QUELLE DROITE VOULONS-NOUS ?
Cette fois, il faut choisir.
Celui qui incarnera la droite en 2017. Celui qui rompra pour de bon avec cinq années de socialisme économique et sociétal. Celui qui saura répondre aux angoisses existentielles rongeant le pays.
Dimanche dernier,
quatre millions de Français ont compris l’importance de l’enjeu. En déjouant tous les pronostics, ils ont montré que personne ne pouvait décider à leur place. Et, dans la virulence de cette campagne d’entre deux tours, ils découvrent un peu abasourdis que les deux finalistes qu’ils ont choisis sont bien plus différents qu’on ne l’imaginait.
Dans le passé, la droite a souvent déçu par sa timidité
et sa peur de réformer. Outre son tempérament, les électeurs de Nicolas Sarkozy lui ont sans doute davantage reproché ce qu’il n’a pas fait que ce qu’il a fait. Mais la leçon a-t-elle vraiment été retenue ? François Fillon et Alain Juppé sont loin d’être d’accord sur l’ampleur de la rupture à opérer l’année prochaine. Si les deux hommes marchent dans la même direction (moins de dépense publique, de charges et de contraintes sur les entreprises), ils ne vont pas aussi loin dans l’ambition des réformes à réaliser. Dimanche, ce sera à chaque électeur de se prononcer selon l’idée qu’il se fait de l’état de la France et du traitement qu’elle réclame. On a beaucoup parlé de Margaret Thatcher dans cette primaire : elle au moins avait osé administrer à son pays une thérapie de choc. La Grande-Bretagne s’en est bien portée et aucun de ses successeurs, de droite comme de gauche, ne s’est risqué à remettre en cause les mesures qu’elle avait mises en oeuvre.
Sur les sujets de société aussi,
nos deux finalistes font entendre leur différence. Mais les mots qu’emploie Alain Juppé pour qualifier François Fillon surprennent.
« Extrêmement traditionaliste », « rétrograde » : on croirait entendre la gauche, qui a toujours caricaturé de la sorte les défenseurs de la famille et des valeurs traditionnelles. L’attaque étonne d’autant plus que les positions de Fillon sur le mariage homosexuel sont précisément celles que Juppé défendait quand le texte a été voté. Celui-ci écrivait alors sur son blog : « pas d’accord pour l’adoption (…) parce que je continue à penser qu’un enfant doit grandir entre un père et une mère ». Il avait titré son article : « Et si l’on se respectait les uns les autres ? » On ne saurait mieux dire.
L’organisation de cette primaire
était indispensable pour empêcher une dispersion mortelle des voix de droite au premier tour de la prochaine présidentielle.
Mais elle comporte un vrai risque : un détournement par les électeurs de gauche. Dimanche dernier, plusieurs centaines de milliers de votants venaient du camp d’en face, ils ne sont sans doute pas pour rien dans l’élimination de Nicolas Sarkozy. En caricaturant les propositions de François Fillon, le camp d’Alain Juppé espère peut-être les mobiliser à nouveau pour le second tour. Mais c’est aux électeurs de droite qu’il revient de décider qui pourra gouverner en leur nom en 2017. Lundi, il sera trop tard.
LES FINALISTES DE LA PRIMAIRE SONT
BIEN PLUS DIFFÉRENTS QU’ON NE L’IMAGINAIT