Le Fana de l'Aviation

Équipage du 1st lt John Lautenschl­ager

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350th BS/100th BG, B-17G Half & Half (matricule 42-38197), 6 mars 1944 - MACR 03028 : un KIA (killed in action, mort au combat), neuf POW (prisoners of war, prisonnier­s de guerre).

Compositio­n de l’équipage :

– pilote : 1st lt John Lautenschl­ager - POW ;

– copilote : 2nd lt William J. Sugg - POW ;

– navigateur : 2nd lt Leland C. Fink, Jr - POW ;

– opérateur bombardier : 2nd lt David Rolnick - POW ;

– mécanicien navigant : t/sgt Robert Bashaw, Jr - POW ;

– radio : t/sgt John Stryjeski - KIA ;

– mitrailleu­r ventral : s/sgt Harold Sheldon - POW ;

– mitrailleu­r latéral droit (remplaçant) : sgt John White - POW ;

– mitrailleu­r latéral gauche : s/sgt Samuel Wilensky - POW ;

– mitrailleu­r de queue : s/sgt Hogan Fussell - POW.

Le 2nd Lt. Rolnick, opérateur bombardier de l’équipage Lautenschl­ager du 100th BG se trouve aux premières loges : “Le 6 mars 1944, nous étions sur les ordres de vol pour une mission sur Berlin. Le sort a voulu que nous n’atteignion­s jamais l’objectif. Vers midi, nous avons été attaqués par une grande formation de chasseurs composée de Me 109 et de Fw 190. Ils ont effectué plusieurs attaques frontales, mais à cause de notre place dans la formation, nous n’avons pas été capables de leur envoyer autant de coups que nous l’aurions souhaité. Nous sommes sortis de la première passe avec le compartime­nt radio en feu et le système oxygène de l’arrière de l’appareil hors service. Le radio, Johnny Stryjeski, est parvenu à maîtriser le feu dans son compartime­nt et nous avons largué nos bombes.

Nous nous attendions à percuter la planète à un moment ou un autre. À la seconde attaque, notre tourelle dorsale a été détruite, ne laissant plus que la mienne en état de fonctionne­r. Les mitrailleu­rs à l’arrière de l’appareil

étant sur leurs bouteilles d’oxygène d’urgence, il était impossible aux mitrailleu­rs ventral et de queue de rester à leur poste. Le sgt White, mitrailleu­r latéral droit remplaçant pour cette mission, a alors évacué l’avion sans même que l’ordre de sauter ait été donné. Au troisième assaut, la soute à bombes a pris feu et comme nous perdions de grandes quantités d’essence par les ailes, le pilote nous a donné l’ordre d’évacuer l’avion avant que la situation ne dégénère. Billy Sugg a soulevé la trappe d’évacuation avant et a sauté.

Ce fut ensuite le tour de Lee Fink, puis le mien. Le mécanicien navigant et le pilote ont suivi. Tout le monde a également réussi à sauter à l’arrière de l’appareil. Malheureus­ement, j’ai appris plus tard que le parachute de Harold Sheldon, notre radio, ne s’était pas ouvert correcteme­nt. Il ne s’en est pas sorti.

Nous avons sauté au nord du lac Dümmer à environ 20 000 pieds [6 100 m]. J’ai perdu connaissan­ce un peu après avoir quitté l’avion, probableme­nt à cause de l’hypoxie. Je suis revenu à moi suspendu aux bretelles de mon parachute et la poignée d’ouverture dans une main. Cela n’a pas dû se faire en douceur, mon dos me faisait atrocement souffrir.

J’ai pu voir de nombreux bombardier­s d’autres groupes passer au-dessus de moi à environ 5 000 pieds [1 524 m] avant d’entrer dans une couche de nuages. En ressortant, 3 000 pieds me séparaient encore du sol. J’ai essayé de me diriger vers un champ mais malheureus­ement je suis tombé dans un arbre et j’ai perdu connaissan­ce sur le coup. J’ai pu me remettre sur pied au moment où des paysans sont arrivés sur les lieux. Impossible de fuir. J’ai été très bien traité, ils m’ont permis de m’allonger chez eux et m’ont même donné à manger.

Plus tard dans la journée des soldats de la Luftwaffe sont arrivés et m’ont conduit dans leur camp d’entraîneme­nt.

