L’American Heritage Museum se lance dans la restauration d’un Ju 87 “Stuka”
Fin novembre, l’American Heritage Museum de la Collings Foundation, à Stow dans le Massachussets, a annoncé sur les réseaux sociaux : “Nous nous lançons dans l’un des projets de restauration de warbird les plus ambitieux jamais réalisés avec le Junkers Ju 87D-5 “Stuka”. Ce projet, récupéré dans un lac d’eau douce, est en cours de restauration pour voler au sein de plusieurs ateliers en Europe et sera présenté à l’American Heritage Museum une fois terminé. Ce tristement célèbre bombardier en piqué de la Deuxième Guerre mondiale deviendra l’un des trois seuls exemplaires complets exposés dans le monde
– et l’un des deux seuls projets potentiels de restauration en état de vol.”
En effet, seuls deux exemplaires ont survécu intacts à la guerre : le R-2/Trop du Museum of Science and Industry à Chicago et le G-2 du RAF Museum à Hendon, près de Londres. Quelques autres épaves incomplètes de “Stuka” sont par ailleurs exposées en Allemagne et en Grèce. Le Flying Heritage and Combat Armor Museum créé par le défunt Paul Allen a bien avancé la restauration du Ju 87R-2 “Stuka”
WkNr 6234, pour le faire voler, mais le projet a été suspendu après le décès de Paul Allen, et depuis l’acquisition du musée par le Wartime History Museum de Steuart Walton, héritier de Sam Walton qui fonda la chaîne de supermarché Walmart, aucune information n’a été donnée quant à la poursuite ou non de cette restauration.
Par ailleurs, en Grande-Bretagne, la Wheathcroft Collection de Kevin Wheathcroft, spécialisée dans les chars, amasse depuis des années des pièces de “Stuka” pour constituer un projet de restauration; elle possède à ce jour trois moteurs Jumo 211. L’histoire de l’épave du Ju 87D-5 acquise par la Collings Foundation est un peu trouble, mais on sait que l’avion a servi avec le I/SG 5 (1er Gruppe de la Schlachtgeschwader 5) en Finlande et a servi sur le front de Mourmansk durant l’hiver 1944 avec le code de fuselage Q9+CH. Le musée rapporte que l’avion a été perdu le 4 avril 1944. Le leutnant unteroffizier Walter Ernest et l’unteroffizier Ernest Zenker constituaient son équipage lorsqu’ils ont été contraints de se poser en catastrophe sur un lac gelé, à court de carburant.
Les deux hommes ont ensuite fait exploser une grenade à l’intérieur du cockpit pour rendre l’avion inutilisable et ont rejoint la terre ferme en marchant sur la glace.
L’épave du WkNr 131587 est restée sur le lac gelé jusqu’à ce que le dégel printanier fasse fondre la glace. 77 ans plus tard, l’avion a été récupéré grâce aux efforts collaboratifs du RAF Museum, du Deutsches Technikmuseum de Berlin et du musée Východoceské de République tchèque. Le projet a été réparti entre plusieurs ateliers européens – le principal étant celui de Karl Birczak à Hereg, en Hongrie – et fait appel à la conception assistée par ordinateur (CAO) pour remplacer les composants endommagés ou manquants. À ce jour, l’inventaire des composants d’origine est terminé. Les numérisations 3D des avions existants exposés sont terminées et les entrepreneurs travaillent sur les dessins CAO finaux pour la fabrication de la section centrale et des composants endommagés. Le Jumo 211 d’origine et un moteur supplémentaire ont été envoyés à l’atelier chargé de produire un moteur en état de fonctionner.