Le Figaro Magazine

Les insolences d’Éric Zemmour

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Yannick qui ? Le candidat à la présidenti­elle des Verts est un inconnu. Mais ce n’est pas le plus lourd handicap de Yannick Jadot. Il est sorti vainqueur d’une primaire qui n’a rassemblé que 14 000 électeurs. Il n’obtiendra probableme­nt pas les nécessaire­s 500 parrainage­s d’élus. Si par miracle, il les avait, il ne dépasserai­t sans doute pas les 2 % des suffrages. Encore moins qu’Eva Joly en 2012. Au moins, l’ancienne magistrate était, elle, connue du grand public. Yannick Jadot est le nom de hasard qu’a pris la mort de l’écologie politique. Il n’y est pour rien. Il n’y pourra rien. Il a battu, à la surprise générale, Cécile Duflot. Les militants Verts ne se sont pas trompés de cible. Ils ont visé la tête. Et la tête de l’écologie politique, c’est Cécile Duflot. C’est la responsabl­e et coupable – pas la seule – de la disparitio­n annoncée de ce courant de pensée. Duflot fut le mélange parfait de gauchisme idéologiqu­e et de politicail­lerie qui a emporté l’écologie dans la tombe. Toujours à la pointe des luttes sociétales – féminisme, sans-papiers, migrants, théorie du genre, mariage homosexuel, etc. – et jamais en retard d’un petit coup tordu, que ce soit au sein de son parti ou du gouverneme­nt. Ce n’est pas un hasard si Duflot est allée chercher, pour cette dernière campagne, Caroline De Haas, ancienne fondatrice d’Osez le féminisme !, célèbre pour sa campagne « Osez le clito ! » et reine des pétitions sur les réseaux sociaux contre la loi El Khomri. Qui se ressemble s’assemble. Avec la complicité assurée des médias, et leur maîtrise des réseaux sociaux, les deux femmes pensaient mettre la gauche à genoux. Achever la gauche réaliste de Valls et Hollande, et contraindr­e la gauche mouvementi­ste de Mélenchon à compter avec elles. L’échec est absolu. Total. Il vient de loin. Dès les années 1970, l’écologie, qui jusque-là avait été un réflexe nostalgiqu­e de conservate­urs de droite atterrés par les ravages du « progrès », passait à gauche, se répandant dans la jeunesse anticapita­liste issue de Mai 68. Les gauchistes ne tardèrent pas à prendre le mouvement en main. Et d’éliminer sans pitié les rares qui s’en tenaient à une stricte défense de la nature, qualifiés avec mépris d’« environnem­entalistes » : Lalonde, Waechter, Hulot.

Les Verts toléraient Daniel Cohn-Bendit au nom de son glorieux passé et se pinçaient le nez quand l’ancienne icône de Mai 68 parlait d’Europe. Ils se servirent de lui pour faire leur meilleur score à une élection (européenne­s de 2009), puis s’en débarrassè­rent aussi. Les Verts crurent leur heure de gloire arrivée. Ils obtinrent un groupe à l’Assemblée et des postes au gouverneme­nt. C’était le triomphe de leur négociateu­r en chef, Jean-Vincent Placé. Celui-ci, plus radical que Vert, est resté avec Hollande, avec son confortabl­e maroquin, laissant son ancienne complice se lancer à l’aventure. Les Verts ignoraient que la roche Tarpéienne est toujours proche du Capitole. Roche qui ?

Duflot fut le mélange parfait de gauchisme idéologiqu­e et de politicail­lerie qui a tué l’écologie

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