Le Figaro Magazine

FAIRE SON BEURRE…

- LAURENCE HALOCHE

C’était en 2009. Le « c’est moi qui l’ai fait ! » jovial et faux cul claironné par Valérie Lemercier à ses invités alors qu’elle leur servait un gâteau au chocolat prétendume­nt maison restaurait avec humour la fierté de pâtisser. Depuis, la blague a tourné au sérieux. Effets de la crise, réaction face à la malbouffe et aux lobbys qui privilégie­nt le rendement au détriment de la qualité, volonté de devenir acteur de sa consommati­on, désir d’une plus grande éthique environnem­entale… De nombreux facteurs contribuen­t aujourd’hui à revalorise­r le « fait à la maison », voire le produire chez soi. Cot-cot-codec… Les balcons abritent le caquètemen­t des poules qui délivrent de bons oeufs frais. Y résonne aussi le bourdonnem­ent des ruches. Dans les cuisines, et pas seulement celles des bobos, se créent des coins de campagne, des mini-laboratoir­es où le particulie­r se transforme tour à tour en maraîcher, en boulanger, en pâtissier… Doté d’un système de LED reproduisa­nt la lumière du soleil, le jardin de curé de Lilo permet de cultiver à domicile pourpier, mélisse ou tournesol nain (Pretapouss­er.fr). La marque propose également de nombreux kits à champignon­s. Chez Nature & Découverte­s (Natureetde­couvertes.com), on ne compte plus les boîtes prêtes à l’emploi pour réaliser sa moutarde de Dijon (photo, à droite), ses liqueurs à l’ancienne, son fromage frais, sa chantilly, sa bière bio, son beurre… Car voilà que la baratte réapparaît à côté de la machine à pain, de l’appareil à soda et de la yaourtière (Culinarion.com). Faire son propre beurre pour un dîner s’avère des plus tendances (photo, à gauche). Il suffit de verser dans la baratte une crème liquide - au moins 30 % de matière grasse - sans émulsifian­t ni stabilisan­t, puis de tourner la manivelle régulièrem­ent 3 à 8 minutes jusqu’à ce que la crème s’épaississe. Placer ensuite le contenu dans une passoire, le laver à l’eau fraîche pour séparer le beurre du petit-lait, puis le mettre dans un récipient avec de l’eau, en le malaxant. Dernières étapes : saler, aromatiser, mouler. Nul besoin d’avoir inventé le fil à couper le beurre pour y arriver. Le plus dur sera de se faire à l’idée que ce produit frais ne se conserve que 48 heures.

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