L’IMPORTANCE D’ÊTRE WILDE
Il avait le génie des phrases chocs : « Tout art est parfaitement inutile. » Homme d’esprit mais aussi de goût, Oscar Wilde s’est imposé très tôt à Londres comme le porte-étendard du raffinement. Dans une scénographie très élégante, on
découvre au Petit Palais * son univers esthétique, sa passion pour la Grèce et l’Italie, pour les artistes préraphaélites (William Morris, Spencer Stanhope, Burne-Jones). L’homme admirait Sarah Bernhardt et… la reine Victoria ! En 1882, il partit donner une série de conférences sur le « beau » à travers les Etats-Unis. On l’imagine, dissertant en bas de soie et culottes courtes devant une assemblée de mormons ou d’Indiens, lourde silhouette de dandy immortalisée par Napoleon Sarony dans une célèbre série de clichés prise à New York (photo). Mariage, enfants, succès, renommée, tout semblait
lui sourire jusqu’en 1892, date du premier scandale : sa pièce Salomé est censurée. L’auteur du Portrait de Dorian Gray menace de se faire citoyen français ! Le pire reste à venir, évoqué dans une vidéo passionnante où Robert Badinter livre son analyse sur la condamnation du poète aux travaux forcés pour homosexualité et ses terribles conséquences. Une souffrance qui inspirera à Wilde ses pages les plus bouleversantes dans La Ballade de la geôle de Reading. * « Oscar Wilde. L’impertinent absolu », Petit Palais, Paris VIIIe, jusqu’au 15 janvier 2017.