LE BAGUAGE DES POULES
Lorsqu’il s’agit de l’accoutrement, les Français sont toujours prêts à faire n’importe quoi pour avoir l’air intéressant… Dans le désordre, les passants écoeurés ont eu droit à : la casquette à l’envers qui donne l’air idiot et ne protège plus du soleil, le bermuda trop long qui ressemble à un pantalon trop court (on l’appelle d’ailleurs
« pantacourt »), le pantalon trop court qui ressemble à un bermuda trop long (le « pantabobo »), la doudoune sous la veste de costume, le foulard autour du front, les chaussettes sous les sandales (à quoi bon porter des sandales dans ce cas, et d’ailleurs, faut-il vraiment porter des sandales ?), les bretelles en plus de la ceinture, le tee-shirt sous la chemise (à l’américaine), les chaussures bateau en ville, la cravate en écharpe « Labro style », la montre par-dessus la chemise façon Christophe Barbier, le jean qu’on déchire pour laisser s’aérer les genoux et enfin, cette abomination arborée avec fierté par certaines femmes – quelques hommes s’y mettent également : la bague au pouce ! Mais oui. On se souvient, dans les années 70 et 80, des bracelets à la cheville, mais la bague au pouce va plus loin : elle fait passer instantanément la dame pour un poulet. Certaines en portent également aux orteils (ça bipe à l’aéroport, et alors il faut se mettre pieds nus pour passer le portique), c’est moins voyant mais tout aussi perturbant. Cette mode disgracieuse fait mal à voir : comment la gourgandine a-t-elle fait pour enfiler le bijou (et comment peut-elle le retirer ?) ? Huile d’olive ? Savon ? Scie sauteuse ? Les outils eux-mêmes deviennent d’ailleurs à la mode : de nombreux jeunes hommes, tapissiers ou mécanos dans l’âme, se plantent des clous dans les sourcils et des boulons dans les oreilles. La clé à molette serait tendance l’été prochain.