Le Requin et l’armée de l’Air
Avec l’arrivée du Dewoitine 510, les appareils du GC II/ 8 ont défi nitivement perdu l’ancre de marine, héritée de l’escadrille 3C1, qui ornait leurs cocardes et leurs gouvernails de direction. Celles- ci avaient toutefois déjà disparu sur les derniers MS. 225 prélevés sur les stocks de l’armée de l’Air en remplacement des avions accidentés issus de l’Aéronautique navale. Cependant, les 12 D. 510 affectés à la 3e escadrille conserveront sur leurs fuselages l’insigne du “Requin à l’attaque” dessiné à la fi n des années 1920 par le lv Challent de Cevins. La 8e escadre renaît de ses cendres en août 1951 à Oran avec la création des groupes de marche GM 1/ 8 Maghreb/Saintonge et 2/ 8 “Languedoc”. Ces deux unités, spécialisées dans le “vieillissement” des pilotes en partance pour l’Indochine, sont équipées de Republic P- 47D “Thunderbolt” qui, faute de temps, n’arborent aucun insigne d’escadrille.
C’est en Indochine que le Requin refait surface : l’insigne et les traditions de la 3e escadrille du GC II/ 8 ( ex- 3C1) sont repris sur les chasseurs Grumman F8F “Bearcat” du GM 2/ 8. Versé en 1953 à la 22e escadre de chasse, le groupe change d’appellation et devient le GC 2/ 22 Languedoc. Il participe à la bataille de Diên Biên Phu. Rapatrié en juillet 1955 à Rabat- Salé, au Maroc, il est réintégré à la 8e escadre de chasse et devient l’EC 2/ 8 sur De Havilland “Vampire” et SE. 535 “Mistral” avant d’être transformé en 1958 en Algérie sur Dassault “Mystère” IVA. De retour en métropole en 1961, l’escadron s’établit à Nancy- Ochey et passe sous tutelle de la 7e escadre, changeant une nouvelle fois de dénomination pour devenir l’escadron de chasse EC 3/ 7 “Languedoc”. Il abandonne fi n 1973 ses “Mystère” IVA au profi t du “Jaguar” A sur lequel il est opérationnel en 1975. L’unité participe à différents déploiements en Afrique, sur l’Irak et la Bosnie.
Suite à la disparition de la 7e escadre en 1995, l’EC 3/ 7, devenu autonome, est fi nalement dissous durant l’été 2001. Depuis, aucun avion de combat français n’a porté l’insigne de la 3C1 en opérations. Cependant, de 2016 à 2019, les traditions du Languedoc ont été reprises par la 1re escadrille de l’antenne de standardisation et d’évaluation ( StanEval) de la 8e escadre de chasse ( EC8) de la base aérienne 120 de Cazaux et, à nouveau mises en sommeil en 2020 après la restructuration et la transformation de l’antenne en une simple cellule intégrée aux deux escadrons constituant l’escadre. Présent dans le vocabulaire de nos aviateurs, le Requin n’est plus désormais qu’un indicatif radio de l’EC 2/ 4
Lafayette et, depuis septembre 2020, de l’équipe de présentation “Rafale” B au sein des Forces aériennes stratégiques ( FAS) de la nouvelle armée de l’Air et de l’Espace. Jusqu’au jour où, peut- être, les traditions de la 3C1 seront ravivées…