“ELLE ÉTAIT LA LUMIÈRE DE MES NUITS, LE SOUFFLE DE MA VIE”
fédéral, rapide, direct et gratuit. En 1956, la construction de l’Interstate Highway System devient la priorité du président Dwight Eisenhower. L’Interstate 40 (couramment appelée I-40), qui contourne les villes et les villages, longe ou coupe la Route 66, va signer sa mort. Le 26 juin 1985, elle est mise hors service, rayée de la carte. Il est désormais possible d’aller de Chicago à Los Angeles, villes distantes de 3 485 kilomètres, sans quitter les Interstates, en seulement trois ou quatre jours !
A Seligman, Angel Delgadillo, 89 ans, bon pied, bon oeil, barbier à ses heures, n’oublie pas cette date. « La route qui a bercé mon enfance en dessinant, la nuit, des ombres et des lumières sur les murs de ma chambre ; la route qui m’a fait vivre et prospérer dans mon petit salon ne devait pas mourir, s’insurge-t-il. Elle était la lumière de mes nuits, le souffle de ma vie. Les politiques ne pouvaient pas supprimer, du jour au lendemain, la transcontinentale historique des Etats-Unis ! » Le 18 février 1987, pour capitaliser sur la nostalgie et relancer l’économie, il crée, avec 14 passionnés, l’association de la Route 66 en Arizona. « Nous voulions continuer à faire battre le coeur de notre double voie », commente-t-il. Dix mois plus tard, l’Arizona baptisait le tronçon Seligman-Kingman « Historic Route 66 ».
De lourds nuages blancs roulent sur la ville.
Le cliché du photographe new-yorkais Andreas Feininger fixant une station-service Texaco sous un ciel tourmenté, revient en mémoire. Elle fait la une du magazine Life en 1947. Et