INVESTIR À TRÈS LONG TERME
Ouvrir un contrat pour financer des études ou doter un enfant ou un petit-enfant d’un capital pour démarrer dans la vie est une bonne idée. A condition de revoir ses vieux réflexes.
Comment placer, dans l’assurancevie, un capital destiné à revenir un jour à un enfant encore petit aujourd’hui ? La réponse est moins simple qu’il y a encore quelques années tant il est aujourd’hui délicat de se projeter dans le temps. Trois banques privées ont pourtant accepté de jouer le jeu et livrent leurs choix tactiques du moment, pour tirer le meilleur parti d’une situation compliquée sur les marchés financiers.
Degroof Petercam fait une place aux actions non cotées.
Certains contrats d’assurancevie offrant désormais des fonds investis sur des entreprises non cotées, Lionel Saint-Georges Chaumet, responsable du family office chez Degroof Petercam, conseille d’y placer d’emblée 10 % du capital, le maximum actuellement autorisé par la loi. Prudent envers les fonds en euros, malgré leur garantie en capital, il n’y consacre que 10 % du contrat, pour constituer une sorte de coussin de sécurité.
Pour limiter la volatilité, il fait en revanche la part belle aux obligations convertibles (15 %), moins risquées que les actions, mais plus rentables que les obligations classiques. « Un bon compromis pour la partie du capital sur laquelle on ne souhaite pas prendre en totalité le risque actions », estime-t-il. Pour accompagner une possible remontée des taux d’intérêt sur les marchés, il table aussi sur les obligations à taux varia- bles. Mais l’autre moitié du capital sera consacrée aux actions, avec un pari marqué sur les Etats-Unis (20 %), et l’Europe (20 %), surtout à travers les grandes capitalisations. Les marchés émergents, qui ont le vent en poupe cette année, ne sont pas oubliés (10 %) tout en sachant qu’il faudra être flexible face « à un environnement de marchés où la volatilité restera élevée ».
Il est possible de placer d’emblée 10 % du capital en fonds spécialisés sur les entreprises non cotées
Neuflize OBC mise sur les actions.
« Cet horizon de placement incite bien sûr à miser assez fortement sur les actions, qui offrent les perspectives de rendement les plus élevées à long terme, de l’ordre de 5 % à 6 % », estime Olivier Raingeard, directeur des investissements chez Neuflize OBC. Mais, conscient que les marchés ne sont pas bon marché, notamment de l’autre côté de l’Atlantique, il recommande un peu de patience. Des accès de volatilité donneront peutêtre l’opportunité d’investir à meilleur compte dans les prochains mois. Néanmoins, 52 % du capital sera investi déjà en actions : 28 % sur la zone euro, 18 % sur les autres marchés développés, notamment les Etats-Unis, et 6 % sur les marchés émergents.
Sur la partie plus sécuritaire du portefeuille, il consacre 24 % aux obligations, dont plus de la moitié aux emprunts d’entreprises, et 6 % seulement aux emprunts d’Etat ou 2 % sur les obligations convertibles. Une partie du capital est en attente sur le fonds euros (9 %) pour saisir les opportunités, et 15 % sur des fonds plus sophistiqués comme ceux qui permettent de profiter de la volatilité des marchés.
Cogefi conseille de s’intéresser aux marchés émergents.
Sur un horizon aussi long, Hugues Aurousseau, le directeur général de Cogefi gestion, fait clairement le choix des actions. Pour 35 % du capital, il fait confiance aux actions européennes, en misant surtout sur les valeurs de croissance (par exemple, via les fonds spécialisés sur ces entreprises qui augmentent régulièrement leurs profits et développent leur activité) et sur les valeurs moyennes. Mais il croit tout autant aux marchés émergents, et investit aussi 15 % du capital sur les actions américaines, « surtout pour les valeurs technologiques ». Une posture très offensive, puisque seul 20 % du capital est placé en obligations d’entreprises, de très bonne qualité, et à très long terme.