“Skunk Works”, la méthode musclée de Johnson
Lockheed doit beaucoup à Clarence “Kelly” Johnson. Un colosse dans tous les sens du terme. Avant de dessiner parmi les meilleurs avions du monde, ses mains portèrent des seaux à charbon, qui lui laissèrent une force dans les bras peu commune. Information à méditer quand on apprend qu’il défi ait fréquemment ses collaborateurs au bras de fer en cas de désaccord afi n de désigner celui qui aurait le dernier mot… Ben Rich, qui lui succéda, aimait aussi rappeler qu’il pariait régulièrement des pièces de 25 cents sur les résultats de calculs en souffl erie – en gagnant la plupart du temps ! Les historiens datent de 1943 la naissance des “Skunks Works” ; cependant “Kelly” Johnson travaillait depuis 1938 avec une équipe réduite et des méthodes atypiques dans l’industrie aéronautique américaine. Désormais des experts triés sur le volet dans chaque domaine oeuvraient avec des délais courts et un budget resserré, quand les constructeurs n’hésitaient jamais à embaucher massivement, puis à licencier tout aussi vite en fonction de l’état d’avancement d’un programme. Beaucoup dans l’équipe de Johnson fi rent toute leur carrière aux “Skunk Works”. Ce nom, mot à mot “Atelier des putois”, et son emblème la moufl ette, viennent de l’odeur nauséabonde qui fl ottait dans les bureaux à cause de la proximité d’une distillerie puis d’une usine de plastique. Les ingénieurs qualifi èrent alors leurs bureaux d’études de “Skonk Works” ( atelier de la moufl ette) en se référant à une bande dessinée très connue à l’époque.
Des soucis de droits intellectuels amènent Lockheed à transformer “Skonk” en “Skunk”. “Kelly” Johnson quitta les “Skunk Works” en 1975 ; il décéda le 20 décembre 1990. En 2021, les “Skunks Works” sont toujours à la pointe des recherches dans l’aéronautique, cultivant assidûment les méthodes du puissant fondateur.