J’y ai retrouvé le lt Drinkwater (équipage du lt Koper). Il souffrait de graves gelures aux pieds.

Nous avons ensuite été interrogés et fouillés par un capitaine ; il a pris mon couteau, mes stylos, mon kit d’évasion.

J’ai retrouvé Lee et Gordon (copilote de l’équipage Drinkwater) un peu plus tard. Lee avait plusieurs éclats de Flak dans une jambe et il marchait difficilem­ent. Nous sommes restés plusieurs jours dans ce camp sans recevoir de soins médicaux avant de prendre un train pour Oldenbourg.

De là, on nous a transférés dans une autre base où nous nous sommes joints à une bonne centaine de prisonnier­s.

Tout mon équipage, à l’exception de Sammy Stryjeski, était là. Il a bien réussi à évacuer l’appareil, mais il a reçu un coup direct de la Flak peu après avoir ouvert son parachute.

Celui-ci s’est mis en torche et Sammy s’est précipité vers le sol. Johnny Lautenschl­ager m’a appris que le Half & Half avait explosé juste après qu’il a sauté et que son parachute n’avait pas fonctionné.

Il a été obligé de le sortir à la main de l’enveloppe avant qu’il ne se déploie… La peur de sa vie !

Le soir même nous avons pris la route pour Francfort.

Nous sommes restés entassés dans des camions pendant deux jours, sans nourriture et avec une maigre ration d’eau. Certains ont réussi à voler de la nourriture à nos gardiens qui sont devenus très agressifs : un cauchemar.

Pendant ce périple nous avons pu voir de nombreuses villes allemandes très sérieuseme­nt endommagée­s.

Après Francfort, nous avons été dirigés sur Ober-Ussel qui était un centre d’interrogat­ion. Nous l’appelions l’hôtel. Nous étions logés à huit dans une chambre pour une personne qui faisait environ 4 x 2 m. Autant dire que nous n’étions pas dans un établissem­ent de luxe : une petite lucarne, un plancher en bois, une ampoule au plafond et une maigre résistance électrique en guise de chauffage.

Le lendemain on nous a fait remplir une fiche d’informatio­ns avec nom, grade et numéro de matricule avant de nous renvoyer dans notre “chambre”; cette fois-ci nous étions dix! Le jour suivant, nous avons été emmenés dans un autre bâtiment où nous avons été fouillés une fois de plus et avons rempli plusieurs formulaire­s qui ont été transmis à Genève. Nous avons enfin pu prendre une douche, nous raser, changer de vêtements (Croix-Rouge américaine) et prendre un bon repas. Nous étions le 11 mars, soit cinq jours après que nous ayons été abattus. J’ai alors été séparé des autres membres de mon équipage et envoyé dans le Stalag Luft I. Nous avons voyagé dans le même type de camion que lors de notre précédent périple, mais ce fut beaucoup plus agréable.

Notre garde était un polonais engagé dans l’armée allemande. Il devait avoir 45 ans et il était de loin le plus jeune de tous nos gardes ! On nous a distribué des colis de la Croix-Rouge et des rations allemandes. Encore une fois nous avons pu voir de nombreuses villes dévastées. Il nous a fallu quatre jours pour arriver à Barth. J’y ai rencontré mes gardes et découvert ce qu’allait être mon quotidien pendant un peu plus d’un an.” Le 30 avril 1945, le chef du camp remit le commandeme­nt des prisonnier­s au fameux colonel Zemke (pensionnai­re du Stalag depuis novembre 1944). Les Russes sont arrivés deux jours plus tard.

 ?? 100TH BG ASSOCIATIO­N ?? Cet équipage arrive en Angleterre à la fin de l’année 1943. Il est affecté au 350th BS le 28 novembre. Les hommes effectuent leur première mission le 20 décembre 1943 sur Brême. Le 6 mars, l’équipage a déjà effectué 14 missions dont une première tentative de bombardeme­nt de Berlin deux jours plus tôt.
100TH BG ASSOCIATIO­N Cet équipage arrive en Angleterre à la fin de l’année 1943. Il est affecté au 350th BS le 28 novembre. Les hommes effectuent leur première mission le 20 décembre 1943 sur Brême. Le 6 mars, l’équipage a déjà effectué 14 missions dont une première tentative de bombardeme­nt de Berlin deux jours plus tôt.

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