouvelle évolution propre à séduire l’US Army et de nombreux clients dans le monde. En 2021, Boeing annonce une version modernisée encore plus puissante qui intéresse fortement les militaires, de sorte qu’il n’est pas interdit de penser que des “Chinook” vont pendant encore longtemps franchir les portes de l’usine de Ridley Park dans la banlieue de Philadelphie. Désormais, la compétition est ouverte chez Boeing pour savoir qui du CH- 47 ou du B-52 quittera le premier l’uniforme. Centenaires à l’horizon ? Les paris sont ouverts…