Capillon et l’“Ouragan”
Des recherches très récentes dans les archives viennent de livrer le témoignage du général Bernard Capillon. Rappelons qu’il fut chef d’état-major de l’armée de l’Air de 1982 à 1986. Souslieutenant issu de l’École de l’air, il est affecté sur “Ouragan” au début de sa carrière. Il raconte : “L’hiver 1954-1955 a été terrible. Le groupe de chasse 1/2 auquel j’appartenais a eu pour mission de faire, tenez-vous bien, 600 heures de vol en 15 jours (…) Voilà donc le 1/2 Cigognes parti à Dole, sous la tente, en février, pour faire 600 heures en 15 jours. On ne les a pas faites ! On a crié “grâce” avant. Nous avons fait des décollages à 12, chef d’escadron en tête – certes il était célèbre. C’était le capitaine Julienne. Il était du type “décollage de nuit à 12 sans radio”. L’“Ouragan” n’avait rien pour naviguer. (…). Le but de la manoeuvre consistait à faire une attaque de la base de Chaumont, puis de Saint-Dizier au retour. C’était le trajet le matin. Anecdote : on mettait du papier toilette dans les freins de piqué de sorte qu’en partant sur le parking de Saint-Dizier en ouvrant les freins on “déchargeait” notre papier toilette… qu’ils nous rendaient aussi sec le lendemain. En partant Julienne avait dit : “Pas de check [contrôle] radio.” Pourtant au roulage on entend sur la radio : “Tac tac, tac tac.” Un gars avait en fait branché la radio ! On s’est fait engueuler : “Je ne veux pas de check radio, même pour savoir si elle fonctionne !”
C’était très sympa. On pichait comme des totos [sic]. Pas de sécurité de vol ; c’était considéré comme un frein au caractère opérationnel”.